La mer est un ami qui ne fait pas peur. Je sympathise néanmoins avec ceux qui expérimentent la plongée sous-marine pour la première fois. L’encouragement, les rires et les bonnes émotions rendent la mission plus facile.

Un signe avec 3 doigts d’une main signifie en langage de la mer « je vais bien ... je suis prêt ... tout va bien et j’ai assez d’oxygène ». Quatre jours de vacances en pleine mer peuvent changer à jamais votre vie. Cela vous insufflerait au moins une grosse dose d’énergie et de joie. Cette dose est supérieure au volume d’oxygène contenu dans ces tubes géants empilés sur les côtés du bateau.

Le livre Guide de la plongée à Hurghada, que j’ai trouvé à bord du bateau lors de mon voyage, dit que l’Egypte, depuis l’Antiquité, était et continue d’être toujours la plus importante destination de plongée au monde. Certains pays d’Asie de l’Est lui font concurrence, mais elle est mieux que tous les autres dans ce domaine en raison de la beauté et de la richesse de ses récifs coralliens et de la diversité des poissons et la richesse de la vie marine naturelle. Même les navires qui ont fait naufrage dans les profondeurs de ses mers ont coulé à l’issue d’incidents célèbres et passionnants à découvrir. Ils n’ont pas été coulés intentionnellement pour divertir les touristes comme on fait dans d’autres pays côtiers !

Les Anciens Egyptiens ont exploré les profondeurs de la mer Rouge et de la Méditerranée. Les dessins sur les parois des temples expliquent comment ils ont essayé de stocker l’air dans des vaisseaux construits en peau d’animaux pour pouvoir respirer sous l’eau !

En images, le livre revient sur l’expérience d’Alexandre le Grand (323-365 av. J.-C.) qui aurait plongé dans la Méditerranée dans une petite pièce vitrée. La mer Rouge en particulier était une voie commerciale pour les Arabes et les musulmans ... et ce, dès la seconde moitié du XIX^e siècle. Le monde entier connaissait Al-Tor et Al-Qosseir qui étaient alors des ports importants, et les navires savaient où se trouvaient les récifs coralliens, qui constituaient un danger pour les voies du commerce mondial.

Les Allemands ont accordé une grande attention à l’étude des poissons et des récifs coralliens de la mer Rouge et ont consacré de généreux budgets à ces études. Tandis que le mérite de produire des combinaisons de plongée dès 1837 revient aux Anglais. Après eux, le système respiratoire sous-marin a été développé par les Français à partir de 1863.

Loin des livres et de l’histoire, laissez-moi maintenant vous raconter mon agréable voyage en mer Rouge. Je vais vous emmener dans une balade agréable, excitante et surprenante à Hurghada, loin de la plage et des estivants habituels. Ces mémoires me rappellent Lady Gaga dans sa célèbre chanson du film A Star is Born.

Sa voix a soudainement résonné dans mes oreilles lorsqu’elle a dit : « Le rivage est devenu très loin … et il n’y a aucun moyen de battre en retraite maintenant … ». Je suis littéralement dans cette position maintenant, je porte un scaphandre entièrement équipé, et la mer est devant et derrière moi, et les marins me poussent pour que je saute.

En effet, j’ai été terrifiée lorsque j’ai réalisé pour la première fois à quel point le tube à oxygène qu’ils avaient fixé sur mon dos était lourd, ainsi que la grande ceinture qu’ils ont placée autour de ma taille, dans laquelle étaient rassemblés de lourds morceaux de plomb. Ils disaient que leur fonction était de résister à la flottabilité et d’accélérer ma descente vers le fond de la mer lorsque j’entrerais dans l’eau !

Le coach me disait cela pour que je sois rassurée, mais en réalité, ces paroles m’ont choquée et m’ont fait ouvrir les yeux au maximum avec étonnement. Je leur ai posé des questions sur ce tuyau qui m’empêche de parler. Je l’ai retiré de ma bouche pendant quelques secondes et je leur ai posé la question comme si je voulais qu’ils entendent ma voix une dernière fois avant de sauter. Ils m’ont encore expliqué que c’est le tuyau d’oxygène avec lequel je vais respirer, car sous l’eau, on respire uniquement par la bouche et pas par le nez, sauf quand on a besoin d’ajuster la pression de l’eau sur le tympan. Il y a un gros bouton dans le tuyau sur lequel il faut appuyer lorsque l’eau salée entre dans la bouche et la gorge. L’oxygène va alors repousser l’eau pour qu’elle ne remplisse pas ma gorge puis mon estomac !

Avant d’explorer les profondeurs marines, il faut se préparer.

 Le célèbre coach et son assistant évoquaient ces détails calmement, comme s’ils m’apprenaient le code de la route, alors que j’étais choquée à chaque mot. Je souriais car je me considérais comme une championne qui a fait ses preuves au cours d’expériences antérieures, pendant que le coach et son adjoint ont continué à me parler et m’ont dit : « Le plus important maintenant est de se rappeler les exercices dont nous vous avons précédemment parlé lorsque la pression de l’eau sur votre tympan devient intense ».

