« Nous devons accélérer le passage des engagements à l’action concrète », a déclaré le premier ministre, Mostafa Madbouly, lors de son intervention au sommet de haut niveau de la COP29, à Bakou. La participation égyptienne à ce sommet revêt une importance capitale car elle offre une plateforme à l’Egypte pour partager sa vision d’un consensus mondial sur le climat et pour plaider en faveur d’une augmentation des financements. Pour l’Egypte, la COP29 est également une opportunité de consolider les acquis. Dans son discours au nom du président de la République, Madbouly a souligné que « la conférence de Bakou est une occasion de réaffirmer l’engagement de toutes les parties à mettre en oeuvre leurs engagements, en particulier en matière de financement des pays en développement ». Et d’ajouter : « L’Egypte a réussi, lors de la COP27, à parvenir à un consensus mondial pour créer un fonds, afin d’aider les pays à faire face aux pertes et aux dommages causés par les effets néfastes du changement climatique. En plus, l’Egypte a réussi à inscrire les questions de l’énergie et de l’eau dans les décisions officielles de la conférence et a créé la plateforme de Charm Al-Cheikh pour le partenariat sur l’adaptation ».
A la COP29, l’Egypte ne parle pas seulement en son nom, mais aussi au nom de l’Afrique. Madbouly a rappelé que les pays africains consacrent déjà 5 % de leur PIB à faire face au changement climatique et que le rôle principal dans le financement des projets d’adaptation doit revenir aux pays développés. « Les dons et les prêts à des conditions concessionnelles doivent constituer la majeure partie de ce financement, car les prêts commerciaux ne peuvent pas être considérés comme un financement climatique en raison de l’augmentation de la dette qu’ils entraînent », explique-t-il.
Une approche nationale intégrée
En effet, l’Egypte est l’un des pays les plus menacés par les effets du changement climatique, bien que les émissions de gaz à effet de serre de l’Egypte ne représentent que 0,6 % des émissions mondiales, l’élévation du niveau de la mer, l’intrusion d’eau salée, la perte de terres fertiles, la réduction de la productivité agricole, l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes, la diminution du débit du Nil sont autant de défis qui menacent l’Egypte. Face à ces défis, l’Egypte a adopté une approche nationale intégrée pour la transition vers un développement durable et respectueux de l’environnement, comme l’a expliqué Madbouly à la COP29. La stratégie climatique à l’horizon 2050 et la stratégie de développement durable 2030 ont pour objectif d’orienter les investissements vers des projets de transition écologique. Il s’agit aussi de porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 42 % d’ici 2030.
L’Egypte a également lancé la plateforme NWFE (Nexus de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie) qui regroupe les projets prioritaires à mettre en oeuvre dans ces secteurs.
Participation active
A la COP29, l’Egypte multiplie les initiatives. Une délégation ministérielle a participé à de nombreux sessions, dialogues et événements parallèles pour présenter les avancées de l’Egypte en matière de lutte contre le changement climatique et pour attirer des investissements verts et climatiques. Lors de sa rencontre avec le CAN, un réseau de plus de 1 900 organisations de la société civile à travers le monde, la ministre de l’Environnement, Yasmine Fouad, a souligné l’importance de répondre aux besoins des pays en développement. « Les défis de financement continueront d’entraver la capacité de la plupart des pays en développement à honorer leurs engagements nationaux et à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris en matière d’atténuation et d’adaptation », a souligné Yasmine Fouad.
Lors de sa participation au lancement du rapport du Groupe d’experts de haut niveau sur « l’élévation des ambitions et l’accélération des progrès vers le financement climatique », la ministre de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale, Rania Al-Mashat, a présenté, pour sa part, les efforts de son ministère pour élargir le rôle du secteur privé dans l’action climatique. « De 2020, plus de 11 milliards de dollars de financements concessionnels ont été dirigés vers le secteur privé. L’Egypte vise à doubler la part des projets verts dans son plan d’investissement, passant de 40 % à 50 % dans les prochaines années », a ajouté Rania Al-Mashat.
Lors du Forum sur la durabilité de la dette organisé dans le cadre de la Journée du financement de la COP29, le ministre des Finances, Ahmed Kouchouk, a indiqué que la réalisation des objectifs de développement et de climat nécessite des instruments financiers innovants, tels que les obligations vertes et les échanges de dette contre des investissements verts. « L’Alliance pour la dette en faveur du développement durable, lancée à Charm Al-Cheikh, constitue une solution prometteuse pour financer la transition vers une économie verte », a conclu Kouchouk.
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