S’adapter ou disparaître. « Les pays en développement ne doivent pas partir de Bakou les mains vides. Un accord est essentiel. Le monde doit payer, sinon l’humanité en paiera le prix », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en s’adressant à quelque 200 pays participant à la COP29 sur le climat à Bakou, en Azerbaïdjan, pour trouver un compromis sur l’aide financière. Placée sous le thème « Investir dans une planète vivable pour tous », la COP29 est surnommée la « COP du financement climatique ». En effet, dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, les pays développés doivent approuver avant 2025 un accord sur la modalité d’un « nouveau financement climatique collectif quantifié ». Ce nouvel objectif vise à mobiliser 1 000 milliards de dollars par an pour aider les pays les plus vulnérables à s’adapter aux effets du changement climatique. Il devrait donc remplacer celui fixé en 2009, qui prévoyait que les pays riches versent 100 milliards de dollars par an aux pays en développement d’ici 2020. Selon l’OCDE, cet objectif a été atteint et dépassé en 2022, mais le retard de deux ans a contribué à « l’érosion de la confiance collective ».
A Bakou, l’impasse
Cependant à Bakou, après dix jours de discussions intenses, les négociations entre les pays riches et les pays en développement ont atteint une impasse. Les pays sont divisés sur deux questions-clés : quelle somme sera versée et par quels pays ? Le compte à rebours a commencé, les négociateurs techniques ont laissé ces questions épineuses aux ministres du Climat et de l’Environnement, qui tentent depuis lundi de relancer les négociations. L’Egypte, en tant que l’un des « Etats de première ligne » les plus durement touchés par la crise climatique, a participé activement à ce sommet. Pour Le Caire, la mise en oeuvre des décisions de la COP27 de Charm Al-Cheikh, notamment en ce qui concerne le Fonds pour les pertes et dommages, est une priorité absolue. « La deuxième semaine de la COP29 doit être décisive pour faire face à la plus grande menace qui pèse sur notre planète. Cette conférence n’est pas une simple réunion ou une plateforme d’échanges, c’est une opportunité de sauver des vies », a déclaré Hanane Kaskas, responsable à Greenpeace Moyen-Orient et Afrique du Nord, une organisation environnementale mondiale. Et d’ajouter : « Alors que les dirigeants et les décideurs politiques tergiversent, notre région, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, continue de subir de plein fouet les conséquences désastreuses d’un changement climatique auquel nous n’avons pas contribué de manière significative. Le Sud global, en particulier notre région, attend que le Nord global tienne ses engagements et rembourse sa dette climatique ».
2024 : L’année la plus chaude jamais enregistrée
En effet, la COP de Bakou intervient après une année qui a vu un chaos climatique généralisé, ayant touché presque tous les coins du monde. L’année 2024 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée, selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
Le rapport publié le 7 novembre, trois jours avant la COP29, par le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), intitulé « Rapport sur l’écart d’adaptation 2024 : contre vents et marées », a souligné que si les mesures nécessaires ne sont pas prises rapidement, le monde dépassera probablement bientôt les 1,5°C de réchauffement et pourrait même atteindre une augmentation catastrophique de 2,6 à 3,1°C par rapport aux niveaux préindustriels d’ici la fin du siècle. Le PNUE a également souligné dans son rapport la nécessité de combler l’écart actuel de financement de l’adaptation estimé entre 187 et 359 milliards de dollars par an.
Défis économiques et géopolitiques
La question est de savoir si la COP29 proposera des solutions radicales. Le sentiment général est que la confiance internationale dans la capacité du sommet à trouver des solutions s’érode de jour en jour. Selon des observateurs, les défis sont immenses compte tenu de la situation économique mondiale actuelle, notamment en raison de l’inflation galopante et des perturbations du marché. Par ailleurs, ces négociations ne sont pas à l’abri des conflits et des tensions géopolitiques. Certains pays hésitent à conclure des accords contraignants comme la Chine et l’Inde. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui avait déjà adopté une politique environnementale isolationniste lors de son premier mandat, compromet les perspectives d’un accord solide à Bakou. En outre, les conflits entravent la coopération internationale en matière de climat. Parallèlement à la COP29 en Azerbaïdjan, les conflits et les guerres se sont intensifiés à travers le monde, en particulier l’agression israélienne à Gaza et au Liban, ainsi que les conséquences persistantes du conflit russo-ukrainien. Les conflits armés ont pour conséquence de réduire les sommes allouées par les grandes puissances à la lutte contre le changement climatique. La hausse des dépenses militaires mondiales en 2022, qui ont atteint 2,24 mille milliards de dollars, illustre cette tendance. Même après la fin des conflits actuels, le processus de la reconstruction pourrait entraîner une redistribution des priorités au détriment de la lutte contre le changement climatique.
COP29 et G20 : Deux sommets interconnectés
Les projecteurs sont braqués sur le Sommet du G20 qui se tient à Rio de Janeiro, au Brésil, le 18 novembre simultanément avec la seconde et dernière semaine de la COP29. Le G20 représente 85 % du PIB mondial et 80 % des émissions. La question climatique est inscrite à l’ordre du jour de ce sommet aux côtés de la guerre en Ukraine. Le président de la COP29, Mukhtar Babayev, a lancé un appel aux dirigeants du G20. « L’échec n’est pas une option. Il est toujours possible d’obtenir un résultat positif à la COP29, mais cela nécessite des concessions de la part des pays du G20 ».
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