Le cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock est arrivée à Kiev lundi pour tenter de rassurer les Ukrainiens, en difficulté sur le front et frustrés par la timidité de la réaction occidentale en pleine escalade militaire de la Russie.
Ce voyage intervient à un moment critique pour l'Ukraine. Son armée, en manque d'hommes et de munitions, notamment en raison des retards de l'aide occidentale, recule depuis des mois sur le terrain alors que la Russie a reçu, selon les Occidentaux, un renfort de troupes nord-coréennes.
Déçu d'un soutien allié jugé insuffisant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a taclé la semaine passée l'Occident pour sa réponse "zéro" à la présence de soldats nord-coréens en Russie.
Dès le premier jour de l'invasion russe en février 2022, "l'engagement est le même: l'Allemagne, avec de nombreux partenaires dans le monde entier, se tient de façon inébranlable aux côtés de l'Ukraine", a assuré de son côté Annalena Baerbock dont c'est la huitième visite en Ukraine depuis le début de cet assaut.
"Nous soutiendrons les Ukrainiens aussi longtemps qu'ils auront besoin de nous pour qu'ils puissent poursuivre leur chemin vers une paix juste", a-t-elle affirmé, reprenant le terme utilisé par le président Zelensky lors de la présentation de son "plan de victoire" face à la Russie.
Améliorations de l'aide
L'Allemagne est le deuxième fournisseur d'aide financière pour la défense de l'Ukraine après les États-Unis, mais Kiev est agacée par le refus répété du chancelier Olaf Scholz de lui livrer des missiles balistiques à longue portée Taurus par crainte d'une escalade du conflit vers l'Europe.
Scholz a également rejeté la demande d'adhésion immédiate à l'OTAN, premier point du "plan de victoire" du président Zelensky.
Toutefois, le président ukrainien a déclaré lundi sur Facebook qu'il y avait eu des "améliorations significatives" de l'approvisionnement des fournitures militaires déjà prévues dans le cadre de programmes d'aide étrangère à la défense.
"Les livraisons d'artillerie ont également connu de nettes améliorations", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
L'Ukraine attend par ailleurs avec anxiété la présidentielle américaine de mardi craignant de voir l'aide militaire se tarir en cas de victoire du candidat républicain Donald Trump face à sa rivale démocrate Kamala Harris.
Selon les Occidentaux et les Ukrainiens, la Russie a reçu ces dernières semaines des milliers de soldats nord-coréens pour soutenir son effort de guerre en Ukraine.
Moscou et Pyongang n'ont ni confirmé, ni nié la présence de ces troupes en Russie.
Les Nord-Coréens seraient déjà engagés, selon Kiev, dans les combats contre son armée dans la région russe de Koursk, où l'Ukraine a lancé une offensive en août et affirme y contrôler toujours plusieurs centaines de kilomètres carrés.
Les soldats nord-coréens "mourront"
"Les premiers soldats nord-coréens ont déjà essuyé des tirs dans la région de Koursk", a affirmé lundi le chef du centre de lutte contre la désinformation ukrainien, Andriï Kovalenko, sur Telegram.
Le même jour, le directeur de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a lui assuré que les militaires nord-coréens étaient "présents" en territoire russe dans la région de Koursk et qu'ils "constituent, comme l'armée russe, une menace pour l'Ukraine".
"Ils sont présents là-bas et, bien sûr, ils mourront", a-t-il insisté, également sur Telegram.
Arrivée à Kiev après plusieurs jours et nuits d'attaques russes de drones particulièrement intenses contre la capitale, Annalena Baerbock a aussi dénoncé la "brutalité" de la guerre de Vladimir Poutine qui, selon elle, veut "briser la population de l'Ukraine" en bombardant les infrastructures critiques et frappant la population "à la maison, au travail, à l'école".
Berlin a donc promis une enveloppe de 170 millions d'euros pour aider le pays à passer son troisième hiver de guerre, alors que les infrastructures énergétiques du pays ont été fortement endommagées par des frappes russes.
L'arrivée d'Annalena Baerbock a été annoncée quelques heures après que treize personnes, dont quatre policiers, ont été blessés lors d'attaques nocturnes russes dans la deuxième ville d'Ukraine, Kharkiv (nord-est) pilonnée par les frappes aériennes russes presque quotidiennement.
Les journalistes de l'AFP présents sur place ont vu des bâtiments éventrés par l'explosion et des cratères au sol.
En octobre, la ville de Kiev a été visée par des vagues de drones explosifs russes presque quotidiennement sauf le 14 octobre, selon l'armée de l'air ukrainienne.
Dans la nuit de dimanche à lundi, l'alerte aérienne a fonctionné deux fois à Kiev. Les autorités ont affirmé avoir abattu tous les drones visant la capitale mais la chute d'éclats a provoqué un incendie.
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