Les Syriens d'Egypte fêtent la chute du régime de Bachar Al-Assad. Photo: X
En Egypte, les rues de la Cité du 6 octobre ont un air de fête depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad : des milliers de Syriens se sont installés depuis 2011 dans cette ville industrielle de l’ouest du Caire, quand la répression des manifestations prodémocratie a tourné à la guerre civile.
« Je n’ai pas vu ma famille depuis 13 ans. Maintenant, je peux enfin rentrer chez moi », raconte Mohamed Feras, vendeur dans un magasin. Ce trentenaire avait fui son pays à 19 ans, comme un grand nombre de jeunes pour échapper au service militaire. « Ma famille me demande déjà ce que je veux manger pour mon premier repas à Damas », s’amuse-t-il.
Mais malgré leur joie d’assister à la fin de 50 ans de tyrannie et tout à la surprise d’un scenario qu’il n’avaient pas vu venir et ne pensaient pas possible de se réaliser sans guerre civile, les Syriens ne manquent pas d’exprimer leurs craintes quant à l’avenir du pays après la poussée des rebelles radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) qui se sont emparés des principales villes de Syrie et ont fait fuir le président Bachar Al-Assad.
La cité du 6 octobre n’est pas le seul endroit où les Syriens se sont installés. Bien qu’ils se soient répandus dans tous les gouvernorats du Caire, ils sont essentiellement concentrés dans le Nouveau Caire notamment à Madinaty en plus du 6 octobre.
Nombre d’entre eux rêvent de retourner dans leur pays pour retrouver leurs familles qu’ils n’ont pas vues depuis des années, mais ils sont convaincus que ce ne sera pas pour demain alors que circule sur les réseaux sociaux le hashtag « Syrien, rentre chez toi » !
« Il faut attendre de voir comment les choses évolueront au cours des prochains mois », calme pourtant un jeune syrien d’une trentaine d’années.
L’ancien président de l'Association de la communauté syrienne en Egypte Rassem Al-Atassi a pourtant assuré à la chaîne MBC Misr que plus de la moitié des Syriens vivant en Egypte retournerait en Syrie, et que ne resteraient que ceux qui se sont réalisés professionnellement en Egypte.
1,5 million de Syriens en Egypte
Selon l’Organisation mondiale pour l’émigration (OIM), plus de 1,5 million de Syriens se sont installés en Egypte depuis 2011. 159 000 d’entre eux sont enregistrés comme réfugiés. Ils ont ouvert des commerces, des usines, des entreprises. Ils se sont surtout investis dans la gastronomie ouvrant des restaurants, des pâtisseries et des confiseries qui ont réalisé un énorme succès auprès des Egyptiens qui sont devenus fans des plats syriens.
Les Egyptiens également ne veulent pas voir les Syriens partir. « Vous ne pouvez pas nous quitter maintenant. Nous ne pouvons plus nous passer du shawarma syrien », lance un client dans un restaurant syrien du nouveau Caire qui a ouvert plusieurs branches et acquis une grande renommée.
Les réfugiés syriens ont un statut spécial en Egypte. Ils bénéficient des mêmes services que les Egyptiens en matière de santé, d’éducation et d’enseignement supérieur.
En fait, les liens entre les deux peuples égyptien et syrien remontent à longue date. Entre 1958 et 1961, l’union entre l’Egypte et la Syrie sous le nom de la République arabe unie avait fusionné les deux peuples.
« Sauf les Egyptiens »
Au milieu de leurs inquiétudes, de leurs joies et de leurs festivités, les Syriens d'Égypte n'ont pas oublié de montrer leur reconnaissance envers leurs frères égyptiens.
« Vous êtes le peuple le plus gentil et le plus généreux du monde. Quand nous retournerons en Syrie, si tant est que nous y retournions car nous nous sommes habitués à la vie ici, nous interdirons l'entrée à toutes les nationalités arabes, sauf aux Egyptiens. Ce que vous avez fait pour nous est immense et vous exprimez toujours votre amour au peuple syrien, que ce soit à ceux qui sont en Égypte ou en Syrie. Vous êtes plus qu'une famille pour nous », raconte un autre Syrien installé en Egypte depuis 13 ans et qui maitrise d’ailleurs parfaitement le dialecte égyptien aussi bien que syrien.
En Egypte ou en Syrie, les membres de la communauté ont avant tout envie de tourner la page d’un passé douloureux.
Lien court: