C’est une nouvelle figure qui monte au créneau. Pour la première fois, le pape François a ouvertement réclamé dimanche 17 novembre une enquête sur la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza. Pour la première fois, il parle de « caractéristiques d’un génocide ». Une déclaration qui intervient alors qu’un comité spécial de l’ONU, chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, a présenté lundi 18 novembre à l’Assemblée générale de l’ONU à New York un rapport sur les pratiques israéliennes. Le rapport, rendu public jeudi 14 novembre, affirme que les méthodes de guerre employées par Israël à Gaza présentaient les « caractéristiques d’un génocide ». Dans ce rapport, couvrant la période allant du 7 octobre 2023, date du début de la guerre israélienne contre la bande de Gaza jusqu’à juillet 2024, le comité spécial onusien s’alarme des « pertes civiles massives » et de l’emploi de « la famine comme arme de guerre » et comme « punition collective ». Le rapport affirme également que la campagne israélienne de bombardements à Gaza aura des conséquences sur le long terme. Jusqu’en février 2024, les forces israéliennes avaient utilisé plus de 25 000 tonnes d’explosifs dans la bande de Gaza, « l’équivalent de deux bombes nucléaires », soit environ près de deux fois la bombe larguée sur Hiroshima, souligne le rapport.
Le 14 novembre également, un autre rapport a été présenté à l’ONU par l’ONG Human Rights Watch (HRW), selon lequel les ordres d’évacuation à répétition de l’armée israélienne dans la bande de Gaza mènent à des déplacements forcés de population constituant « un crime contre l’humanité », rappelant que le « transfert forcé » de civils est un « crime de guerre » au regard du droit international. Et ce, alors qu’en octobre, l’ONU a estimé à 1,9 million le nombre de Gazaouis déplacés par la guerre, sur une population totale estimée à 2,4 millions d’habitants au début du conflit. Selon HRW, les « actions d’Israël semblent également correspondre à la définition du nettoyage ethnique ».
Démenti israélien
Comme prévu, Israël a rejeté les accusations qu’il estime « totalement fausses » du HRW et du comité onusien. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’Israël fait l’objet de telles accusations. En mars 2024, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, affirmait dans un rapport qu’il existait « des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide ont été commis contre les Palestiniens à Gaza a été atteint ».
« Le droit international et le droit humanitaire définissent les crimes de guerre de manière très détaillée. Et dans sa guerre contre Gaza et contre le Liban, Israël viole tous les principes du droit », explique Ayman Salama, expert en droit international. Or, toute la question est de savoir pourquoi, malgré tous ces rapports, Israël jouit toujours d’une totale impunité. Selon le spécialiste, « rien ne peut être fait tant que les Etats-Unis, première puissance mondiale, soutiennent totalement Israël ». Pour preuve, alors que la Cour Internationale de Justice (CIJ) a ordonné le 24 mai dernier à Israël « d’arrêter immédiatement son offensive militaire » dans la ville de Rafah, Israël ne s’est pas conformé à cette décision. Pourtant, après le dernier rapport onusien, 14 pays ont annoncé leur intention de se joindre à la plainte de l’Afrique du Sud, qui a déposé plainte en décembre dernier devant la CIJ, accusant Israël de « génocide » dans la bande de Gaza. « Malgré tout cela, Israël continuera de jouir d’une impunité totale », estime Ayman Salama. Et de conclure : « Le maximum que les Palestiniens puissent avoir, ce sont des compensations matérielles pour la reconstruction de la bande de Gaza ».
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