Le crash de la monnaie syrienne survenu dans les bureaux de change le 9 décembre a marqué la fin du règne de Bachar Al-Assad. Depuis, l’économie du pays se trouve plongée dans l’incertitude. Le site français Les Echos, spécialisé dans l’information financière, a rapporté qu’en seulement trois jours après la chute du régime, le dollar avait bondi de près de 50 % par rapport à la devise nationale. « Dans la capitale Damas, les Syriens échangeaient un dollar contre 27 000 livres syriennes, tandis qu’à Alep, première ville tombée aux mains des rebelles, le taux de change atteignait 41 000 livres pour un dollar. Depuis, la monnaie a repris un peu de valeur et s’échange actuellement à 16 000 livres par dollar dans tout le pays », précise Les Echos. Cette dévaluation illustre une situation économique gravement détériorée, alourdie par 13 années de guerre civile et un tremblement de terre ayant aggravé l’état des infrastructures et des institutions du pays.

Le rapport semestriel de la Banque mondiale intitulé Syria Economic Monitor, Spring 2024 souligne que la dégradation économique, combinée à l’imposition de nouvelles sanctions américaines à la mi-2020, a accéléré la fuite des capitaux et réduit les envois de fonds vers la Syrie. « Ces facteurs ont amplifié la dépréciation de la livre syrienne face au dollar. En 2023, la livre s’est dépréciée de 141 % sur le marché parallèle par rapport au dollar américain », indique le rapport. Il note également que, tout au long de 2023, la Banque Centrale de Syrie a régulièrement ajusté à la baisse le taux de change officiel, bien qu’il soit resté constamment inférieur au taux du marché.

La dépréciation de la monnaie a alimenté une flambée de l’inflation et aggravé la pauvreté dans le pays. « L’inflation des prix à la consommation aurait atteint 92 %, exacerbée par la réduction des subventions gouvernementales. Par ailleurs, 600 000 familles ont été exclues des programmes d’aide sociale », précise le rapport, ajoutant que 69 % de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté.