Al-Ahram Hebdo : L’orientation pro-israélienne est un facteur commun chez l’équipe de Donald Trump. Quelles répercussions sur la guerre actuelle et plus généralement sur la question palestinienne ?

Nanis Fahmy : Malheureusement, c’est un soutien absolu non seulement à Israël mais aussi à l’extrême droite israélienne. Le président américain élu, Donald Trump, a choisi des personnalités qui soutiennent l’expansion d’Israël, le concept du « Grand Israël », et qui ne reconnaissent pas les droits des Palestiniens. On doit donc s’entendre à parler à nouveau de l’affaire du siècle. L’Administration Biden a commencé la guerre et celle de Trump la poursuivra. Un de ses objectifs sera de mettre fin aux mouvements de résistance en Palestine, au Sud-Liban et au Yémen, et d’affaiblir tous les alliés de l’Iran dans la région. Le retour de Trump va réduire à néant les espoirs des Palestiniens en un Etat, puisque sa nouvelle Administration est contre l’idée même de deux Etats.

— Les relations avec l’Iran seront en tête des priorités, à quoi doit-on s’attendre ?

— Comme les Etats-Unis, l’Iran a aussi un nouveau président réformateur qui veut une ouverture vers l’Occident et une relance du dialogue avec les Etats-Unis. Quant à la future Administration américaine, elle va exercer plus de pression sur l’Iran pour l’obliger à arrêter de soutenir ses alliés dans la région en échange d’une réduction des sanctions. En outre, Trump va tenter de faire pression sur certaines parties comme la Russie pour abandonner leur soutien à l’Iran en échange d’un règlement politique de certains conflits.

— Cela veut-il dire qu’un règlement à la guerre en Ukraine est prévu ?

— Trump a annoncé à plusieurs reprises son intention de mettre un terme au conflit en Ukraine. Le choix, à la tête du renseignement américain de Tulsi Gabbard, farouche opposante à l’interventionnisme militaire de Washington surtout en Ukraine, va dans le même sens. Mais tout se fera en fonction des intérêts américains. En contrepartie d’un deal, Trump fera pression sur la Russie pour qu’elle abandonne son soutien à l’Iran.

— La Russie acceptera-t-elle ?

— Si les Etats-Unis présentent un règlement politique qui convienne à la Russie, elle renoncera à soutenir l’Iran. L’important pour Moscou est de mettre fin à cette guerre conformément à sa vision. Par ailleurs, il y aura certainement un règlement équitable pour que l’Ukraine accepte.

— L’équipe de Trump présage aussi des relations houleuses avec la Chine. Jusqu’où peut aller la rivalité entre les deux pays ?

— En félicitant Trump, le président chinois, Xi Jinping, a insisté sur la nécessité de trouver un « terrain d’entente ». La Chine s’inquiète. Il y a une réelle guerre commerciale et des menaces américaines. Cependant, Trump a une mentalité d’homme d’affaires qui cherche toujours des deals qui vont dans l’intérêt des Etats-Unis et ce, dans tous les domaines.