Sur fond de violences et de tensions politiques, la campagne pour les élections législatives du 30 avril s’est officiellement ouverte cette semaine en Iraq. Le pays est confronté à sa pire vague de violences depuis 2008, lorsque le pays sortait difficilement d’une quasi-guerre civile opposant sunnites et chiites. Les attaques quotidiennes ont fait plus de 2200 morts depuis le début de l’année.
Le premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki, espère maintenir son poste. Déjà, l’alliance pour l’Etat de droit de Maliki part favori pour arriver en tête. Mais cette liste doit faire face à la concurrence du Bloc des citoyens, considéré comme proche de l’Iran, et du parti Ahrar, lié à l’influent chef chiite Moqtada Sadr, qui a, pour sa part, annoncé son retrait de la vie politique.
Parallèlement, plusieurs coalitions se disputent le vote des sunnites dans les régions du nord et de l’ouest où ils sont majoritaires. Enfin, un autre parti politique est en train de gagner en popularité dans la province autonome du Kurdistan, et pourrait bouleverser les classements traditionnels.
Enjeux multiples
Les enjeux sont de taille: coupures de courant, eau courante insalubre, corruption généralisée, chômage, économie minée par les conflits, sans oublier le plus grave : l’insécurité et l’instabilité. Un autre problème qui doit être réglé dans 2 semaines, l’Iraq doit adopter au plus vite son budget annuel, bloqué par un profond désaccord entre le gouvernement et le Kurdistan. Au coeur du problème: le pétrole, que les Kurdes veulent exporter directement à l’étranger, sans passer par Bagdad. Si, pour tenter de résoudre l’impasse, le Kurdistan s’est engagé à exporter 100000 barils de pétrole par jour à travers les oléoducs contrôlés par le gouvernement central, le pompage n’a pas encore commencé.
Si le Kurdistan ne se conforme pas à cette promesse, le pourcentage du budget fédéral qui lui est alloué diminuera en conséquence, une mesure que les représentants kurdes au Parlement iraqien ne sont pas prêts à voter. Cette mesure risque de se transformer en enjeu électoral, compliquant d’autant les négociations.
Outre le différend sur le pétrole, un conflit territorial oppose le gouvernement central au Kurdistan, qui jouit d’une importante autonomie et dispose de ses propres forces de sécurité, gouvernement et drapeau.
Négligeant ces problèmes, les candidats mettent en avant leur tribu ou leur ethnie plutôt que leur programme sur les affiches électorales qui ont fait leur apparition. Aucun parti ne semble en passe de remporter la majorité, et le scrutin devrait, comme les précédents, être suivi de longues négociations pour la formation du gouvernement.
Les élections d’avril sont le premier scrutin national depuis les législatives de mars 2010, qui avaient finalement donné lieu à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigé par M. Maliki, après des tractations ayant duré de longs mois.
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