Elle remonte à la publication d’une décision du Synode de Vienne en 1312 après J.-C., qui a établi un certain nombre de chaires d’arabe, d’hébreu et de syriaque dans les universités de Paris, Oxford, Bologne, Avignon et Salamanque. D’autres font remonter les débuts de l’orientalisme à l’émergence du terme en Angleterre en 1779 et en France en 1799.
Quiconque suit de près le discours politique israélien du 7 octobre 2023 tirera trois conclusions majeures montrant que l’esprit politique israélien est toujours soumis aux théories historiques de l’orientalisme, étant donné que les plus célèbres et les plus influents parmi les orientalistes étaient des juifs. Cet esprit politique d’extrême droite n’a pas la capacité à lire la réalité politique et sociale arabe et il lui manque également l’imagination politique nécessaire pour envisager les conséquences de ses actions. Il perçoit le monde à travers ses idées et ses illusions et non à travers la réalité telle qu’elle est.
Ainsi, les sociétés musulmanes sont premièrement perçues comme des sociétés non organisées. Par conséquent, elles ne connaissent pas le concept d’institution et ne réalisent pas non plus la valeur de l’organisation, leurs activités tournant souvent autour d’un leader. Tout au long de sept siècles, l’orientalisme n’a pas étudié les institutions scientifiques ou éducatives des musulmans. Au contraire, il s’est concentré uniquement sur les contributions de personnalités spécifiques, considérées comme des fragments de leur époque et des phénomènes individuels typiques des sociétés primitives. Les orientalistes se sont concentrés sur un certain nombre d’érudits musulmans dans des spécialités particulières sans les considérer comme faisant partie d’une approche scientifique d’un établissement ou d’une école spécifique. Partant de cette compréhension, Israël aborde les organisations palestiniennes et libanaises selon la même logique, croyant que tuer les dirigeants signifie la fin de l’organisation, ignorant que ces personnes ont été capables d’établir des institutions avec la même perception occidentale de l’institution. La disparition de dirigeants ne signifie pas la disparition de l’institution. Au contraire, selon l’idéologie de certaines de ces organisations, notamment chiites, tuer le leader peut signifier l’expansion de l’organisation, même si celle-ci souffre de confusion et de faiblesse pendant un certain temps. Quiconque examine l’histoire de ces organisations constatera que la disparition des dirigeants, notamment par assassinat ou exécution, ne fait qu’accroître leur force.
Ensuite, les orientalistes croient que les sociétés arabes sont tribales et que la tribu ou le clan est le point final de la loyauté. Ils estiment que la représentation optimale de ces sociétés est celle du cheikh de la tribu ou du clan. Les dirigeants israéliens cherchent donc à appliquer cette théorie à Gaza et en Cisjordanie, oubliant que ces sociétés vivent au XXIe siècle. Ce qui est particulièrement regrettable, c’est que l’un des principaux professeurs de stratégie et de sciences politiques à l’Université Bar-Ilan, Mordechai Kedar, a expliqué en détail ce plan dans le programme de débat diffusé par la chaîne israélienne i24 NEWS, le jeudi 24 octobre 2024, en prenant comme exemple de nombreux pays arabes ayant réalisé des percées dans le domaine du développement et de la modernisation. Il a l’illusion que ces sociétés sont gérées par des clans et estime donc qu’il ne serait pas étrange qu’Israël organise les Palestiniens en clans, affirmant qu’il n’est pas nécessaire qu’Israël ait affaire à l’Autorité palestinienne, qui devrait disparaître dans le futur, selon cette même perspective.
Enfin, les orientalistes soutiennent que les Arabes sont des nomades qui ne s’installent pas et ne peuvent pas bâtir une civilisation parce que cela nécessite stabilité et lien avec la terre. Par conséquent, Israël, qui se présente comme le plus moral et le plus juste des pays au monde, adopte une politique de déplacement forcé ou volontaire des bédouins nomades en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Dans un second temps, ils peuvent être déplacés vers des régions où il y a des pâturages pour le bétail et les moutons. Une telle mentalité peut permettre de remporter des victoires par la force des armes, la technologie, l’intelligence artificielle et les généreux financements américains et européens, mais elle n’atteindra pas un stade de maturité qui lui permettra de devenir une partie intégrante de cette région. Son inévitable destin est le retour de ces populations déplacées à leur terre natale, comme les Croisés qui sont rentrés chez eux après plus de 200 ans de présence en Palestine.
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