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Gaza rattrapée par la conjoncture régionale

Mercredi, 18 décembre 2024

Les récentes évolutions régionales pèsent fortement sur le cours que prend la guerre à Gaza. Elles pourraient favoriser l’obtention d’un accord de cessez-le-feu, mais forcément un règlement définitif.

Gaza rattrapée par la conjoncture régionale
(Photo : AFP)

Un cessez-le-feu à Gaza est-il possible dans les semaines à venir ? Rien n’est encore sûr, mais les efforts s’intensifient pour un accord sur un échange de prisonniers. Rien ne garantit pour autant que les démarches actuelles menées par les médiateurs porteront leurs fruits : parallèlement aux efforts des médiateurs américains et arabes, Israël continue sa guerre contre Gaza, avec son lot de morts quotidien.

Pourtant, vendredi 13 décembre, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré à la 13e chaîne israélienne : « Nous sommes sur le point de parvenir à un accord à Gaza, surtout après les récents développements dans la région ». Sullivan a effectué une tournée régionale qui l’a mené en Israël, au Qatar puis en Egypte, deux médiateurs-clés. Doha a récemment évoqué un nouvel « élan ». En Egypte, Sullivan et le coordinateur du Conseil de sécurité nationale américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Brett McGurk, ont rencontré le président Abdel Fattah Al-Sissi, samedi 14 décembre. Le président a insisté sur l’importance de la poursuite des efforts égypto-américains pour parvenir à un accord de cessez-le-feu et échanger les détenus à Gaza.

Dans le même temps, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est, lui, rendu en Jordanie puis en Turquie. « La position du Hamas s’est modifiée après le cessez-le-feu au Liban », a-t-il déclaré samedi à des journalistes, lors de sa visite en Jordanie, tout en ajoutant que « c’est le moment de conclure enfin cet accord ». Le chef de la diplomatie américaine, qui a évoqué des « signes encourageants », a de même demandé à la Turquie d’utiliser son influence sur le Hamas pour l’encourager à accepter l’accord.

Pourtant, selon Mohamed Abdel-Wahed, expert en sécurité, un cessez-le-feu permanent à Gaza reste peu probable. « Les Etats-Unis laissent toujours ouverte la voie des négociations pour qu’on ne dise pas que la diplomatie a échoué. Les tentatives américaines ont pour but de détourner l’opinion publique des massacres israéliens qui se poursuivent contre le peuple palestinien », explique-t-il. L’expert estime cependant que si accord il y a, ce sera sur une trêve temporaire qui garantisse la libération des otages, sans plus.

En effet, jusqu’à présent, Netanyahu a refusé de mettre fin à la guerre de Gaza en échange de la libération des otages, arguant que cela permettrait au Hamas de se reconstituer. Il est également redevable à ses partenaires de la coalition d’extrême droite, qui ont menacé de faire tomber son gouvernement s’il acceptait un tel échange.

Pressions sur le Hamas, pas sur Israël

Au vu des évolutions régionales, les pressions se concentrent donc sur le Hamas. Mais qu’en est-il des pressions sur Israël ? Selon les observateurs, les médiateurs continuent de proposer un accord en trois phases, similaire à celui soutenu par Joe Biden en mai dernier. Or, Israël se concentre davantage sur la première phase de 40 à 60 jours de l’accord, alors que le Hamas craint à nouveau qu’Israël ne reprenne les combats après l’entrée en fonction de Trump. C’est justement là un autre facteur qui suscite le scepticisme : Netanyahu pourrait attendre l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche plutôt que de conclure un accord sous l’Administration de Biden. Pour la sixième fois depuis que Trump a été élu et alors qu’il n’a pas encore été officiellement investi président des Etats-Unis, Netanyahu s’est entretenu avec lui, notamment sur l’avancée de l’accord de libération des otages.

Dans une interview au magazine Time, Trump a affirmé que Netanyahu savait qu’il souhaitait la fin de la guerre à Gaza. Reste à savoir si Netanyahu répondra aux voeux de Trump et ce qu’il recevra en retour. Car, selon Mohamed Abdel-Wahed, « l’approche de Netanyahu n’est pas politique mais militaire. Et cela ne va pas changer, d’autant plus qu’il veut libérer les otages sans la moindre concession ».

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