Société, Royauté et Croyance. Ce sont là les trois principaux thèmes abordés dans les principales galeries du Grand Musée égyptien (GEM). Douze galeries s’étendant sur une superficie de 18 000 m2 transportent le visiteur dans un magnifique voyage à travers les époques. L’itinéraire de la visite peut être effectué horizontalement (par dynastie) ou verticalement (par thème).
Le trajet du visiteur commence dès l’entrée principale où se trouve la première galerie qui couvre la période comprise entre la préhistoire et la première période intermédiaire, celle ayant trait à l’Ancien Empire pharaonique. Les premières vitrines montrent comment on vivait à cette époque, les principaux métiers et les outils utilisés pour l’agriculture et la pêche.
Les pièces, exposées dans une ambiance aux couleurs allant du jaune-désert au vert, montrent comment cette société est passée de la vie nomade à la sédentarité. « Chaque galerie comprend une ou plusieurs pièces maîtresses reflétant un événement-clé qui a eu un impact sur la société », explique Rim Fouad, guide touristique. Cette pièce est toujours éclairée en bleu.
La première pièce maîtresse que le visiteur est amené à voir est « Le gouverneur et son fils ». Il s’agit de deux statues en bois recouvertes d’or et découvertes en 1997 sur le site préhistorique de Tell Al-Farkha en Basse-Egypte. « Cette pièce montre que l’Egypte a connu au début de son histoire un grand leader », indique Fouad.
Le thème de la Royauté est abordé dans la deuxième galerie, une grande affiche montre l’évolution de la construction des pyramides, demeure de la vie éternelle des rois de l’Ancien Empire. Eclairé en bleu, le cartouche d’Aha, le roi combattant de la Ire dynastie, ainsi que la collection magnifique de Hétep-Hérès, épouse de Sénéfrou et mère de Chéops, occupent les vitrines centrales.
De même, la statue de Mykérinos en albâtre blanc, un véritable chef-d’oeuvre, apparaît à l’extrémité de cette 2e galerie. Une attention particulière est portée à l’éclairage et à la disposition des objets, créant une atmosphère qui invite à la contemplation et à l’émerveillement.
« Les vitrines sont conçues pour maintenir les températures à des niveaux convenables et éviter toute infiltration de l’humidité ou de la chaleur », souligne Eissa Zidane, directeur général de la restauration et du transport des pièces antiques. Et d’ajouter que ces vitrines sont régies par un dispositif de sécurité très sophistiqué relié au ministère de l’Intérieur.
En passant d’une galerie à l’autre, on trouve des zones de repos où sont diffusés des documentaires sur des écrans géants. « Les nouvelles galeries ne sont pas seulement des lieux d’exposition, mais aussi des espaces de réflexion, de connaissance et de dialogue, où le passé rencontre le présent », assure Hassan Kamal, directeur du centre de restauration du GEM.
A chaque époque une galerie
Après un affaiblissement de l’Etat au cours de la première période intermédiaire, l’Egypte a été réunifiée sous le Moyen Empire et a connu la prospérité. « Les rois du Moyen Empire ont ordonné la construction de temples gigantesques dédiés aux divinités et ont bâti des ensembles pyramidaux pour eux-mêmes », raconte Zidane. Pour défendre le pays, une armée est mise en place. L’Egypte a connu le commerce avec les pays voisins dès l’Ancien Empire mais au Moyen Empire, ce commerce a franchi le cap de la Méditerranée et s’est étendu jusqu’en Grèce. Les poteries, les stèles et les pierres gravées témoignent de la prospérité de cette époque.
Les salles 7, 8 et 9 occupent un espace plus grand que celui des autres galeries. Elles sont consacrées au Nouvel Empire, une époque au cours de laquelle l’Egypte a connu une très grande richesse architecturale. C’est à cette époque que sont apparus les plus célèbres pharaons de l’Egypte Ancienne tels que Hatchepsout, Thoutmosis III, Akhenaton et Ramsès II.
Le passage à l’intérieur de ces galeries offre une vue panoramique de l’Obélisque suspendu de Ramsès II, situé dans la cour d’entrée. Sous le Nouvel Empire, les artisans égyptiens ont fait preuve d’une grande habileté et d’une grande finesse en sculptant les statues des rois et des reines, ainsi que leurs divinités. « Ces nouvelles galeries sont dotées de technologies interactives et immersives, offrant ainsi une dimension pédagogique et ludique à la visite des lieux », explique Kamal. Et d’ajouter que les projections holographiques, les écrans tactiles et les reconstitutions virtuelles permettent aux visiteurs de plonger dans l’histoire et de mieux comprendre le contexte et la signification des objets exposés. « Cette approche moderne rend l’exploration du musée plus accessible et plus captivante pour les visiteurs quel que soit leur âge », ajoute Zidane.
La IIIe époque intermédiaire, l’époque tardive et les périodes gréco-romaines occupent les trois dernières salles. Là, les pancartes installées près de certaines pièces sont éclairées en rouge pour montrer qu’il s’agit d’une époque marquée par des conflits et des guerres. C’est à cette époque que les sarcophages et les différentes méthodes d’enterrement sont apparus.
En passant à une autre vitrine, notre regard est attiré par le décret de Canope. Cette magnifique stèle remontant à l’époque ptolémaïque est gravée en trois écritures (hiéroglyphique, démotique et grecque). Divers sujets, comme la famine, les campagnes militaires, la religion, l’organisation de l’Etat et l’instauration du plus vieux calendrier solaire de l’Egypte Ancienne, y sont gravés. « Le décret de Canope a contribué non seulement à déchiffrer les hiéroglyphes, mais aussi à connaître la manière de les prononcer phonétiquement », souligne la guide touristique.
Avec plus de 14 000 pièces réparties sur les douze galeries, le GEM confirme son ambition de devenir un centre mondial de la culture et de l’histoire de l’Egypte Ancienne. Les responsables du musée espèrent attirer des visiteurs du monde entier, tout en offrant aux Egyptiens l’occasion unique d’une expérience immersive.
Le GEM, avec ses nouvelles galeries, continue de fasciner en célébrant une civilisation qui n’a jamais cessé d’émerveiller le monde.
Lien court: