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Matthew Hickey : L’Egypte a franchi des étapes importantes dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains

Iman Aref , Mercredi, 18 décembre 2024

En visite la semaine dernière au Caire, Matthew Hickey, directeur adjoint du Bureau de surveillance et de lutte contre la traite des êtres humains au Département d’Etat américain, revient sur la coopération entre l’Egypte et les Etats-Unis dans ce dossier.

Matthew Hickey

Al-Ahram Hebdo : Pouvez-vous définir le terme « traite des êtres humains » et quels sont les moyens de lutte contre ce phénomène du point de vue de l’Administration américaine ?

Matthew Hickey : La traite des êtres humains est l’un des problèmes les plus courants dans le monde. Ce terme désigne l’exploitation des personnes que ce soit par la fraude, le travail forcé, l’exploitation sexuelle ou le travail des enfants.

Vu la nature de ce crime transfrontalier, les Etats-Unis déploient un effort considérable par le biais de son secrétariat d’Etat afin d’y faire face. Le Bureau de surveillance et de lutte contre la traite des êtres humains est chargé de s’occuper de ce dossier. Des efforts à plusieurs niveaux sont déployés en parallèle pour faire face à ce phénomène dangereux à travers la coopération avec les différents Etats, les bureaux onusiens et les organisations non gouvernementales. Ces efforts incluent la diplomatie multilatérale et la diplomatie bilatérale avec des partenaires stratégiques tels que l’Egypte, ainsi que les programmes d’aide étrangère soutenus par les Etats-Unis dans le monde. En outre, le Département d’Etat américain publie chaque année un rapport évaluant la situation en ce qui concerne la traite des individus dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Le rapport est intitulé The Trafficking in Persons Report (Rapport sur la traite des êtres humains) et il est considéré par l’Administration américaine comme le principal moyen d’engager les gouvernements étrangers dans la cause mondiale de lutte contre la traite des êtres humains. Le rapport est également la source la plus globale des efforts du gouvernement américain pour lutter contre ce fléau mondial.

— L’Egypte déploie d’intenses efforts dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains. Comment voyez-vous le rôle de l’Egypte dans ce domaine ?

— L’Egypte joue un rôle indéniable pour lutter contre la traite des êtres humains. Ce sont ces efforts qui ont conduit à élever le classement de l’Egypte dans le dernier rapport sur la traite des êtres humains publié chaque année par le gouvernement américain. Le nouveau classement attribué à l’Egypte s’est basé sur les efforts croissants déployés par le gouvernement égyptien pour atteindre l’objectif commun d’éliminer ce phénomène. Et ce, à travers la poursuite judiciaire des crimes liés à la traite des êtres humains, mais aussi à travers l’amélioration et le développement des centres d’hébergement destinés à accueillir les victimes de cette pratique, ainsi que la poursuite des campagnes de sensibilisation. L’amélioration du classement de l’Egypte a également pris en compte l’augmentation du nombre de procureurs spécialisés dans la lutte contre la traite des êtres humains, ainsi que celui des tribunaux spécialisés. Il y a aussi les campagnes de sensibilisation lancées par le gouvernement égyptien qui visent à conscientiser la population à cette question. Certes, l’Egypte a franchi des étapes importantes dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains.

— Quels sont les aspects de la coopération entre l’Egypte et le Département d’Etat américain dans le domaine de la traite des êtres humains ?

— Le bureau chargé du dossier de la traite des êtres humains au sein du Département d’Etat coopère avec Le Caire et l’Organisation internationale du travail (ILO) dans un projet d’un montant de 1,5 million de dollars pour former les responsables et les partenaires de la société civile et pour augmenter l’aide pouvant être octroyée aux victimes des opérations de traite des êtres humains. Les Etats-Unis sont ouverts aux nouvelles opportunités pour élargir la base de coopération dans ce dossier, que ce soit avec l’Egypte, l’ILO ou d’autres partenaires pour mieux contrer ce phénomène.

Ma visite au Caire a inclus un certain nombre de rencontres avec les responsables gouvernementaux et les membres des bureaux onusiens, ainsi que les représentants de la société civile qui sont actifs dans ce domaine. La protection des victimes de la traite des êtres humains doit s’opérer indépendamment de tout facteur, comme l’âge, le sexe, le statut ou la nationalité.

L’objectif est que les victimes de ce crime reçoivent le plus rapidement possible un soutien approprié, comme un abri et une assistance psychologique et sociale. Je voudrais saluer les efforts de l’ambassadrice Naela Gabr, cheffe du Comité national de coordination pour combattre et prévenir la migration clandestine et la traite des êtres humains. J’apprécie sa manière de gérer cet important dossier et les efforts de son équipe pour faire face à ce crime.

La coopération avec l’Egypte se déroule à plusieurs niveaux, y compris celui diplomatique, puisque cette question est importante en raison de ses liens avec des questions plus larges telles que la criminalité transfrontalière et la corruption. Par exemple, en plus du soutien financier, comme je l’ai mentionné précédemment, par l’intermédiaire de l’ILO, nous échangeons également les expériences, notamment en ayant recours à des partenariats pour lutter le plus efficacement possible contre ce crime.

L’Egypte dispose de partenariats efficaces à cet égard, ainsi que d’une communication régulière avec les organisations des Nations-Unies telles que l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime, l’Organisation internationale pour les migrations et d’autres organisations internationales expérimentées dans la lutte contre la traite des êtres humains.

— Justement, quel est selon vous le rôle des partenariats stratégiques ?

— Les partenariats stratégiques jouent un rôle important dans la lutte contre ce crime odieux, car ils renforcent les efforts des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des organisations travaillant dans le domaine de l’assistance aux survivants, en particulier dans le domaine des enquêtes et des poursuites judiciaires. Ils soutiennent les efforts visant à protéger les victimes et à développer les programmes de protection nécessaires. Ces partenariats accentuent l’impact des initiatives mises en oeuvre pour lutter contre ce crime odieux qu’est la traite des êtres humains.

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