Une trêve de 60 jours. Un retrait de l’armée israélienne et du Hezbollah du Sud-Liban. Un redéploiement de l’armée libanaise dans la région et un engagement qu’elle détienne seule le monopole de la sécurité au Sud. Et une mise en place d’un comité international chargé de suivre l’application du cessez-le-feu. Le tout basé sur la résolution 1 701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006 et qui stipule que seuls l’armée libanaise et les soldats de maintien de la paix peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.
Tels sont les termes, cités par le site d’information américain Axios, de l’accord de cessez-le-feu qui devrait mettre un terme au conflit au Liban. Mardi 26 novembre, tous les regards étaient tournés vers Israël, dans l’attente d’un feu vert à cet accord. (Ndlr : les résultats de la réunion du cabinet de sécurité israélien sur l’approbation de l’accord de cessez-le-feu n’étaient pas connus au moment de l’impression du journal).
En fait, bien que sur le terrain, cette semaine ait été particulièrement violente avec une intensification des attaques meurtrières israéliennes au Sud-Liban et dans la banlieue sud de Beyrouth, les efforts internationaux se sont multipliés ces derniers jours pour trouver un terrain d’entente et mettre fin à la guerre et ces derniers jours ont été riches en rebondissements. Après la visite de l’émissaire américain Amos Hochstein au Liban, puis en Israël pour discuter du plan de paix américain, c’est le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui s’est rendu, dimanche 24 novembre, à Beyrouth pour pousser vers la paix. Puis le vice-secrétaire américain à la Défense, Daniel B. Shapiro, qui s’est rendu le lendemain en Israël pour discuter avec de hauts responsables israéliens, dont le ministre de la Défense, Israel Katz, des détails pratiques de l’application de l’accord de cessez-le-feu et plus particulièrement du mécanisme de surveillance qui sera dirigé par les Etats-Unis.
Suite à tous ces déplacements, une série de déclarations optimistes ont été faites. Un optimisme qui ne signifie pas pour autant que l’affaire est gagnée. « Nous pensons être arrivés au point où nous sommes proches » d’un accord, a déclaré, lundi 25 novembre, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Tout en soulignant que rien n’était encore acquis. Pour l’Elysée, les discussions sur un cessez-le-feu au Liban ont « avancé significativement ». Paris a appelé Israël et le Hezbollah à se saisir « au plus vite de cette opportunité ».
Des appels pressants qui interviennent alors que l’inquiétude est toujours là, d’autant plus que certaines parties israéliennes affichent leur mécontentement, à l’instar d’Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale (extrême droite), qui n’est pas membre du cabinet de sécurité israélien, mais qui a déclaré qu’un cessez-le-feu serait « une grosse erreur ».
Conditions difficiles
Cependant, quatre sources libanaises de haut rang ont en outre déclaré, lundi 25 novembre, à Reuters que le président américain, Joe Biden, et le président français, Emmanuel Macron, devraient annoncer un cessez-le-feu dans les 36 heures, conformément aux plans existants. Le vice-président du Parlement libanais, Elias Bou Saab, a de son côté déclaré à Reuters qu’« il ne reste aucun obstacle sérieux » à la mise en oeuvre de la trêve proposée par les Etats-Unis. Il a ajouté qu’un point de friction lié au contrôle du cessez-le-feu avait été résolu au cours des dernières 24 heures avec la création d’un comité composé de cinq pays, dont la France, et présidé par les Etats-Unis.
Une question qui faisait pourtant débat au sein d’Israël. Avant les dernières déclarations optimistes, des responsables israéliens cités notamment par le quotidien israélien Maariv affirmaient leur opposition à un rôle actif de la France dans le mécanisme de supervision d’un cessez-le-feu.
Mais tout cela signifie-t-il l’instauration de la paix ? Pas si sûr. Entre le Liban et Israël, il y a une longue histoire de tensions, tantôt latentes, tantôt ouvertes. Et Israël donne le ton. « Le test pour tout accord sera un, non pas dans les mots ou la formulation, mais dans la mise en oeuvre seulement de deux points principaux. Le premier est d’empêcher le Hezbollah de se déplacer vers le sud au-delà du Litani (fleuve), et le deuxième, d’empêcher le Hezbollah de reconstituer ses forces et de se réarmer dans tout le Liban », a dit le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.
Une condition, ou plutôt une concession, que le Hezbollah ne serait pas prêt à accepter. D’ailleurs, selon Axios, il y aurait des assurances américaines de soutenir une action militaire israélienne en cas d’actions hostiles du Hezbollah. Ce serait alors un retour à la case départ.
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