Je me suis rappelée soudain la déclaration écrite que j’ai signée à bord du bateau où j’affirmais que je suis en excellente santé et que celle-ci fait de moi une personne apte pour la plongée au niveau du coeur, de la pression sanguine, des oreilles, des poumons, de l’estomac. Je disais aussi que je n’ai aucun problème de santé au niveau du dos, des genoux, etc.

J’ai soudain l’impression d’avoir commis un acte de falsification ! Je connais maintenant la valeur de l’honnêteté envers soi-même et envers les autres.

Le monde du silence

Enfin, nous sommes dans un autre monde, séparés du bruit et de tout ce qui se passe à la surface. L’eau ici est un monde calme, pur et transparent … éclairé par les rayons du soleil qui viennent se refléter sur les poissons de toutes les couleurs qui passent devant nous en rangées et en groupes.

De grands poissons jaunes se déplacent avec l’assurance et la fierté des stars des maisons de couture internationales. Certains poissons se comportent comme s’ils ne nous voyaient pas. Il s’agit de très petits poissons argentés qui brillent comme les étoiles qui parsèment le ciel.

Nous sommes ici des hôtes dans ce monde silencieux ... où il n’y a pas de paroles vaines, pas de chansons et pas de bruit.

La communication humaine avec des signes des doigts et des mains, les yeux cachés derrière les lunettes de plongée, ne peut être exercée que par des experts qualifiés. Pour plonger, on lâche la corde attachée au bateau d’où on a sauté.

On bouge les bras et on commence à nager vers les récifs coralliens vers lesquels nous guide l’entraîneur. On compte beaucoup sur la poussée des palmes qu’on porte aux pieds pour surmonter le courant d’eau.

La plongée pour débutants se fait à des profondeurs qui ne dépassent pas les 5 mètres, cela dure 25 minutes au plus. Cette durée est largement suffisante la première fois pour prendre confiance, admirer les poissons aux magnifiques couleurs et prendre des photos ou des vidéos en souvenir de cette expérience exceptionnelle.

Vous aimerez ce monde sous-marin et vous y reviendrez, vous oublierez le temps et la peur.

Mais, pour beaucoup, cette expérience ne doit pas durer longtemps de crainte que l’eau salée n’entre dans la bouche ou à cause de la pression sur les tympans.

Quelques leçons

Respirer sous l’eau est difficile. Lorsque vous plongez dans l’eau, la mer vous en dira plus. La mer vous dira que peu importe les équipements et les survêtements, l’essentiel est d’être suffisamment courageux pour vivre une expérience merveilleuse. Elle vous dira : « Oubliez tout ce qui se passe sur terre tant que vous êtes entre ces vagues, reportez tous vos problèmes et laissez la place à la joie et à l’émerveillement. La plongée est un passe-temps pour les courageux. Plongez maintenant et réfléchissez plus tard ».

Retour au bateau

J’ai commencé à reprendre mon souffle de manière naturelle. J’ai découvert que la plongée était formidable, mais que je préférais nager et remonter m’asseoir à l’avant du bateau comme l’héroïne du Titanic.

J’aimerais à présent vous présenter mes compagnons dans cette excursion exceptionnelle.

Samir El-Seguiny est un entraîneur professionnel de plongée à Hurghada connu sous le nom du « docteur ». Chirurgien de profession, les vagues de la mer l’appellent chaque jour avec nostalgie et amour !

Un geste de ses doigts à 100 mètres de profondeur peut vous sauver des requins ou vous empêcher de perdre l’équilibre à l’intérieur de l’épave d’un navire qui gît dans les eaux profondes depuis la Seconde Guerre mondiale ! Ces gestes peuvent signifier : Suivez-moi, continuez à nager, ou essayons d’atteindre de nouveaux espaces, plus profonds et plus beaux.

Adham, Abdullah et Youssef, trois marins extrêmement dynamiques et généreux avec les invités du bateau. « J’ai 14 ans. Je suis originaire d’Assouan. Je suis habitué au tourisme et aux étrangers, mais j’adore la mer. J’aime sa couleur bleue et j’aime aider tout le monde, même s’il s’agit de préparer du thé ou de passer une combinaison de plongée et des équipements à ceux qui le demandent », dit Adham avec entrain.

Rim Aïzouq ou la philosophe de la mer. Sa mission est de photographier les profondeurs, les plongeurs. Elle est aussi chargée du sauvetage et des soins de première nécessité en cas de besoin. « Je m’évade vers la mer en quête de calme et pour fuir le bruit de la terre, les gens et les problèmes de toutes sortes », confie cette jeune Syrienne.

Ahmed Al-Ghar, le plongeur cultivé qui aime les livres, est la source du rire sur le bateau. « La mer est un ami qui ne m’effraie pas, je sympathise avec ceux qui essaient de plonger pour la première fois. Les encouragements, les rires et la gentillesse facilitent beaucoup les choses. La mer a une langue que seuls ses habitants connaissent. Les passionnés de la mer l’ont apprise et se sont réfugiés dans son étreinte. Loin du bruit des rues et de la dureté de la terre, ils cherchent la sécurité dans son silence et trouvent en elle un don généreux loin de l’égoïsme et de la cupidité », dit-il avec philosophie.