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Samir Radwane : Les mesures prises par les différents gouvernements sont incomplètes

Gilane Magdi, Lundi, 28 avril 2014

Ministre des Finances dans les deux gouvernements de transition après la révolution du 25 janvier, Ministre des Finances dans les deux gouvernements de transition après la révolution du 25 janvier, Samir Radwane commente la politique gouvernementale concernant l'annulation des subventions.

Samir Radwane
Samir Radwane

Al-Ahram Hebdo : Quels seront, selon vous, les impacts de la hausse du prix du gaz naturel, de l’électri­cité et de l’essence ?

Samir Radwane : Je suis vraiment incapable de juger cet impact à l’heure actuelle à cause du manque d’informations exactes sur la ques­tion. A ce jour, je ne connais que l’augmentation des prix de gaz naturel pour les particuliers qui entre en vigueur début mai. Quant à l’électricité et l’essence, les décla­rations gouvernementales restent ambiguës et il n’y a rien de précis. Bien que l’annulation graduelle des subventions soit une nécessité majeure, surtout avec le gonflement du déficit budgétaire avoisinant les 240 milliards de L.E. dans le pro­chain budget, le traitement du sujet par le gouvernement est maladroit. Au lieu de prendre des décisions au compte-gouttes, le gouvernement doit adopter un document de recherche qui explique à la popula­tion le plan de manière précise avec des dates pour l’annulation des sub­ventions, ainsi que les contreparties offertes aux citoyens.

— Vous avez occupé le poste de ministre des Finances. L’augmentation des prix du gaz pour les particuliers faisait-elle partie de votre plan d’annulation des subventions à l’énergie ?

— Bien sûr, elle faisait partie de mon plan, mais en dernière phase du plan d’annulation des subven­tions. Mon plan se basait sur quatre décisions importantes : la première est l’augmentation du salaire mini­mum de 700 LE à 1 200 L.E. La deuxième est la poursuite de l’an­nulation des subventions à l’énergie accordées aux secteurs de l’indus­trie et du tourisme. La troisième est de lutter contre les fraudes sur les cargaisons de gaz naturel en renfor­çant le contrôle dans les ports mari­times. Et enfin, l’augmentation des prix du gaz aux particuliers qui allait faire économiser une part modeste des dépenses de l’Etat, avec 1 milliard de L.E. Mais les mesures prises par les différents gouvernements sont incomplètes.

— Comment expliquez-vous le fait que le gouvernement ait exclu une augmentation des prix du gaz consommé par les cimenteries et les usines d’engrais ?

— Le gouvernement a choisi le chemin le plus facile. La consom­mation de gaz naturel des particu­liers ne représente que 3 % du total de la consommation de gaz naturel en Egypte. Alors que les 97 % res­tants vont à la consommation des grandes sociétés et des usines qui achètent le gaz subventionné pour vendre ensuite leurs produits à des prix internationaux. Par exemple, les briqueteries consomment 10 grandes bonbonnes de butane par heure, c’est-à-dire 240 bonbonnes par jour et par four. Et elles vendent les briques à des prix très élevés. Il faut commencer par l’augmentation des prix du gaz pour ces usines et non pas viser les particuliers. Malheureusement, le gouvernement est incapable d’affronter les hommes d’affaires qui exercent de fortes pressions pour empêcher la hausse des prix.

— Cette hausse ne réduira-t-elle donc pas le montant des subven­tions dans le prochain budget ?

— Le budget sera faiblement tou­ché. Selon les estimations gouverne­mentales, la hausse des prix du gaz naturel signifie la réduction du mon­tant des subventions de gaz d’un milliard de L.E. Ce chiffre est médiocre, sachant que le total des subventions pour le gaz naturel est de 8 milliards de L.E. par an.

— Le ministre du Plan, Achraf Al-Arabi, a déclaré que la hausse des prix de l’électricité toucherait les 20 % les plus riches de la popu­lation. Comment le gouvernement a-t-il identifié cette catégorie ?

— Pour déterminer cette catégo­rie, le gouvernement s’est basé essentiellement sur la recherche effectuée par l’Organisme central de mobilisation et des statistiques (CAPMAS). Ce dernier divise les revenus en 5 tranches. La première de 20 % des revenus les plus élevés qui dépensent des parts minimes de leurs revenus sur la nourriture. Alors que les 40 % des revenus très faibles dépensent de 60 % à 66 % de leurs revenus sur la nourriture. Le pro­blème des subventions est que la tranche des 20 % les plus riches profite des subventions qui devraient être destinées aux couches les plus pauvres.

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