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Baheieddine Hassan : On est loin de parler d’égalité des candidats 

Mavie Maher, Mardi, 01 avril 2014

Baheieddine Hassan, président du Centre du Caire pour les droits de l’homme, dénonce la partialité des institutions de l’Etat en faveur de l’ex-ministre de la Défense. Pour lui, un tel non-respect de la transparence et l’absence totale de garantie sont inadmissibles.

Baheieddine Hassan
Baheieddine Hassan, président du Centre du Caire pour les droits de l’homme.

Al-Ahram Hebdo : L’annonce de la candidature d’Al-Sissi à la télé­vision publique et en uniforme militaire est-elle en accord avec le devoir d’impartialité des institu­tions étatiques ?

Baheieddine Hassan : Ceci n’est pas choquant dans le contexte poli­tique actuel qui reflète une partialité claire envers leur candidat favori. Pourtant, rien ne justifie ce droit d’apparaître sur une chaîne publique pour un candidat et pas pour l’autre. En plus en uniforme militaire alors qu’il avait annoncé sa démission ! De plus, nous avons recensé le mois dernier des campagnes hostiles aux potentiels candidats poussant certains, comme Sami Anan, à se retirer de la course. L’armée, par sa réunion lors de laquelle elle a déclaré son soutien à la candidature d’Al-Sissi, s’est impliquée dans cette affaire de partialité, ce qui est inadmissible.

— Y a-t-il de quoi craindre un favori­tisme lors de la présidentielle ?

— Bien sûr! On est loin de parler d’égalité et c’est là une erreur fatale que commettent les institutions de l’Etat. La scène politique, lors du dernier référen­dum sur la Constitution, était assez révé­latrice et peut servir d’exemple. Bien que la grande majorité des citoyens aient été en faveur de la Constitution, ceux qui étaient contre ont été l’objet de diffé­rentes formes d’oppression et ont fait face à la violence de l’Etat et à des arrestations par la police. Dans ce contexte, il est dif­ficile d’imaginer que les institutions éta­tiques seront neutres à l’égard des diffé­rents candidats. Rien ne prouve qu’ils seront traités avec égalité. Jusque-là d’ailleurs, le gouvernement n’a donné aucune preuve de transparence ou de neu­tralité.

— De quelles sortes de garanties par­lez-vous ?

— Malheureusement, il n’existe aucune garantie officielle. Il n’est plus question d’établir des lois ou des réglementations. Celles-ci existent, mais personne ne les prend en considération et elles ne sont pas appliquées, surtout qu’elles manquent de sanctions précises et immédiates. Ce sont les rapports de force qui dominent la scène et déterminent les règles du jeu. Rien ne démontre que les prochaines élections feront exception et, à mon avis, elles auront plutôt la forme d’un référen­dum.

— Comment faire face à cet aligne­ment étatique ?

— Il est très difficile de lutter contre cet alignement sauf si ces institutions reconnaissent leurs erreurs et font preuve d’une volonté de les modifier. Nous n’avons aucun signe dans ce sens. Les conséquences seront néfastes sur la situation poli­tique, économique et sécuritaire, déjà extrêmement compliquée. Sans volonté populaire rien ne peut être réalisé. Il faudrait donc peut-être attendre une nouvelle révolte popu­laire, mais qui ne sera sûrement pas proche.

— Les médias privés ne peuvent-ils pas combler cette inégalité de traitement de la part des médias publics ?

— Il est là aussi difficile de s’assurer de leur neutralité parce que leurs orienta­tions seront en faveur des intérêts de leurs propriétaires, intérêts qui sont actuelle­ment sur la même ligne que les institu­tions de l’Etat. L’Etat manque de règles qui permettent une organisation des médias publics ou privés. Cela exige une reforme législative et institutionnelle.

— Mais en cas de preuve de partiali­té, les autres candidats ou les organisa­tions des droits de l’homme ne peu­vent-ils pas recourir à la justice ?

— Le pouvoir judiciaire est paralysé et incompétent. Ce sont les appareils sécuri­taires qui dirigent et maintiennent la scène actuellement. Ceux-ci, s’ils ne le veulent pas, ne présenteront pas au Parquet les rapports exigés.

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