Après 13 ans de fermeture, la route de Nakhl, dans le Sud-Sinaï, a été rouverte à la circulation. Fermée à la suite de la Révolution du 25 janvier 2011, cette route permet désormais de réduire le temps de trajet entre Le Caire et Taba à 4 heures au lieu de 8. Le trajet de Nakhl s’étend sur environ 200 kilomètres.

L’inauguration de cette route remonte aux années 1980, dans le cadre des projets de développement visant à améliorer l’accessibilité au Sinaï. Cette route, qui serpente à travers le désert, a été conçue pour favoriser le tourisme et faciliter les échanges entre les différentes zones de la presqu’île, tout en offrant aux voyageurs des paysages spectaculaires et une immersion dans la culture locale.

Sami Soliman, président de l’Association des investisseurs de Taba et de Noweiba, a souligné que l’ouverture de la route, après son élargissement et son aménagement, contribue à dynamiser le secteur touristique dans la région. Elle aide également à revitaliser le tourisme dans les deux villes, notamment les campings situés dans les vallées de Noweiba, réputées pour leur beauté naturelle et leurs sites uniques tels que Wadi Al-Washwash, Aïn Hadra, Aïn Oum Ahmed et Ras Chitane.

« Nous avons également demandé aux autorités locales du gouvernorat du Sud-Sinaï de relancer les safaris dans les zones de Noweiba et de Taba en raison de la forte demande des touristes étrangers », a déclaré Soliman, ajoutant que le gouverneur du Sud-Sinaï, Khaled Moubarak, s’est engagé à étudier ces demandes avec les autorités concernées pour donner un nouvel élan au secteur touristique.

Depuis les attentats de 2005, les visites des canyons colorés à Taba, ainsi que les safaris dans les vallées de Noweiba avaient été interdits pour des raisons de sécurité. « Malgré les nombreux défis auxquels fait face le secteur du tourisme à Taba, aucun responsable du ministère n’a visité la région il y a des années », a déploré Soliman, appelant le ministre du Tourisme, Sherif Fathy, à se rendre sur place pour constater les problèmes et trouver des solutions adaptées.

Selon lui, l’Association des investisseurs touristiques de Taba a élaboré une étude visant à faire de cette région un nouveau Charm Al-Cheikh d’ici cinq ans. Taba possède 60 kilomètres de plages splendides sur le golfe de Aqaba et un riche patrimoine historique. L’étude propose la création d’une zone de libre-échange, à l’instar des villes de Aqaba en Jordanie et d’Eilat en Israël, ainsi que la réouverture de la route Taba-Aqaba, qui pourrait accueillir plus d’un million de touristes chaque année. « En 2022, près de 750 000 touristes internationaux ont visité l’Egypte via Taba », a précisé Soliman. L’étude suggère également l’organisation de croisières reliant les stations balnéaires de la mer Rouge, de Taba à Marsa Alam, en passant par Hurghada, d’où les voyageurs pourraient visiter Louqsor et Assouan par voie terrestre.

Dans le même contexte, les investisseurs touristiques de la région de Taba-Noweiba ont lancé des initiatives attrayantes pour le tourisme intérieur, notamment la réduction des prix des séjours. Ainsi, une chambre double est proposée au tarif de 1 500 livres égyptiennes par nuit et ce, dans le but d’attirer un maximum de touristes locaux et de compenser la baisse du tourisme étranger.

Nadia Choukri, propriétaire d’un hôtel à Taba, estime que l’ouverture de la route de Nakhl pourrait constituer un premier pas vers la résolution des problèmes qui affectent le secteur du tourisme à Taba et Noweiba. « L’absence de promotion touristique dans cette région et le refus des banques d’accorder des facilités financières aux investisseurs, que ce soit pour maintenir leurs hôtels ou pour poursuivre les projets déjà entamés, sont les principaux obstacles à la relance du tourisme à Taba », souligne-t-elle.

Taba et Noweiba ne sont pas seulement des stations balnéaires d’une beauté exceptionnelle, elles revêtent également une importance stratégique majeure en raison de leur position frontalière. « Aussi, nous nous sommes beaucoup battus pour récupérer cette région », ajoute Nadia Choukri, faisant référence au fait que l’Egypte a dû recourir à une commission d’arbitrage internationale pour obtenir la restitution de Taba, occupée par Israël jusqu’en 1989.

Selon elle, la région de Taba joue un rôle-clé, en particulier avec le projet de la Grande Transfiguration à Sainte-Catherine, dont l’inauguration est imminente. Ce projet vise à réaménager la ville de Sainte-Catherine et à la transformer en une destination touristique internationale tout en préservant son patrimoine architectural et urbain. Etant un point de passage vers Sainte-Catherine, Taba-Noweiba devrait devenir une destination attrayante pour les touristes en quête de détente, d’aventure et de culture.