Les Bourses mondiales ont salué la victoire de Trump aux élections américaines. (Photo : AP)
La victoire du candidat républicain Donald Trump à l’élection présidentielle américaine a fait basculer les marchés financiers mondiaux et fait grimper le dollar. Dès l’annonce de sa victoire, les indices S&P 500 et Dow Jones Industrial (DJI) ont enregistré leur meilleure hausse hebdomadaire en pourcentage depuis début novembre 2023. Les marchés européens et arabes, y compris la Bourse égyptienne, se sont trouvés dans le vert. « Les attentes d’une baisse des impôts sur les sociétés et d’une déréglementation ont propulsé le Nasdaq à un niveau record de clôture pendant trois séances consécutives. Le S&P a enregistré sa 50e clôture record de l’année », affirme l’agence britannique Reuters. De même, le dollar a aussi enregistré sa plus forte hausse en huit ans (+ 1,65 %) face aux autres devises, dont la livre sterling, l’euro et le yen.
Les dernières évolutions sur les marchés financiers après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle américaine soulèvent des interrogations sur l’impact de la victoire de Trump sur l’économie mondiale et celle de la région, y compris en Egypte. Hussein Soliman, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, affirme à l’Hebdo qu’il est très tôt pour déterminer cet impact. « Cependant, l’arrivée de Trump de nouveau à la Maison Blanche va changer la donne actuelle et marquera sans doute un tournant pour le commerce mondial », assure-t-il. Il justifie son opinion en analysant deux déclarations de Trump pendant sa campagne électorale. La première concerne son intention d’adopter des politiques protectionnistes en vue de protéger l’industrie américaine face à son concurrent chinois. « Trump veut utiliser les tarifs douaniers comme source principale de financement budgétaire à la place des impôts sur les revenus. Cela signifie qu’il y aura des hausses importantes des tarifs douaniers aux Etats-Unis sur les produits en provenance de Chine », explique Hussein Soliman. Et d’ajouter que le retour de l’économie américaine à des politiques protectionnistes inquiète plusieurs pays de l’Union européenne et menace de faire reculer le commerce mondial.
Le vice-président de la Banque Centrale Européenne (BCE) a mis en garde contre ces répercussions, lors de ses déclarations après la victoire de Trump. « Si les Etats-Unis venaient à imposer des droits de douane de 60 % à la Chine ou à tout autre pays, cela pourrait avoir un impact négatif sur la croissance économique et l’inflation à l’échelle mondiale », a-t-il déclaré, ajoutant que la BCE tiendra compte de toute nouvelle politique annoncée par la nouvelle Administration américaine et décidera ensuite de la manière d’y faire face.
Impact sur les pays de la région MENA
Hussein Soliman indique que les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (région MENA) vont en revanche profiter de toute décision américaine d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les pays de l’Union européenne. « L’Union européenne pourrait transférer son commerce et ses investissements des Etats-Unis aux pays les plus proches géographiquement, comme l’Afrique du Nord », estime le chercheur. Avis partagé par Hanan Ramsis, membre du conseil d’administration de la société de courtage El Horreya. Pour elle, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite seront les plus grands bénéficiaires des investissements européens. « L’imposition de droits de douane par Trump va soutenir le dollar américain en réduisant les dépenses sur les biens importés, ce qui favorise les économies des pays du Golfe liées au dollar », renchérit Ramsis.
La deuxième déclaration de Trump avait trait à la baisse des impôts sur les sociétés, en particulier celles qui investissent dans l’industrie pétrolière. « Le républicain est un fervent défenseur des énergies fossiles et il éprouve une certaine hostilité à l’égard de l’économie verte. Et donc, le marché s’attend à des conditions favorables pour les producteurs de pétrole américains, ce qui conduirait à une offre encore plus abondante de la part des Etats-Unis », explique Hussein Soliman. Et d’ajouter que l’impact sur les pays du Golfe, qui dépendent des revenus pétroliers, serait important en cas de recul des prix.
La banque américaine Citigroup note dans son rapport publié au lendemain de la victoire de Trump que son deuxième mandat pourrait favoriser une baisse des prix de pétrole en 2025, en assouplissant les restrictions imposées aux producteurs américains et en exhortant peut-être l’OPEP à abandonner les restrictions sur l’approvisionnement.
Citigroup prévoit le recul du prix du baril de pétrole à 60 dollars l’année prochaine contre 75,27 dollars actuellement pour le Brent, en raison d’éventuels droits de douane et de l’augmentation des approvisionnements en pétrole.
La banque souligne en outre que les politiques de Trump pourraient avoir des effets mitigés sur la croissance économique mondiale, mais qu’elles seraient négatives pour l’Europe et la Chine, qui risquent d’imposer des droits de douane élevés. « Cela pourrait affecter la croissance de la demande mondiale sur le pétrole. Les prévisions actuelles de la demande mondiale sur le pétrole pour l’année prochaine est de 0,9 million de barils par jour », affirme la banque dans son rapport.
Lien court: