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Le Soudan du Sud dans l’impasse

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 07 avril 2014

Noyé dans de nombreuses crises qui menacent son maintien au pouvoir, Salva Kiir a rencontré Omar Al-Béchir à Khartoum, afin de trouver une solution aux tensions dans la région frontalière entre les deux Soudans

Le Soudan du Sud dans l’impasse
La tension à la frontière entre les deux Soudans est l'un des sujets discutés lors de la rencontre des présidents des deux pays. (Photo:Reuters)

Sanctions américaines, conflit intérieur, menace d’une famine et tension dans la région frontalière : tous ces obstacles se dressent devant le président sud-soudanais Salva Kiir. Pour tenter de trouver des solutions à ces multiples crises, Kiir a effectué une visite à Khartoum, pour s’entretenir avec son homologue Omar Al-Béchir. En fait, les tensions à la frontière entre les deux pays voisins, les suspicions quant aux intentions des uns et des autres et les incursions qui persistent des deux côtés sont les sujets les plus critiques qui opposent les deux pays voisins. Dans la région d’Abyei, la situation est même explosive, affirment les Nations-Unies.

Le mois dernier, Khartoum s’est montré menaçant, affirmant que la paix avec Juba risquait d’être compromise par la présence de soldats sud-soudanais dans la région. C’est ainsi que lors de cette rencontre, les deux dirigeants ont annoncé la reprise des mécanismes de coopération et le respect des accords sécuritaires, en particulier la réouverture des frontières. Omar Al-Béchir a réitéré son offre de médiation dans le conflit armé opposant Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, tout en rappelant que la solution ne peut être que politique. Par ailleurs, Kiir avait rejeté une proposition d’Al-Béchir de former une force militaire conjointe pour protéger les champs pétroliers dans son pays.

Le conflit au Soudan du Sud entre Kiir et Riek Machar gêne considérablement les intérêts de Khartoum, qui tire d’importantes ressources financières du transit du pétrole venu du Soudan du Sud. Cité par RFI, Elsamani Elwasila Elsamani, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Soudan, déclare qu’il est « dans l’intérêt de son pays que la paix revienne au Soudan du Sud ». Et affirme que Omar Al-Béchir pourrait proposer à Salva Kiir de venir négocier à Khartoum avec Riek Machar si, précise-t-il, « l’atmosphère s’y prête ». En fait, les deux belligérants doivent faire face aux menaces de sanctions américaines, pour non-respect des droits de l’homme et actes de guerre contre des civils. Barack Obama a autorisé, jeudi 3 avril, les gels d’avoirs et les interdictions de visas contre tout responsable politique du Soudan du Sud, officiel ou rebelle, qui serait considéré comme une menace aux efforts de paix. Après les menaces, les Etats-Unis sont passés à l’action. Barack Obama a signé, le 3 mars, un décret autorisant les administrations américaines à prévoir des sanctions contre toute personne au Soudan du Sud ayant menacé les efforts de paix, visé du personnel onusien ou encore commis des violations des droits de l’homme.

Désormais, des gels d’avoirs et des interdictions de visas peuvent être décrétés aux Etats-Unis contre des responsables politiques sud-soudanais, aussi bien parmi les rebelles qu’au sein du gouvernement, a précisé la Maison Blanche dans un communiqué.

« Les Etats-Unis ne resteront pas inertes au moment où les responsables de l’avenir du Soudan donnent la priorité à leurs propres intérêts aux dépens de ceux de leur peuple », a prévenu Jay Carney, porte-parole de la Maison Blanche. « Le gouvernement sud-soudanais et les rebelles de Riek Machar doivent immédiatement prendre contact et respecter le processus de paix », a-t-il martelé, soulignant que les Sud-Soudanais appellent à la paix.

L’annonce d’Obama intervient alors que le pays risque, selon l’Onu, de faire face à la pire famine que l’Afrique ait jamais connue depuis des décennies. « Si nous ratons la saison des semailles, la sécurité alimentaire va s’effondrer », a déclaré le responsable des opérations humanitaires de l’Onu dans le pays, Toby Lanzer. « Cela frapperait le pays et affecterait environ 7 millions de personnes, ce serait bien pire que ce que le continent a connu depuis la moitié des années 1980 », a-t-il ajouté. Au Soudan du Sud, les agriculteurs ont l’habitude de planter les graines en avril et mai, mais la guerre civile les a jusqu’à présent empêchés de réaliser cette tâche cruciale, pour garantir les récoltes de fin novembre et décembre. L’Onu est d’autant plus inquiète qu’« il y a déjà 3,7 millions de personnes sur qui plane un grave risque de famine », a souligné M. Lanzer. Il faut rappeler que le conflit, qui a débuté le 15 décembre dernier, a fait plus de 10 000 morts et 800 000 déplacés .

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