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Merveilles de l’Egypte ptolémaïque

Samar Zaree , Mercredi, 13 novembre 2024

Le Musée de la Bibliothèque d’Alexandrie a inauguré le 21 octobre l’exposition « Trésors de Taposiris Magna, à la recherche de Cléopâtre  ». L’exposition, qui dure pour 6 mois, regroupe les plus importantes pièces découvertes sur ce site d’Alexandrie remontant à l’époque ptolémaïque. Focus.

Merveilles de l’Egypte ptolémaïque

Des pièces archéologiques importantes du site de Taposiris Magna, à l’ouest de la ville d’Alexandrie, sont actuellement exposées au public dans le cadre de l’exposition « Trésors de Taposiris Magna, à la recherche de Cléopâtre », organisée par le Musée des antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, en coopération avec la mission dominico-égyptienne. L’exposition a ouvert ses portes le 21 octobre et durera pour six mois. « Nous sommes heureux d’inaugurer l’exposition Trésors de Taposiris Magna à la Bibliothèque d’Alexandrie. L’exposition offre au public une collection exceptionnelle de pièces découvertes durant des fouilles effectuées en Egypte. Ces pièces sont en très bon état de conservation. Chaque pièce de la collection raconte un chapitre unique d’une vaste histoire s’étendant sur des milliers d’années, celle d’une communauté qui a captivé le monde pendant des siècles : statues finement sculptées, outils de la vie quotidienne, objets artistiques ou ayant trait aux pratiques religieuses, etc. », a dit Ahmed Zayed, directeur de la Bibliotheca Alexandrina, lors de l’inauguration. Et d’ajouter: « Je dois vous dire que le déplacement de ces pièces de leur ancien emplacement vers la salle d’exposition à la bibliothèque a nécessité un grand dévouement et une grande coopération de la part de notre équipe d’archéologues, d’historiens et de défenseurs de l’environnement. Un grand effort a été fourni pour garantir que chaque objet soit transporté et exposé avec le respect et le soin qu’il mérite, puisque cette exposition n’est pas seulement une vitrine sur le merveilleux patrimoine culturel égyptien, mais aussi le reflet de notre engagement continu en faveur de la préservation de l’histoire humaine ».

Un site important

La région de Taposiris Magna est l’un des sites archéologiques les plus importants de l’Egypte, situé à environ 47 kilomètres à l’ouest d’Alexandrie. Le site, qui remonte à l’époque ptolémaïque (305-30 av. J.-C.), est considéré comme l’un des centres religieux les plus importants de l’antiquité. L’exposition Trésors de Taposiris Magna s’inscrit dans le cadre d’une série d’activités culturelles organisées par la Bibliothèque d’Alexandrie pour accroître la sensibilisation à l’ancien patrimoine égyptien et faire mieux connaître la richesse de l’histoire de l’Egypte.

« C’est la première fois que le Musée de la Bibliotheca Alexandrina organise une exposition temporaire consacrée à des objets provenant de fouilles sur des sites archéologiques. Généralement, nous avons des pièces qui ont été offertes à la bibliothèque afin qu’elles soient stockées de manière permanente », affirme pour sa part Hussein Abdel-Bassir, directeur du Musée de la Bibliotheca Alexandrina.

Selon lui, l’exposition offre au visiteur l’occasion de découvrir le site de Taposiris Magna, connu aussi sous le nom d’Abou-Sir et qui remonte à l’époque ptolémaïque. Ce site abrite un temple qui aurait été dédié au culte de la déesse Isis, ainsi qu’un cimetière qui comprend un certain nombre de tombes creusées dans la roche.

