El Nasr a pour objectif d’exporter des bus vers les pays arabes.
El Nasr Automotive, le plus ancien constructeur automobile d’Egypte, reprend ses activités après une pause de 15 ans. Cette entreprise publique, autrefois figure emblématique de la production automobile dans le pays, a officiellement relancé ses opérations. Cette semaine, le premier lot de bus électriques fabriqués par El Nasr, en partenariat avec la société chinoise Yutong, a été livré à des entreprises affiliées au ministère des Transports.
Le premier ministre, Mostafa Madbouly, a assisté à la cérémonie marquant la reprise de la production dans l’usine de bus le 16 novembre. Selon un communiqué du Conseil des ministres, ces bus comptent parmi les modèles les plus modernes en matière de technologie et d’efficacité. D’une capacité de 49 passagers et mesurant 12 mètres de long, ces véhicules illustrent le potentiel de l’usine, dont la production actuelle atteint 300 bus par an. Cette capacité devrait être portée à 1 500 bus par an d’ici 2027, avec un taux d’intégration de composants locaux initialement de 50 %, visant 60 à 70 % à terme.
L’entreprise prévoit également d’exporter ses bus vers d’autres pays arabes. « Si El Nasr parvient à développer une véritable industrie de composants de production, l’industrie automobile locale connaîtra une croissance significative », estime Khaled Saad, secrétaire général de l’Association des constructeurs automobiles. Selon lui, l’Egypte dispose d’un fort potentiel d’exportation vers les pays africains, notamment grâce à des accords commerciaux facilitant les échanges sans droits de douane ni taxes. « Nous avons également des accords avec l’Europe, la Turquie et les pays des BRICS, ce qui offre de nombreuses opportunités à l’industrie automobile égyptienne », ajoute Khaled Saad.
Des voitures pour particuliers en 2025
El Nasr prévoit aussi de produire des minibus électriques. Lors de la cérémonie, le premier ministre a assisté à la signature d’un contrat pour la création d’une société par actions de 10 millions de dollars. Ce partenariat regroupe El Nasr Automotive, la société singapourienne-taïwanaise Tron Technology et la société émiratie Eur Transit. L’objectif est de produire le premier minibus électrique (24 passagers) destiné aux villes et au secteur touristique, avec une capacité de production prévue de 300 unités en 2026. Par ailleurs, une ligne de production de batteries électriques, d’une capacité initiale de 600 unités par an, sera mise en place dès 2026, avec une augmentation prévue à partir de 2027.
Khaled Shedid, directeur général d’El Nasr Automotive, a souligné que la vision de l’entreprise est d’exploiter toutes ses usines et de développer des industries auxiliaires pour renforcer la chaîne de valeur locale. Les projets futurs incluent l’extension de la production vers des véhicules légers, des voitures de golf et des tok-toks électriques.
Le premier ministre a également visité le projet de rénovation de l’usine de voitures pour particuliers, dont les travaux devraient s’achever le mois prochain. Des lignes de production d’une capacité de 20 000 voitures par an (par shift) y sont en cours d’installation. Les essais de production sont prévus pour la mi-2025, avec un taux d’intégration locale initial dépassant 45 %.
« Cette capacité de production est impressionnante, notamment par rapport aux besoins du marché égyptien », commente Khaled Saad. En 2023, 100 000 véhicules ont été vendus en Egypte, toutes catégories confondues, dont 40 000 produits localement. « La relance d’El Nasr constitue un ajout majeur à l’industrie automobile nationale », affirme-t-il.
Pour bénéficier de la stratégie gouvernementale de développement de la production automobile, les entreprises doivent atteindre un seuil de production de 20 000 véhicules par an. « Les usines éligibles peuvent récupérer 20 % de leur capital d’exploitation sous forme de réductions fiscales, douanières ou d’impôts », explique Khaled Saad.
Le gouvernement égyptien cherche à réduire la dépendance à l’égard des importations dans le secteur automobile et à promouvoir la production locale. En 2022, il a introduit un programme de développement de l’industrie automobile, offrant des incitations aux producteurs. Cependant, des désaccords non divulgués avec certains partenaires potentiels, notamment chinois et indiens, avaient auparavant retardé la modernisation d’El Nasr.
Avec la hausse vertigineuse des prix des voitures en Egypte, les modèles économiques qui seront produits par El Nasr pourraient se positionner comme une alternative compétitive. Par exemple, des modèles populaires comme la Nissan Sunny ou la BYD, vendus autour de 200 000 livres égyptiennes il y a quelques années, atteignent aujourd’hui environ 800 000 livres, conclut Khaled Saad.
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