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Londres lâche les Frères

Ola Hamdi, Mardi, 08 avril 2014

La Grande-Bretagne a ordonné une enquête sur les activités des Frères musulmans au Royaume-Uni. Une décision qui réconforte les autorités égyptiennes.

freres

Le premier ministre britannique, David Cameron, a ordonné une enquête sur les Frères musulmans en raison « d’inquiétudes » sur les activités au Royaume-Uni de ce mouvement. « Le premier ministre a ordonné une évaluation, menée en interne par le gouvernement, sur la philosophie et les activités des Frères musulmans, et sur la politique du gouvernement vis-à-vis de l’organisation », a déclaré un porte-parole du premier ministre britannique. Et d’ajouter: « Etant donné les inquiétudes exprimées sur le groupe et ses liens présumés avec l’extrémisme et la violence, il est légitime et avisé de tenter de mieux comprendre ce que les Frères musulmans représentent, comment ils comptent réaliser leurs buts et ce que cela implique pour la Grande-Bretagne ».

Le chef du gouvernement britannique avait déclaré plus tôt qu’il voulait « comprendre parfaitement la nature de cette organisation, ses positions par rapport à l’extrémisme violent, ses liens avec d’autres groupes et sa présence au Royaume-Uni ». John Jenkins, ambassadeur du Royaume-Uni en Arabie saoudite, a été chargé le 1er avril par David Cameron de mener une enquête sur les Frères musulmans, et ses conclusions sont attendues pour juillet prochain. Selon le journal The Times, les services de renseignements britanniques sont chargés de rassembler les informations sur les membres de la confrérie à l’étranger et au Royaume-Uni, notamment leur nombre, après la destitution du président issu de ses rangs, Mohamad Morsi, le 3 juillet 2013 en Egypte. Le quotidien fait état d’informations selon lesquelles des dirigeants du mouvement se sont réunis à Londres, fin 2013, pour décider d’une réponse à la situation en Egypte. La confrérie avait été classée « organisation terroriste » par les autorités égyptiennes, en décembre 2013. La quasi-totalité des dirigeants de la confrérie a été arrêtée en Egypte. Depuis juillet, des groupes djihadistes multiplient les attaques contre les forces de l’ordre, qui ont fait plus de 200 morts, et un attentat meurtrier a même visé des touristes au mois de février. Ces violences ont été attribuées par les autorités aux Frères musulmans, mais l’organisation a démenti.

En réaction à la décision de Cameron, les Frères ont publié un communiqué. « Les Frères musulmans appellent les gouvernements et les Etats occidentaux à être attentifs face aux tentatives et aux pressions du gouvernement égyptien pour déformer la réalité au sujet de la confrérie et de ce qui se passe en Egypte », déclarent-ils. La confrérie se dit inquiète du fait que ladite révision sera dirigée par l’ambassadeur britannique en Arabie saoudite, John Jenkins. Elle a également indiqué qu’elle défierait devant les tribunaux britanniques toute tentative incommode émanant du gouvernement britannique pour limiter ses activités.

Comment expliquer la décision britannique, surtout que Londres a été pendant des années le centre névralgique des militants islamistes en Europe. Pour Rabea Chahine, expert du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, « la décision des autorités britanniques fait suite à une série de contacts diplomatiques avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, avec qui Londres a des intérêts économiques. Les pressions des pays du Golfe ont joué un rôle important dans cette décision britannique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle David Cameron a nommé l’ambassadeur britannique en Arabie saoudite, Jenkins, pour mener cette enquête ». La décision britannique intervient sur fond de différends entre les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) au sujet des Frères. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis avaient récemment retiré leurs ambassadeurs au Qatar, pour protester contre l’appui de ce pays à la confrérie des Frères musulmans. Or, Doha, pour réduire les pressions saoudiennes, a essayé d’envoyer plusieurs personnalités de la confrérie à Londres. C’est là qu’est intervenue la décision de David Cameron.

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