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Carte énergétique : Vers un statu quo

Gilane Magdi , Mercredi, 01 janvier 2025

Les experts prévoient que la carte énergétique restera inchangée pour le pétrole et les énergies renouvelables, tout en anticipant une montée en puissance de la Turquie et d’Israël dans le domaine gazier.

Carte énergétique : Vers un statu quo
L’Union européenne, la Chine et l’Inde resteront les plus actifs dans les énergies renouvelables. ( Photo : AFP)

Garantir l’approvisionnement en ressources énergétiques reste un défi majeur pour les différents pays du monde, en raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier. En effet, le contexte régional très tendu et instable, ainsi que les changements attendus dans la politique américaine, soulèvent des questions sur l’avenir du marché énergétique mondial et régional.

Alors que les analystes prévoient une stabilité de la situation actuelle sur les marchés pétroliers et des énergies renouvelables pour les principaux acteurs, des changements sont à anticiper dans le domaine du gaz naturel, marqués par une montée en puissance de certains pays au détriment d’autres.

« Il n’y aura pas de changement significatif dans la carte énergétique du pétrole et des énergies renouvelables, tant au niveau des producteurs que des consommateurs. Avec l’arrivée de Trump au pouvoir, les Etats-Unis chercheront à maintenir la situation actuelle sur le marché pétrolier, en conservant leur contrôle sur l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) pour garantir un équilibre des prix du pétrole à un niveau stable », explique Hafez Salmawy, professeur d’ingénierie énergétique à l’Université de Zagazig. Selon lui, il est dans l’intérêt des Etats-Unis de maintenir les prix du pétrole à leur niveau actuel afin d’inciter les entreprises pétrolières à intensifier leurs investissements dans l’exploration des énergies fossiles, en prévision d’une hausse de la demande intérieure.

Concernant le marché des énergies renouvelables, Salmawy souligne que l’Union Européenne (UE), la Chine et l’Inde resteront les acteurs les plus dynamiques, contrairement aux Etats-Unis, dont la part oscille actuellement entre 16 et 17 %. Il cite en exemple l’énergie éolienne, où la Chine représente 45 % des projets mondiaux, suivie par l’Inde. « La Chine est l’un des principaux producteurs d’énergies renouvelables, ainsi que de cellules et batteries solaires, qui sont considérées comme des exportations indirectes d’énergie », explique-t-il. Il ajoute que les capacités américaines dans ce domaine restent limitées. « Par conséquent, aucun changement notable n’est prévu à court terme », conclut-il.

Le gaz, un enjeu stratégique

Salmawy anticipe toutefois des évolutions dans la carte gazière. Selon lui, les Etats-Unis conserveront leur position actuelle en tant que principal fournisseur de gaz naturel à l’UE, empêchant d’autres acteurs de jouer un rôle similaire. En plus, l’arrivée de Trump pourrait accroître l’influence des entreprises américaines dans le secteur gazier, augmentant ainsi leur part de marché dans les années à venir.

L’expert en gaz et en hydrogène Wael Abdel moati indique dans une étude publiée en octobre par l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OAPEC) que la guerre russo-ukrainienne, déclenchée en février 2022, marque le début d’un remaniement de la carte mondiale et régionale du gaz naturel. Cette guerre a affaibli la position de la Russie en tant que principal fournisseur de l’Europe au profit des Etats-Unis. « Sous l’effet des sanctions européennes et américaines contre la Russie, et face aux efforts de l’UE pour diversifier ses sources d’approvisionnement, les importations de gaz naturel en provenance des Etats-Unis et des pays arabes ont considérablement augmenté. Depuis février 2022, la part de la Russie dans les importations européennes de gaz naturel a chuté de 80 % par rapport à son niveau d’avant le conflit », souligne Wael Abdel Moati.

Les Etats-Unis sont ainsi devenus les premiers fournisseurs de gaz naturel liquéfié à l’Europe, une situation qui pourrait perdurer, même après la fin de la crise russo-ukrainienne. Par ailleurs, les pays arabes, tels que le Qatar, les Emirats arabes unis, le Sultanat d’Oman et la Mauritanie, sont appelés à jouer un rôle accru en Europe à moyen et long termes grâce à de nouveaux projets en cours de mise en œuvre.

Les prévisions de cette étude rejoignent celles de Hafez Salmawy, qui anticipe également une montée en puissance d’Israël et de la Turquie au détriment de l’Egypte. « La nouvelle politique américaine vise à faire d’Israël un hub énergétique au Moyen-Orient grâce à la conclusion d’accords de partenariat avec des pays arabes », explique-t-il, précisant que cette orientation pourrait avoir un impact significatif sur les plans énergétiques des pays arabes.

Le marché de l’énergie en 2025

L'Agence internationale de l'énergie a révisé à la hausse ses prévisions pour la demande mondiale en 2025, estimant celle-ci à 1,1 million de barils par jour, contre 900 000 barils par jour dans ses prévisions précédentes. Dans son rapport mensuel publié en novembre, l'agence attribue cette révision à l'augmentation prévue de la consommation du premier consommateur d'énergie, la Chine. Cette hausse serait liée à la mise en place, pour la première fois depuis 14 ans, d'une politique d’austérité monétaire visant à stimuler la croissance économique.

Par ailleurs, l'agence prévoit une hausse de la production des pays non membres de l'OPEP, atteignant 1,5 million de barils par jour, principalement sous l'impulsion des Etats-Unis, du Brésil et de l'Argentine. « Il pourrait y avoir un surplus d'offre de brut de 1,4 million de barils par jour si l'OPEP augmentait sa production après mars 2025 », précise l'agence. Pour maintenir l'équilibre des prix du pétrole, l'OPEP a pris la décision de réduire la production quotidienne de pétrole brut jusqu'à mars 2025.

En ce qui concerne le gaz naturel, l'agence prévoit une augmentation de la demande de 2,5 % au cours de l'année prochaine, ainsi qu'une hausse des approvisionnements en gaz naturel liquéfié de 2 % à l'échelle mondiale, principalement stimulée par la demande de l'UE. « Une hausse de la demande de l'UE est attendue à la suite d'un recul des importations prévu pour 2024, ce qui entraînera par la suite une diminution de l'offre », indique l'agence dans son rapport.

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