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La cinquantaine, une fatalité ?

Dina Kabil , Mercredi, 18 décembre 2024

Associée au début du processus de vieillissement, la cinquantaine est un âge souvent mal vécu par les femmes, notamment en raison des changements physiques et hormonaux qui l’accompagnent. Et pourtant, il peut tout à fait être le début de bien de belles choses.

La cinquantaine, une fatalité ?

50 ans, dit-on, c’est le début de la vieillesse, alors que 40 ans, c’est la fin de la jeunesse. Mais que signifie la cinquantaine, surtout aux femmes ? Est-ce un cap, une tare, un âge fatidique qui nous approche de la fin comme le voient certaines femmes qui vivent mal le fait d’avancer en âge ? Ou plutôt un salut et un nouveau départ, comme l’affichent d’autres femmes qui acceptent plus facilement l’idée qu’on ne peut pas lutter contre l’horloge du temps ?

Pour les premières comme pour les deuxièmes, les temps ont changé entre la quarantaine d’hier et la cinquantaine d’aujourd’hui. Déjà tous les cosmétiques, les procédés de lifting et filler très développés et le grand boom du marketing du jeune « look » certifient que les générations contemporaines, à la cinquantaine, ne sont pas comme avant. « Je m’en moque des rides, s’il y en a, j’accepte les changements dans mon visage, parce que chaque catégorie d’âge a son charme », avance Nashwa Hussein, décoratrice (voir les propos de l’actrice Meryl Streep dans l’encadré). Et d’ajouter : « Je pense que les générations d’aujourd’hui à la cinquantaine sont nettement différentes de mes parents lorsqu’ils avaient ce même âge, parce que les mamans d’aujourd’hui essaient de se débarrasser de toutes les traces dites classiques, elles sont plus liées à leurs jeunes filles, elles rivalisent plus ou moins, côté mode et tenue cool ».

Pourtant, la transition vers la seconde moitié de la vie dépasse les simples apparences. Il s’agit du terrible sentiment de se sentir vieux ou, mieux, de se sentir vieillir et de laisser son état intérieur se refléter sur son aura et son comportement. Un sentiment difficile pour une femme. Parce que tout simplement, on se heurte malgré soi aux changements physiques et hormonaux, à la perte musculaire, à la baisse de l’acuité visuelle et à la ménopause, qui est le plus souvent liée à la cinquantaine. La liste varie d’une personne à une autre : le côlon irritable ou le changement abrupt de tempérament, la migraine et les bouffées de chaleur, bref, tous les syndromes liés à la ménopause.

Yasmine, 52 ans, s’insurge contre son âge : « Je pense que l’âge charnière n’est pas du tout la quarantaine, mais c’est la cinquantaine ! On n’est pas encore prêt au choc de la cinquantaine : je suis ménopausée, j’ai pris des kilos, une amie souffre de la peau flasque, une autre se fatigue non pas du sport, mais du moindre effort ». Pourtant, la ménopause ou la cinquantaine ne sont pas des maladies, mais il faut juste s’y préparer.

Des bienfaits quand même

A la cinquantaine, lorsqu’on traverse la moitié d’un siècle, on est vers la seconde moitié de la vie, et l’on se rend compte qu’on est au pic de sa carrière. Ce n’est pas uniquement une question de syndromes pénibles, mais les années passées et les expériences accumulées font de la quinquagénaire une sorte de sage capable de conseiller et de guider ses cadets. L’on ressent qu’on est plus équilibré et plus accompli. On ressent qu’on a une expérience derrière soi et que l’on peut l’offrir à qui veut.

Ghada Youssef, 55 ans, souligne l’importance de la prise de conscience de cette phase et de chaque phase : il existe des compétences qui s’affaiblissent et d’autres qui ne cessent de croître. « Oui, il se peut que mon corps me lâche lorsque je fais du sport, que j’oublie plus fréquemment, mais en même temps, je comprends mieux la vie ».

Un certain confort

Il s’agit d’une sensation profonde de repos, de confort, à la cinquantaine et peut-être un peu avant, depuis le début de la sagesse de la quarantaine. Pourquoi ? Parce que finie la période de « Quand je serai grande ». On est effectivement grande. « Une certaine confidence s’empare de la personne. Je suis grande et ce qui me reste dans la vie n’est pas long, alors il faut bien en profiter », explique Maye, thérapeute. Cela dit, en faisant ses choix dans la vie, l’on peut se satisfaire de petites répliques-décisions, des oui et des non libératrices sans se sentir obligé(e) d’expliquer et de convaincre les autres. S’ajoute aussi à ce confort, lié à la sagesse, un autre privilège, un certain « je m’en fous » positif, dans le sens d’être plus tolérant envers soi-même. « J’ai tendance à laisser passer les choses, si je loupe quelque chose, confie Ghada, si je ne remplis pas tous les engagements voulus, je deviens donc moins exigeante envers moi-même en me disant à chaque fois : Et quoi donc ? Que peut-il arriver ? ». Rien, tout compte fait, et ça, c’est génial !

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