Repenser l’urbanisation de l’Afrique, réinventer l’habitat et améliorer la gestion de ses infrastructures de base : la 12e édition du Forum urbain mondial s’est penchée sur des questions fondamentales pour le continent. En effet, l’Afrique connaît une vague d’urbanisation rapide due à l’exode rural et à sa croissance démographique galopante. Selon une étude de l’ONU-Habitat publiée à l’occasion de cet événement, « près d’un milliard de personnes s’entassent dans des quartiers informels irréguliers non planifiés. La population des bidonvilles augmente de 25 millions par an, soit 70 000 personnes supplémentaires par jour. Un phénomène très préoccupant en Afrique subsaharienne. Les grandes villes d’Afrique abriteront jusqu’à 85 % de sa population d’ici 2025 ».
A cause de cette tendance, la prolifération des agglomérations urbaines n’est pas toujours synonyme de prospérité, bien au contraire. Cette urbanisation rapide témoigne, toujours selon l’étude de l’ONU-Habitat, d’une combinaison de trois facteurs : « le manque d’emplois urbains décents, ainsi que les insuffisances de la planification et de la bonne gestion des villes ». Cette croissance rapide de la population urbaine, bien qu’elle ait contribué à soulager les zones rurales surpeuplées, n’a pas été accompagnée d’un développement économique suffisant pour créer les emplois et les revenus escomptés. Cette situation a engendré une instabilité croissante, notamment en raison de l’émergence de poches de pauvreté de plus en plus importantes, difficiles à intégrer dans le développement. Malgré ces défis, l’Afrique a connu une urbanisation massive, avec l’apparition de plus de 1 100 nouvelles agglomérations urbaines abritant près de 110 millions de nouveaux habitants.
Le déficit de l’investissement
Pourtant, l’urbanisation en Afrique varie selon les régions, chaque zone possédant ses propres contextes géographiques et historiques. L’Afrique de l’Est a le taux de population urbaine le plus faible, tandis que l’Afrique australe et l’Afrique du Nord sont en tête de la croissance urbaine. Elles sont suivies par l’Afrique centrale et de l’Ouest, qui abritent certaines des plus grandes mégapoles du continent. Quant à l’Afrique subsaharienne, son taux d’urbanisation atteindra 60 % d’ici 2050. D’après un rapport de l’Union africaine, « le manque d’infrastructures et de services, les établissements anarchiques, les économies informelles, la dépendance à l’égard de l’extraction et des exportations de matières premières, ainsi que les lacunes institutionnelles continuent de saper les liens entre urbanisation et industrialisation dans de nombreux pays africains ».
L’un des principaux défis de l’urbanisation rapide est le manque d’investissements dans les infrastructures pour soutenir cette croissance. Outre ses conséquences sur le développement durable, l’urbanisation rapide en Afrique exacerbe un autre défi majeur : le changement climatique. La Déclaration de Nairobi de septembre 2023 souligne que les zones urbaines en expansion sont particulièrement vulnérables. « Il est crucial de repenser l’urbanisation africaine en privilégiant des modèles durables et résilients qui concilient croissance économique, protection de l’environnement et inclusion sociale », conclut le rapport.
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