Alors que la nouvelle année s’ouvre, la planète entière est en ébullition. Tout d’abord, le Moyen-Orient, région stratégique, domine toujours les gros titres mondiaux. Des guerres israéliennes à Gaza et au Yémen, en passant par les tensions en mer Rouge et par la chute du régime syrien, la région est secouée par des conflits qui ne connaissent ni frontières, ni solutions rapides. Autre foyer de tension. Depuis février 2022, le coeur de l’Europe est ravagé par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Depuis le déclenchement de cette guerre, le monde entier vit sous la menace d’un conflit qui dépasse largement les frontières de l’Ukraine. Ce conflit entre deux pays s’est transformé rapidement en une crise mondiale aux répercussions économiques et géopolitiques majeures. De même, les conflits persistent dans le continent africain, notamment la guerre au Soudan qui représente la plus grande crise humanitaire au monde à l’heure actuelle. La dernière région la plus tendue au monde se situe à l’Extrême-Orient, entre la Chine et Taïwan qui risque de s’exploser à tout moment.
De grands questionnements
Ces conflits sont le résultat d’une multitude de facteurs complexes qui alimentent les tensions et qui perdurent en 2025. Selon le Forum économique mondial (WEF), la carte des risques s’élargit sans cesse, suscitant de grandes interrogations géopolitiques qui influencent fortement les tendances de 2025. « Dès le début de l’année, les gouvernements du monde entier seront contraints de réagir rapidement aux défis économiques, sociaux, sécuritaires, environnementaux et technologiques croissants. Ces problèmes seraient difficiles à résoudre à tout moment, mais aujourd’hui, ils surviennent dans un contexte géopolitique turbulent — un contexte qui voit une désintégration de l’ordre international d’après-guerre. Trouver un fragile consensus est plus important que jamais », souligne le WEF.
Comment faire progresser la sécurité dans un ordre mondial fragmenté ? « La coopération mondiale est à un niveau historiquement bas et les conflits s’intensifient. Les dirigeants et les institutions traditionnelles, telles que l’OMC et l’ONU, se sont récemment révélés inefficaces pour parvenir à un large consensus mondial ou pour servir de plateforme de résolution des différends », a noté le WEF. En outre, l’agression israélienne contre Gaza, le Liban et la Syrie a relevé la double morale de la communauté internationale face aux violations des droits de l’homme et du droit international commises par Israël. « Les deux conflits les plus décisifs de 2024 — la guerre en Ukraine et les agressions israéliennes dans la région — sont issus de frictions de longue date. Le fait que ces conflits se soient soudainement enflammés indique que l’ordre de sécurité mondial est trop fragmenté pour maintenir ou négocier la paix », ajoute-t-il.
Autre question majeure : Comment restaurer et repenser la mondialisation commerciale et économique ? Selon le WEF, l’âge d’or du commerce semble toucher à sa fin. En 2024, le commerce de marchandises s’est contracté d’environ 2 %. L’intensification des conflits s’est traduite par des défis pour les politiques commerciales, industrielles et financières à travers le monde. Selon beaucoup d’observateurs, l’économie de risque s’est manifestée dans la hausse des taux d’inflation mondiale due à l’augmentation des coûts de transport, à la volatilité des prix de l’énergie et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Le retour de Donald Trump à la présidence américaine en 2025, avec sa politique « America First », laisse présager une nouvelle vague de guerres commerciales. Trump a promis d’imposer des droits de douane record sur les importations américaines, jusqu’à 60 % sur les produits chinois et 20 % sur tous les autres pays, quelle que soit la nature de leurs relations avec Washington. Avec le début de l’année, l’économie mondiale se trouve face à une nouvelle phase d’incertitude économique. Selon le Fonds monétaire international, la croissance mondiale devrait très légèrement décélérer à 3,2 % en 2025, après avoir atteint 3,3 % en 2023.
Technologie et environnement : Enjeux majeurs
Autre enjeu majeur : Pouvons-nous maintenir une innovation décentralisée ? Malgré un contexte politique et économique incertain, l’année 2024 a été marquée par une évolution rapide de l’Intelligence Artificielle (IA) et de son utilisation accrue dans le domaine militaire, alimentant une course mondiale à la domination technologique et une hausse des cyberattaques. Selon les estimations de la société d’études et d’analyses GlobalData, la valeur du marché mondial de l’IA dépassera le billion de dollars d’ici 2030. Selon cette même entreprise, le marché de la cybersécurité atteindra 208,5 milliards de dollars en 2025, soit une augmentation de 10 % par rapport aux 188,8 milliards de dollars de 2024. « L’IA risque d’accentuer les inégalités dans le monde en favorisant les propriétaires d’algorithmes, de données et de capital. Si l’IA doit être utilisée pour construire plus d’IA, la nature décentralisée de l’innovation technologique — essentielle à la croissance de l’emploi et des aspirations — pourrait toucher à sa fin. Une telle tendance limiterait considérablement la capacité des économies émergentes à générer une nouvelle création de richesse », alerte le rapport. Avant d’ajouter : « Le partage de technologies entre les Etats qui contrôlent les moyens de production des technologies émergentes et ceux qui ne le font pas doit être prioritaire pour garantir que les gains économiques et sociaux de la technologie soient répartis équitablement dans le monde entier ».
Comment apporter une nouvelle énergie à l’action climatique ? Une question cruciale pour l’année 2025. 2024 a été marquée par un stress thermique sans précédent. Le seuil de 1,5° C fixé par l’Accord de Paris a été franchi, entraînant des déplacements massifs, une perte de biodiversité et une crise alimentaire mondiale. Ces conséquences ont eu des effets inéquitables, touchant souvent plus les communautés qui contribuent le moins au réchauffement climatique. Cette disparité met en évidence les échecs des nombreux cadres mondiaux conçus pour mobiliser des fonds, afin de réduire les émissions et d’aider le continent africain et les pays en développement à l’adaptation. « De multiples idées ont été proposées, comme la réforme des banques multilatérales de développement afin qu’elles puissent réaliser des investissements plus importants dans les infrastructures et l’énergie, échanges de dette contre climat et autres instruments politiques de marché », souligne le WEF. Et de conclure : « Les dirigeants doivent moins travailler sur des idées et plus sur la mise en oeuvre et la responsabilisation » .
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