En 2005, les débuts

« Les fouilles à Taposiris Magna ont commencé en 2005. A l’époque, j’étais secrétaire général du Conseil suprême des antiquités. J’ai rencontré Kathleen Martinez-Nazar de la République dominicaine qui m’a convaincu que Cléopâtre était liée à Isis et Marc-Antoine à Osiris. Les deux pourraient être enterrés à l’intérieur du temple de Taposiris Magna. Ce site a joué un rôle important non seulement dans l’histoire de l’Egypte Ancienne, mais également au cours des périodes grecque et romaine », affirme pour sa part Zahi Hawas, ancien ministre des Antiquités. Et d’ajouter: « Les Anciens Egyptiens croyaient que le dieu Seth avait découpé le corps d’Osiris et dispersé ses membres dans 14 endroits différents. Il se peut que Taposiris Magna soit l’un de ces endroits. Tout le monde cherche la tombe d’Alexandre le Grand mais personne ne cherche celle de Cléopâtre, c’est pourquoi j’ai pensé que fouiller le temple pourrait être une excellente idée pas seulement au niveau des découvertes archéologiques, mais aussi pour attirer l’attention vers l’Egypte ».

Statues royales et obélisque

Les fouilles sont le fruit d’un travail conjoint entre la mission dominicaine et le Conseil suprême des antiquités qui a duré 11 ans. D’importants objets ont été découverts, notamment des statues royales, un dépôt qui était rattaché au temple de Taposiris Magna sous le règne de Ptolémée IV, ainsi que de nombreux artefacts et poteries de cette époque et un important obélisque portant des inscriptions indiquant que Ptolémée V a offert le temple aux prêtres d’Isis.

Kathleen Martinez-Nazar, cheffe de la mission dominico-égyptienne dans la région de Taposiris Magna, indique que les activités archéologiques menées par la République dominicaine en Egypte ont été largement appréciées et que la mission a réalisé d’importants travaux de fouille et de restauration. « Le principal objectif du projet de Taposiris Magna était de rechercher la tombe de Cléopâtre et de mener des fouilles archéologiques systématiques à différents endroits du site dans le but d’obtenir des données permettant de déterminer sa réalité historique et chronologique », affirme-t-elle.

Martinez-Nazar affirme encore que les couches de sol, de sédiments et de débris qui se sont accumulées au fil du temps et les assemblages de céramiques trouvées sur le site indiquent l’importance de Taposiris Magna en tant que porte commerciale vers l’Egypte, par laquelle entraient des marchandises et des personnes de toute la région méditerranéenne.

« Parmi les pièces les plus importantes de l’exposition figurent des panneaux découverts en 2006 qui confirment que le sanctuaire central était dédié au culte de la déesse Isis. Il s’agit d’une sculpture en calcaire sur laquelle se trouve inscrit un décret sacerdotal confirmant l’importance divine des deux statues du roi et de la reine ptolémaïques découvertes à l’intérieur du temple en 2011 », explique Martinez-Nazar.

Parmi les autres découvertes importantes se trouvent un grand nombre de momies en mauvais état de conservation, parmi lesquelles deux momies couvertes d’une couche de cartonnage. L’une porte des traces d’or avec des décorations qui représentent Osiris, alors que la seconde momie est coiffée d’une couronne, avec des cornes dorées et un cobra sur le front et au cou. Elle porte également un collier orné d’un pendentif en forme de tête de faucon, symbole du dieu Horus. Ces momies, trouvées dans des « localis », qui sont des excavations dans les murs du temple dans lesquelles on plaçait les momies, ont donné une idée sur les rituels d’inhumation et de momification à l’époque gréco-romaine, puisque à cette époque, il existait plusieurs méthodes d’inhumation dont les plus connues sont les « localis ». On trouve aussi des « klinium » qui sont des cercueils à couvercle comme on en trouve dans les catacombes de Kom Al-Choqafa.

A noter qu’à l’extérieur du temple, et parmi les découvertes, il y avait une série de tunnels d’environ 25 mètres de profondeur s’étendant vers la mer. Les recherches suggèrent qu’une partie de Taposiris Magna a été engloutie. Une équipe de l’administration centrale des antiquités englouties du Conseil suprême des antiquités d’Alexandrie travaille actuellement pour explorer les secrets de la ville.

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