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Mohamed Métalsi : On parle encore d’un seul cinéma pour l’ensemble du Golfe

Hoda El-Hassan, Lundi, 14 avril 2014

Pour la première fois, le cinéma du Golfe est présent à Paris. Méconnus, ces films sont encore à la recherche d’une identité propre, explique Mohamed Métalsi, codirecteur artistique du festival.

Mohamed Métalsi

Al-ahram hebdo : Le Festival des films du Golfe de Paris à l’Institut du monde arabe est le premier en Europe à présenter la production cinématographique des pays de cette région du monde arabe. Quel est l’état de ce cinéma aujourd’hui ?

Mohamed Métalsi : Le Festival des films du Golfe est le premier grand événement du genre en Europe à présenter les films de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman et du Qatar. Beaucoup d’Européens ne soupçonnaient même pas l’existence d’une production cinématographique liée à cette région du monde, alors que cette jeune cinématographie a fait un énorme bond en avant depuis quelques années, notamment au travers du monde arabe. A titre d’exemple, la sélection du film saoudien Wadjda, de Haïfaa Al-Mansour, à la Mostra de Venise 2012 montre bien que celle-ci a désormais atteint l’âge de la maturité et qu’il est temps de faire voyager ce cinéma hors de ses frontières.

— Le public français est loin de connaître les dernières créations filmiques de réalisateurs tels que Walid Al-Awadi du Koweït ou Mohammed Rached Bouali de Bahreïn. Comment a-t-il réagi face à leurs films ?

— Il s’agit d’abord de faire connaissance avec un cinéma jusqu’alors méconnu par beaucoup d’Européens non arabophones.

— Le paramètre linguistique est-il le seul responsable de la méconnaissance du cinéma du Golfe ?

— Le paramètre linguistique est loin de pouvoir freiner un échange cinématographique entre deux pays, deux continents ou deux publics différents. C’est une simple question de vouloir connaître l’autre. Et c’est ce qui s’est récemment passé entre le public français et le cinéma du Golfe.

Notre festival présente 17 longs et courts métrages, l’occasion pour les professionnels arabes et européens de se rencontrer, mais aussi pour le grand public que nous sommes de découvrir une production encore inédite en France et de pouvoir débattre avec les réalisateurs à l’issue des projections. Le public européen a pu porter un regard différent sur cette région, un regard sans doute plus réaliste et plus véridique que celui véhiculé par les médias.

— Quelles sont les principales difficultés qu’affronte le cinéma du Golfe, s’il est toutefois correct de parler d’un cinéma du Golfe au singulier ?

— On arrive peut-être à parler d’un seul cinéma du Golfe, d’où l’intitulé de notre festival. On en vient à mettre à l’index le fait que les cinéastes de ces pays se ressemblent au point de ne pas pouvoir avoir d’identité à l’image de chaque pays … Ce qui représente un bémol en soi … Par contre, le réalisateur bahreïni Mohamad Rached Bouali arrive à sortir du lot en visant le cinéma mixte. Son dernier film Ici Londres, axé sur le mélange des nationalités, en est la preuve. Ainsi, son oeuvre a réussi à s’internationaliser. Cependant, force est de constater que l’échange Orient-Occident ne doit pas s’arrêter à des productions filmiques, mais à des échanges de festivals.

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