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L’Egypte retrouve son patrimoine

Nasma Réda, Mardi, 25 mars 2014

L’Egypte multiplie les efforts pour récupérer plusieurs pièces d’antiquité sorties illégalement du territoire. Certaines de ces pièces seront prochainement restituées.

L’Egypte retrouve son patrimoine

Beaucoup d’antiquités égyptiennes se trouvent hors d’Egypte, sorties illégalement du territoire. Depuis des années, le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités et celui des Affaires étrangères déploient d’intenses efforts pour récupérer ces antiquités.

Habituellement, les procédures sont longues et compliquées. Au cours des dernières semaines, les autorités égyptiennes ont réussi à récupérer plusieurs pièces à l’étranger. Ainsi, un citoyen français a annoncé vouloir rendre à l’Egypte une pièce antique, dont il a la possession. Il a montré aux responsables de l’ambassade d’Egypte en France les documents officiels qui prouvent sa possession légale de la pièce. « Ce citoyen a agi par respect des droits de propriété des biens culturels qui stipulent le retour des pièces antiques à leur pays d’origine. C’est un acte appréciable et nous encourageons d’autres personnes à faire de même », a déclaré Mohamad Ibrahim, ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités. Il s’agit d’après Ali Ahmad, directeur du département des antiquités rapatriées, d’une pièce d’un cercueil en cartonnage de 19 cm de hauteur. « Cette pièce est en lin couvert de plâtre sur lequel sont inscrites des inscriptions hiéroglyphiques qui montrent les titres du défunt », a-t-il ajouté.

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Ali Ahmad a également déclaré que le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités travaille en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères afin de prendre les procédures légales pour récupérer les antiquités « y compris les échantillons du cartouche de la pyramide de Chéops qui ont été prélevés par deux archéologues allemands en avril dernier ». Les 5 cartouches ne sont pas les seules pièces que l’Egypte a à récupérer. L’Egypte a réussi à obtenir dernièrement un verdict stipulant la restitution de 3 pièces d’Allemagne et qui étaient sorties clandestinement du pays en 2009. Il s’agit d’un petit obélisque en calcaire où est gravée en hiéroglyphes l’inscription « au vénérable Chéops, roi » et qui remonte à l’Ancien Empire (du 2700 à 2200 av. J.-C.), période considérée comme l’âge d’or de la civilisation égyptienne. La deuxième pièce à récupérer d’Allemagne est une statue collective d’une famille en granit noir, datant de la Basse Epoque (du 750 à 332 av. J.-C.). C’est une période de forte instabilité, caractérisée par des prises de pouvoir successives par des souverains étrangers, entrecoupée de courtes périodes d’indépendance. La troisième pièce est la cabine Horus qui contient une statue de cette divinité remontant au Nouvel Empire (période très prospère de l’histoire de l’Egypte) et portant sur l’un de ses côtés une scène du fils de Ramsès II, qui présente des offrandes au dieu Horus.

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Ce sont les autorités douanières de la ville allemande de Stuttgart qui avaient saisi et confisqué ces pièces, alors que des personnes tentaient d’organiser un trafic pour les envoyer en Belgique via l’Allemagne. Le ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités a révélé que « les autorités allemandes avaient déposé ces objets précieux au Musée d’Egypte à Berlin en coordination avec l’ambassade d’Egypte en Allemagne ». Et d’ajouter que la Cour allemande de la ville de Freiburg a rendu un verdict définitif stipulant le retour de ces trésors à l’Egypte.

Tout près de l’Allemagne, au Danemark, l’Egypte a également réussi à obtenir le jugement d’un tribunal danois pour récupérer 8 garnitures (poutres) en bois remontant à l’époque islamique, qui avaient été volées en 2008 du minbar en bois de la mosquée Ganeim Al-Bahlawan, (833 de l’hégire et 1429 ap. J.-C.) dans la région d’Al-Darb Al-Ahmar au Vieux- Caire. La police du Danemark a découvert ces pièces volées dans un paquet postal envoyé des Etats-Unis à destination de la Suisse en passant par le Danemark. Selon le ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités : « l’Interpol a été informé de ce pillage il y a des années. Après que les enquêtes, en 2012, eurent révélé que ce paquet appartenait à l’Egypte, toutes les procédures ont été prises pour récupérer ces pièces ». D’après Ali Ahmad : « L’ambassade égyptienne à Copenhague déploie actuellement des efforts pour récupérer ces pièces, les restaurer et les réinstaller au minbar le plus tôt possible ».

Ganeim Al-Bahlawan (1478-1510) était un prince mamelouk de l’époque du sultan Qayetbay, qui a bâti cette mosquée pour servir aussi d’école des quatre rites islamiques. Au cours des deux derniers mois, la restitution des pièces d’antiquité a pris un grand élan. La France a remis à l’Egypte 5 pièces archéologiques datant de la dynastie des Ptolémées (300 ans av. J.-C.) et volées début 2011. L’Allemagne, les Etats-Unis, le Danemark et la Grande-Bretagne ont également rendu des objets d’antiquité volés à l’Egypte. Le grand et vrai défi est la poursuite des sites de vente aux enchères afin d’arrêter ce marché illégal et récupérer toutes les pièces sorties clandestinement. Récemment, le ministère a arrêté la vente de 125 pièces d’antiquité sur un total de 1 000 pièces exposées sur le site Internet américain ebay .

Des antiquités volées récupérées en Egypte

Outre les pièces sorties illégalement du territoire, les autorités déploient des efforts pour récupérer certaines pièces qui font l'objet d'un trafic en Egypte. Le musée d’Al-Qantara Charq est l’un des plus malchanceux depuis le déclenchement de la révolution du 25 janvier 2011 à cause de l’attaque qu’il a subie. Mais en 2014, la situation semble s’améliorer. Le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités a réussi à récupérer 36 nouvelles pièces sur un total de 845 volées au musée. Le nombre total des trouvailles approche actuellement de la moitié (307 pièces). C’est à Al-Arich, au nord de la péninsule du Sinaï, que la police a saisi dans la voiture d’un marchand ces monuments. Il s’agissait d’une statue de l’idole Aphrodite, déesse de la beauté chez les Romains, de bouteilles de parfum datant de l’époque des Hyksos et de statues en faïence et en poterie.
A Guiza dans une maison du village de Zawiyet Abou-Messalem, les forces de l’ordre ont saisi un lot de près de 2 320 pièces d’antiquité, dont 935 datant de l’époque pharaonique. Il s’agit de statuettes, d’amulettes et de fausses portes en calcaire qui étaient placées dans les tombes pour permettre à l’âme des défunts de passer dans l’audelà. Selon le ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités, Mohamad Ibrahim, ces objets proviennent de fouilles illégales effectuées par des trafiquants. Par ailleurs, le département de détection des monuments à l’aéroport du Caire a saisi 44 pièces de monnaie anciennes qui se trouvaient en possession d’un citoyen allemand. La plupart d’entre elles datent de l’époque gréco-romaine tandis que 4 seulement sont de l’époque islamique.
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