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L’ASEAN rattrapé par les crises internationales

Abir Taleb , Mercredi, 16 octobre 2024

Le sommet de l’ASEAN a donné lieu à une nouvelle passe d’armes entre les Etats-Unis et leurs alliés d’un côté, et la Russie et la Chine de l’autre.

L’ASEAN rattrapé par les crises internationales

Comme c’est la coutume, l’ASEAN, qui réunit dix pays d’Asie du Sud-Est, a invité dans son dernier sommet, tenu du 8 au 11 octobre à Vientiane, au Laos, ses partenaires-clés qui veulent garder un pied dans cette région peuplée, à la croissance vigoureuse et aux routes commerciales stratégiques : les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie. Une rare occasion de réunir dans un même endroit des puissances en désaccord et aux intérêts divergents, que ce soit les Etats-Unis et la Chine que les différends commerciaux divisent, ou encore, plus délicat, la Russie et les Etats-Unis, dont les relations sont sujettes à de profondes tensions.

Naturel dans ces conditions que tout ne se passe pas si bien. A tel point que la somme de divergences sur les questions internationales, en particulier la crise au Moyen-Orient et la guerre en Ukraine, a empêché un accord sur un communiqué commun au terme du sommet, comme l’a indiqué un diplomate asiatique.

Alors que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, essayent de s’éviter depuis le début de la guerre en Ukraine, ils se sont livrés à une véritable passe d’armes au cours de ce sommet. « Je l’ai écouté. Je ne peux pas dire s’il m’a écouté, mais je n’ai rien entendu de nouveau », a déclaré aux journalistes le chef de la diplomatie américaine, qui a assuré ne pas avoir eu de contact direct avec son homologue russe. « Je pense que tous les pays présents dans cette salle, sans parler en leur nom, ont clairement indiqué que cette agression devait cesser … aussi parce qu’ils savent que si un pays est autorisé à agir en toute impunité, c’est un signal pour les agresseurs potentiels du monde entier », a lancé Blinken, faisant référence à la guerre en Ukraine. Face à lui, Lavrov n’a pas répondu aux questions relatives à ce conflit, mais a piqué son homologue sur une autre question : il a qualifié l’action américaine en Asie du Sud-Est de « destructrice », accusant notamment Washington de pousser le Japon à une « militarisation » dans une logique de blocs qui porte « des risques de confrontation ». Le chef de la diplomatie russe faisait référence à l’idée de la création d’une alliance militaire régionale sur le modèle de l’OTAN, soutenue par le nouveau premier ministre japonais, Shigeru Ishiba. A noter qu’en marge de ce sommet de l’ASEAN, le Japon et la Corée du Sud, malgré des contentieux historiques, ont renforcé leur coopération en matière de défense ces dernières années. Une réaction au rapprochement militaire entre la Corée du Nord et la Russie, aux menaces nucléaires nord-coréennes et à la montée en puissance de la Chine.

La Chine justement, il en a été également question, et non sans tension. Antony Blinken a dénoncé des manoeuvres maritimes « de plus en plus dangereuses » de Pékin en mers de Chine, orientale et méridionale. Le secrétaire d’Etat américain a aussi mis en garde Pékin contre toute « provocation » à l’égard de Taïwan.

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