60 millions de la population profitent des avantages de l’initiative Hayah Karima.
L’Egypte a annoncé son adhésion à l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, dont l’objectif est de lutter contre l’insécurité alimentaire et de promouvoir le développement durable. Cette alliance regroupe 148 membres fondateurs, dont ceux de l’Union africaine, ainsi que 9 institutions financières internationales.
L’Alliance mondiale s’engage à accélérer les progrès vers la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030. Parmi ces objectifs figurent l’élimination de la pauvreté, l’éradication de la faim, la promotion d’une agriculture durable et la réduction des inégalités. Elle prévoit d’organiser régulièrement des sommets sur la faim et la pauvreté et de créer un conseil de haut niveau pour superviser ses activités. Ce dernier mobilisera des financements via des banques de développement afin de soutenir les programmes de l’Alliance mondiale. Une initiative phare sera la distribution de repas scolaires de qualité à 150 millions d’enfants dans les pays les plus touchés par la pauvreté et la faim infantile, un domaine où l’Egypte a réalisé des avancées significatives.
Selon le politologue Tareq Al-Bardissy, l’adhésion de l’Egypte à cette alliance reflète les objectifs communs avec le Brésil : les deux pays sont pionniers dans les politiques sociales et membres des BRICS. « Le Brésil est un modèle en matière de politiques de soutien social, un exemple suivi par l’Egypte avec des initiatives telles que Takafol wa Karama, le soutien aux femmes et aux écoliers », souligne Al-Bardissy. Il ajoute que l’Egypte contribuera activement à l’alliance grâce aux progrès qu’elle a réalisés pour lutter contre la pauvreté et garantir une vie décente à ses citoyens.
L’économiste Ahmed Bayoumi, du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, estime que « depuis une dizaine d’années, l’Egypte lance des initiatives présidentielles pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens ». Parmi ces initiatives figure Hayah Karima (vie décente), devenue un modèle international depuis son lancement en 2019. Elle cible 60 millions de citoyens, notamment les personnes âgées, les femmes divorcées ou veuves, les handicapés et les familles rurales, en leur offrant des services sanitaires et sociaux.
Sur un autre volet, Al-Bardissy souligne que « la pandémie de Covid-19 et la guerre Russie-Ukraine ont révélé une crise mondiale dans l’échange de graines et de produits alimentaires ». Il affirme que dans ce contexte, « l’Egypte entend jouer un rôle de médiateur grâce à sa position géographique stratégique et son influence politique, notamment en Afrique, la région la plus touchée par la pauvreté et la faim ». Lors des réunions du G20, le président Abdel Fattah Al-Sissi a renouvelé son appel à la création d’un centre mondial pour le stockage et la distribution des céréales et des denrées alimentaires sur le territoire égyptien. Ce centre viserait à garantir la sécurité alimentaire et à renforcer les chaînes d’approvisionnement.
Soutenir l’Afrique et le monde arabe
Bayoumi rappelle que l’Egypte, grâce à sa position centrale en Afrique et au Proche-Orient, cherche à coopérer avec les grandes puissances mondiales pour soutenir le continent africain et les pays arabes dans la réalisation des ODD. « Pour atteindre ces objectifs et partager son expertise en matière de politiques sociales, l’Egypte doit établir des partenariats internationaux pour financer le développement, transférer des technologies modernes et garantir la sécurité alimentaire », indique-t-il.
Il souligne également que l’Egypte aspire à jouer un rôle logistique dans la région : « L’Egypte construit actuellement un réservoir spécialisé au port Est de Damiette pour transporter le ciment liquide vers les pays voisins afin de les aider à reconstruire des logements adéquats et à atteindre les ODD ».
Selon lui, malgré les efforts déployés, « la faim continuera de toucher des millions de personnes dans les années à venir en raison des crises politiques et des effets du changement climatique ». Il estime que le financement sera une question cruciale pour le succès de l’Alliance mondiale. « Bien que l’alliance puisse contribuer à réduire l’insécurité alimentaire dans les cinq prochaines années, elle est encore loin de pouvoir l’éradiquer totalement », conclut-il.
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