Mardi, 03 décembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde >

Poussée de fièvre en Ukraine

Maha Salem , (avec Agences) , Mercredi, 27 novembre 2024

Après l’autorisation américaine à Kiev de frapper la Russie en profondeur et les menaces nucléaires russes, le conflit en Ukraine risque de prendre une tournée différente. En attendant l’arrivée de Trump à la Maison Blanche.

Poussée de fièvre en Ukraine

L’équipe du président américain élu, Donald Trump, va commencer à travailler avec l’Administration du président sortant Joe Biden pour parvenir à un « arrangement » entre l’Ukraine et la Russie. C’est ce qu’a déclaré dimanche 24 novembre dernier Waltz, le futur conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche. Une annonce qui intervient alors que la tension est à son comble depuis la semaine dernière. Tout a commencé quand le président américain Joe Biden a autorisé l’Ukraine à frapper en territoire russe avec des missiles à longue portée de fabrication américaine. Depuis, deux attaques du genre ont eu lieu visant des installations militaires russes: une frappe sur la région de Briansk à l’aide de missiles américains ATACAMS et une autre sur la région de Koursk avec des missiles britanniques Storm Shadow. Et depuis, le président russe, Vladimir Poutine, est monté à la charge. « Le conflit provoqué par l’Occident en Ukraine a pris les éléments d’un (conflit) à caractère mondial », a-t-il averti, assurant que Moscou se réserve le droit de frapper les pays occidentaux qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre le sol russe. Qui plus est, Poutine a affirmé que la Russie était prête à tous les scénarios, alors que Moscou a récemment modifié sa doctrine nucléaire pour élargir la possibilité de l’emploi de l’arme atomique. En septembre dernier, Poutine avait prévenu qu’un tel feu vert occidental « ne signifierait rien de moins qu’une implication directe des pays de l’OTAN dans la guerre en Ukraine ».

En parallèle, la Russie a frappé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, à l’aide d’un nouveau missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu’à 5500 km), baptisé « Orechnik ». Ce genre de missile hypersonique peut frapper tous les pays européens. Face à ce tir et ces menaces, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé la communauté internationale à « réagir », dénonçant un « voisin fou » qui utilise l’Ukraine comme un « terrain d’essai ». Les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l’avance par Moscou de son tir, ont accusé la Russie de « provoquer l’escalade » et d’un discours nucléaire « irresponsable », alors que l’ONU a évoqué un « développement inquiétant ». La Chine, important partenaire de la Russie, a, quant à elle, appelé à la retenue.

Inquiétude européenne

« Zelensky n’a cessé de répéter ce genre de demandes. L’Administration américaine était d’abord réticente, mais Biden a pris cette décision à quelques semaines de la fin de son mandat pour deux raisons. D’un côté, mettre des obstacles face à son successeur qui a affirmé à plusieurs reprises qu’il mettrait rapidement fin à cette guerre sans préciser comment. Or, avec ce développement, la guerre se complique. De l’autre, Washington veut répondre à la présence des soldats nord-coréens en Russie », explique Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université de Caire. Trump, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, « a été très clair sur la nécessité de mettre fin à ce conflit. Ce dont nous devons discuter, c’est de savoir qui sera autour de la table, s’il s’agit d’un accord, d’un armistice, comment amener les deux parties autour de la table et quel sera le cadre d’un arrangement », a déclaré sur Fox News Mike Waltz. Durant sa campagne, Trump s’est montré très sceptique à l’égard des milliards que l’Administration Biden a accordés à l’Ukraine depuis le début de la guerre en 2022.

L’Administration américaine sortante a été le principal soutien de Kiev, lui permettant de résister aux Russes. Moscou, dont les troupes avancent depuis plusieurs mois sur de multiples segments du front, a prévenu que toute discussion d’arrêt des combats ne pourrait s’appuyer que sur les « nouvelles réalités territoriales ». Or, depuis l’élection le 5 novembre de Donald Trump, les Ukrainiens, mais aussi les Européens, craignent un désengagement des Etats-Unis dans ce conflit, voire des pressions américaines pour un accord au détriment de Kiev. De quoi pousser les Européens à envisager d’emboîter le pas à Washington. Paris a réaffirmé que l’utilisation de missiles français par les forces ukrainiennes sur le sol russe restait « une option ». Londres l’envisage plus sérieusement.

« Tout cela n’empêchera pas Trump d’aller de l’avant dans sa volonté de mettre fin à la guerre », estime Mona Soliman. Et de conclure : « Trump va trouver un deal avec Poutine. Il veut en finir avec ce conflit pour se concentrer sur sa rivalité avec la Chine, sa priorité » .

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique