Le spectacle Al-Milad, qui vient éveiller des émotions, est raconté et interprété de manière simple et captivante. Tout au long de son récit théâtral, tiré de la Bible, selon les Evangiles de saint Mathieu et de saint Luc qui évoquent l’histoire de la Nativité, Al-Milad incorpore le tout à la fois : de la musique classique et moderne, le passé et le présent … Autant d’éléments qui ont fait une brillante comédie musicale, mêlant fiction et dramaturgie.

Une large équipe coopère à cette production. Notamment le compositeur-dramaturge-producteur Ibrahim Maurice, l’auteure-compositrice et chanteuse d’opéra la soprano Dalia Farid. Ce duo collabore dans le travail des textes lyriques et de la composition. A eux s’ajoutent Rena Andrawes (mise en scène), David Yowakim (production), Aly Sedky et Michael Ezzat (conception son), Amr El Ashraf (décor), Nabil Samir (éclairage), Rojeh Mikhael (costumes) et Sherine Hegazy (chorégraphie). Sans oublier la participation du casting d’Al-Milad, interprètes et chanteurs talentueux ayant passé tout d’abord par une audition théâtrale.

Tous chanteront en direct, en naviguant entre des émotions complexes, afin de rendre crédibles les personnages-clés de la Nativité qu’ils incarnent sur scène (le petit Jésus, la Vierge Marie, Joseph, l’ange Gabriel, les trois rois mages, les bergers). « L’histoire d’Al-Milad revisite l’Avent et l’histoire de la Nativité. C’est l’un des récits les plus marquants de la tradition chrétienne. Au fil des siècles, ce récit biblique s’est enrichi d’éléments. Suivant un ordre chronologique, l’histoire de lutte et de grâce, de défis et de joie dans Al-Milad commence par l’Annonciation, un moment-clé du récit, les confidences de Marie et de Joseph, la naissance de Jésus, l’adoration des bergers et des rois mages, la tyrannie d’Hérode. Le spectacle se termine par l’arrivée de la Sainte Famille en Egypte », dévoile Dalia Farid.

Une double perspective

Dans un rapprochement entre deux temps, Al-Milad propose une traversée des récits bibliques d’une nouvelle façon. « Tout le monde est invité à partager Al-Milad dans la fraternité et l’harmonie. Une manière de plonger dans ce paysage captivant et de se laisser emporter par les émotions et la puissance des récits bibliques », confie Dalia Farid. Al-Milad aborde la version de saint Mathieu et de saint Luc, mettant l’accent sur les rois mages et l’étoile, voire sur la reconnaissance de Jésus en tant que roi dès sa naissance, puis sur les bergers, un autre point de vue plus humble, simple et accessible. Le tout est au service d’une comédie musicale amusante et touchante. « Le choix du cadre temporel de l’oeuvre est bien justifié. C’est une décennie riche de par son style vestimentaire modeste et pudique, un enfant (Jésus) né dans une crèche, une mangeoire, symbolisant l’humilité et l’accessibilité, une vierge (Marie) qui, choisie par Dieu, incarne l’humilité et la foi parfaite, et un charpentier (Joseph) qui symbolise, à son tour, l’obéissance et la fidélité … », explique-t-elle.

« N’oublions pas que c’est tout d’abord une comédie musicale. Nous dansons, nous chantons et nous jouons sur scène. C’est très dramatique, mais aussi c’est très ludique. Et pour que ce spectacle soit digne de la richesse artistique de la comédie musicale, il nous a fallu, Ibrahim Maurice et moi-même, faire un travail d’adaptation théâtrale et de réécriture scénique. Nos outils d’éblouissement sont le chant, la musique, la danse, les costumes élaborés, les grands décors détaillés … Employé pour donner une vivacité particulière au récit, le présent historique est introduit par des temps du passé, pour relater un fait en le présentant dans un langage contemporain au moment où l’on parle. Tous les personnages qui montent sur scène chantent dans Al-Milad : la Vierge, Joseph, les rois mages, les anges, et même Hérode. C’est gai, c’est chaleureux », souligne Dalia Farid.

Chanter Noël pour tous

Dans un mixage musical (heavy metal, pop, rock électrique, jazz-rock, guitares, basses, percussions, etc.) se mêlent le chant grégorien doux, les orchestrations classiques montées par des instruments à vent, les opéras baroques, mais aussi la musique arabe et charqi, des variétés d’inspiration orientale pour donner le rythme émotionnel et envoûtant à Al-Milad, comme pour engendrer des airs assez familiers. D’ailleurs, l’histoire de la Nativité est mise en scène d’une manière qui convient aux goûts de tous les membres d’une même famille, invités à vivre une « belle » comédie musicale avec ses moments de joie et de peine, joués et chantés tout au long de son univers narratif.

Dans Al-Milad, des airs comme « Douce nuit » ou « Les anges dans nos campagnes » célébreront la naissance du Christ avec ces cantiques transmettant un message de paix et d’espérance. Les anges dans Al-Milad, ces messagers de Dieu lesquels annoncent la naissance de Jésus à la Vierge Marie et aux bergers, chanteront « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». Ici vient le rôle de la chorale mixte d’Al-Milad, communiquant au spectateur une expression profonde de foi et de spiritualité.

Le spectacle Al-Milad suscite une grande émotion collective dans la scène du Massacre des innocents. Un massacre commis sur l’ordre d’Hérode qui, craignant l’arrivée d’un roi, ordonne le meurtre de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem. C’est ce que relate Al-Milad, d’après l’Evangile de saint Mathieu. « L’histoire du massacre sur l’ordre d’Hérode convoque un événement actuel similaire, celui de la mort des enfants dans la guerre à Gaza, tués sur le territoire palestinien. A cet égard, Al-Milad interprète une chanson dédiée à toutes les mères qui ont peur pour leurs enfants et qui souffrent de les voir mourir sous leurs yeux. Ici, la musique se joue entre le heavy metal aux beats puissants, symbole d’un Hérode tyran, incrusté subitement d’une musique plus douce, voire classique, symbole de peine et d’attente. Et pourtant, à titre d’exemple, dans la scène de la Nativité qui prend place dans une crèche qui représente souvent Jésus entouré d’un âne et d’un boeuf, la musique plus gaie, amusante, est jouée avec beaucoup d’espoir. C’est très humain, c’est très touchant », explique Dalia Farid. Le drame lyrique prend fin avec la scène de l’arrivée de la Sainte Famille en Egypte. Et ce, suite à l’avertissement d’un ange à Joseph, pour échapper au pouvoir du roi Hérode et protéger Jésus.

Fan de la comédie musicale qui a son esthétique propre, Ibrahim Maurice raconte que le spectacle a pris quatre ans de préparation. « Au début, Dalia Farid et moi, nous avons décidé de travailler uniquement sur les personnages de la Nativité. Au fur et à mesure, l’enthousiasme nous a envahis et le projet s’est élargi en une comédie musicale à part entière », conclut Maurice.

Du 19 au 22 décembre 2024, à 20h, au théâtre Qasr Al-Nil, rue Qasr Al-Nil, au centre-ville.