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Les journalistes débattent de leur avenir

Dahlia Réda , Mercredi, 18 décembre 2024

Tenue du 14 au 16 décembre, la Conférence générale du syndicat des Journalistes s’est penchée sur les défis du métier et les moyens d’améliorer le statut des journalistes. Focus.

Les journalistes débattent de leur avenir

 La sixième Conférence générale du syndicat des Journalistes égyptiens, tenue du 14 au 16 décembre au siège du syndicat au Caire, a été l’occasion d’évoquer les défis du métier et d’élaborer une vision globale sur l’avenir de celui-ci en Egypte. Au cours des sessions de la conférence, des centaines de journalistes se sont penchés sur les thèmes qui se rapportent à la situation économique des institutions de presse, aux salaires des journalistes, aux problèmes de la presse écrite et de la presse électronique, ainsi qu’à des questions comme le développement des ressources du syndicat, l’emprisonnement des journalistes, la liberté de la presse et les lois qui régissent l’accès à l’information.

La conférence vise à transmettre les revendications des journalistes aux acteurs concernés. L’une de ses plus importantes sessions a été consacrée à la réforme des institutions de presse pour contrer la crise financière.

Cette session a mis en lumière les défis auxquels sont confrontées les institutions de presse et envisagé des solutions pour améliorer les conditions de travail des journalistes. L’ex-PDG d’Al-Ahram, Abdel-Mohsen Salama, a déclaré que « les institutions de presse sont confrontées à de grands défis dont le plus important est la crise financière. Les journaux nationaux et privés sont confrontés à la hausse du prix du papier et de l’encre et aussi à la baisse des recettes de publicité. Cette crise a un impact négatif sur le budget des institutions ». La crise financière des institutions de presse s’est accentuée entre 2016 et 2024 avec les dévaluations successives de la livre égyptienne. La crise s’est aggravée avec la diminution de la distribution. La conférence a recommandé d’activer le rôle des assemblées générales des institutions de presse et d’établir un système unifié géré par l’Autorité nationale de la presse, applicable à toutes les institutions avec une évaluation périodique pour assurer sa bonne gestion. Concernant le prix du papier et de l’encre, la conférence a exigé que les droits de douanes soient supprimés sur ces produits destinés aux journaux. Elle a recommandé la mise en place d’une stratégie de marketing qui utilise la presse numérique comme catalyseur de la presse imprimée.

Cela ne peut être réalisé qu’en orientant les stratégies de contenu vers l’analyse, la profondeur et la spécialisation plutôt que de suivre l’actualité. Dans ce contexte, l’accent a été mis sur la formation des cadres et la nécessité de mettre en place un nouveau règlement pour l’admission au syndicat qui tienne compte de l’évolution du marché de travail.

Le problème des salaires

Concernant les salaires, Mohamad Kharaga, membre du conseil du syndicat, a appelé l’Etat à trouver les moyens nécessaires d’améliorer les salaires des journalistes. « Le salaire d’un journaliste ne dépasse pas les 150 dollars, tandis qu’au Maroc, le salaire s’élève à 1 350 dollars », note-t-il. Sur la même voie, la journaliste Salma Hussein a souligné que « le salaire d’un journaliste est inférieur au salaire minimum équivalant à 6 000 L.E. et également inférieur au seuil de pauvreté d’une famille de 4 personnes ».

Yehia Qalash, ancien chef du syndicat des Journalistes, a déclaré, pour sa part, qu’il était temps que « le dossier des salaires, qui stagne depuis 1976, soit séparé de celui de la prime de technologie ». Il a proposé la création d’un comité chargé de préparer une réglementation salariale à négocier avec des représentants du syndicat et du gouvernement afin de mettre fin à ce dilemme.

Les participants ont également recommandé la mise en place d’une stratégie efficace de marketing afin d’augmenter la distribution des journaux, exonérer les institutions de presse du paiement des intérêts sur les dettes et échelonner leur remboursement.

Liberté et responsabilité

La conférence a également abordé le thème de la protection des journalistes lors d’une session intitulée « Entre liberté et responsabilité ».

Le journaliste Abdallah Al-Senawi a déclaré lors de la session que la liberté de la presse est confisquée depuis des décennies. « La seule solution est la promulgation d’une loi qui soit juste et qui trace la frontière entre la liberté et la responsabilité de la presse », a-t-il déclaré. La conférence a recommandé de libérer tous les journalistes détenus pour délits d’opinion et de légiférer une loi visant à abolir les peines sur les délits d’opinion.

A la lumière des transformations sociétales et technologiques, ainsi que des défis croissants liés à l’environnement du travail, notamment des pratiques discriminatoires en particulier à l’égard des femmes journalistes, les participants ont également recommandé de développer le code de déontologie journalistique pour s’adapter aux évolutions de l’époque. Ils ont appelé à former un comité d’enquête indépendant, bénéficiant d’une confidentialité totale et assurant la protection des plaignants.

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