1902 : Le terme « Moyen-Orient » a été adopté pour la première fois par l'historien britannique Alfred Mahan, auteur de la théorie de la puissance maritime dans l'histoire, en 1902. Mahan a défini le Moyen-Orient — d'un point de vue occidental — comme une région autour du Golfe qui n'est ni « Proche-Orient » ni « Extrême-Orient ». Cependant, Mahan n'a pas défini avec précision l'étendue géographique de ce terme.
1916 : La carte actuelle du Moyen-Orient a été dessinée par des puissances extérieures à la région il y a plus d'un siècle. Ce sont principalement la France et la Grande-Bretagne qui, à travers le célèbre accord Sykes-Picot de 1916, ont tracé les frontières de la région. Cet accord est indissociable de la promesse de Balfour faite par les Britanniques au mouvement sioniste mondial en 1917, promettant aux juifs un foyer national en Palestine, d'une part, et des résultats de la Conférence de San Remo en Italie en 1920 pour les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale, qui ont consacré la répartition de l'Iraq, de la Syrie, du Liban, de la Palestine et de la Jordanie entre la Grande-Bretagne et la France, d'autre part.
1950 : Pendant la Seconde Guerre mondiale, le « Moyen-Orient » a été utilisé comme un terme géopolitique pour désigner les zones stratégiques où les Alliés (Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) étaient concentrés. Ce concept a été politiquement utilisé pour la première fois dans la proposition présentée par les Alliés au gouvernement égyptien dirigé par Moustapha Al-Nahas pacha en 1950. Ils demandaient au Caire de rejoindre la direction du Moyen-Orient, ce que le gouvernement égyptien a refusé à l'époque. Cette décision était motivée par la prise de conscience égyptienne que la participation à cette direction visait à impliquer des parties non arabes dans les arrangements politiques et sécuritaires de la région et à faire de l'Egypte une partie de la Guerre froide entre l'Occident et l'Union soviétique.
1990 : Une autre tentative de redessiner la carte du Moyen-Orient, cette fois-ci par Israël. C’était au début des années 1990 après la Conférence de paix de Madrid, qui a lancé deux volets pour la résolution du conflit israélo-arabe. Le premier, bilatéral, porte sur l’établissement d’une normalisation entre les voisins arabes d’Israël, tandis que l’autre volet inclut tous les pays de la région et couvrait des sujets plus sensibles comme le contrôle des armements, la sécurité régionale, la question des réfugiés, le développement économique et l’environnement.
1993 : Le terme « Nouveau Moyen-Orient » ou « Grand Moyen-Orient » dans son sens actuel purement israélien apparaît dans les écrits de Shimon Peres, notamment dans son livre du même titre Le Nouveau Moyen-Orient publié en 1993 après les accords d'Oslo. Peres a abordé ce terme d'un point de vue économique, en appelant à la conclusion d'accords et à la création de blocs économiques entre l'entité israélienne et les pays arabes. Peres a promu l'idée que ce « Nouveau Moyen-Orient » serait économiquement florissant et que le niveau de vie de ses populations augmenterait grâce à l'association du capital du Golfe, de la main-d'œuvre égyptienne et de la technologie israélienne avancée, mais sous supervision et direction israéliennes. En effet, la situation sécuritaire dans la région s'est détériorée après Oslo, et la montée en puissance de l'extrême droite a mis fin à la proposition de Peres.
2001 : Autre tentative de redessiner la carte du Moyen-Orient par les néo-conservateurs de l'Administration de l’ancien président américain républicain George W. Bush qui ont exploité les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis pour réaliser leur plan. Cette tentative prône la nécessité de redessiner les frontières de certains pays arabes et non arabes sur des bases sectaires et ethniques. Une vision qui s'est concrétisée par l’invasion américaine de l’Iraq en 2003. Cependant, les conséquences de l'invasion de l'Iraq et ses résultats, ainsi que les années de chaos qui ont suivi dans ce grand pays arabe, et le constat de l'incapacité des Etats-Unis à rétablir l'ordre, ont conduit à l'arrêt temporaire du projet des néo-conservateurs.
2020 : Le président américain Donald Trump a cherché à mettre en œuvre le projet du Moyen-Orient à travers le « deal du siècle » et les « accords d'Abraham ». L'arrivée de Biden n'a pas mis fin à ce projet, mais l'a plutôt transformé en une version plus violente après le 7 octobre.
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