Affichant le slogan « Ensemble, pour une société des libertés », Ali Benflis se lance dans un deuxième duel à la présidentielle contre Bouteflika. Le premier était en 2004, quand Benflis n’était parvenu à récolter que 6,42 % des voix contre Bouteflika, qui avait remporté l’élection avec quasiment 85% des voix. Pour Benflis, « le gagnant en 2004, c’était la fraude ». Et pour la combattre, cette fois-ci, le candidat indépendant envisage d’implanter, le jour du scrutin, un observateur dans chacun des 60000 bureaux de vote.
Agé de 69 ans, Benflis a un long parcours politique. Il est nommé ministre de la Justice en 1988 dans le gouvernement de Kasdi Merbah. Un poste qu’il a conservé pendant trois ans sous les gouvernements de Hamrouche et, ensuite, de Sid-Ahmed Ghozali. En 1999, il dirige la campagne électorale de Bouteflika qui, à la tête du pays, le nomme secrétaire général, puis directeur de cabinet de la présidence, enfin chef de gouvernement en août 2000. Benflis prend dans la foulée le secrétariat général du FLN (parti au pouvoir). En 2003, le gouvernement Benflis tombe. C’est après sa défaite à la présidentielle de 2004 que Benflis démissionne de son mandat de secrétaire général du FLN et disparaît pour dix ans de la scène politique. Durant cette période, Benflis dit avoir bien préparé son retour. Il a présenté sa candidature le 19 janvier dernier. Il a dit : « J’ai rassemblé tous mes soutiens de 2004, et je les ai multipliés par 60 % ». Invisible, Bouteflika mène sa campagne par procuration. Lui, Benflis, sillonne toutes les régions à bord d’un avion. Ses comités de soutien sont très actifs sur le terrain, à l’étranger et sur le Web. Il a tenté de gagner les voix des islamistes en admettant qu’il « était inacceptable qu’une partie de la population soit exclue du champ politique ». Il s’abstient, en revanche, d’adresser des critiques à l’institution militaire ou aux services de renseignements. Il présente dans son programme électoral des garanties pour les militaires, en promettant « de réviser les pensions de retraite de l’armée pour améliorer leurs conditions sociales ».
Si ce candidat indépendant semble cette fois-ci plus armé, ses chances sont toutefois, selon Khaled Al-Sergani, politologue à Al-Ahram, très limitées. « C’est un candidat sans base institutionnelle. Le soutien de l’Etat, notamment de l’armée, est un facteur décisif aux élections algériennes ». De plus, le discours de Benflis n’apporte rien de nouveau. Issu du même parti et de la même génération politique que Bouteflika, Benflis est une partie intégrante du système. C’est pourquoi son opposition vise principalement la personne du chef de l’Etat, plutôt que le système en place.
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