Après le retrait de Ali, Sabahi est la seule figure révolutionnaire à la présidentielle.
« Ma décision de participer à la présidentielle avait pour but de faire entendre une voix différente, de présenter à ce poste une nouvelle génération et un nouveau discours politique », lance Khaled Ali, avocat de droits de l’homme. L’ex-candidat à la présidentielle de 2012 a décidé dimanche 16 mars de se retirer de la prochaine présidentielle la qualifiant de «
mascarade ».
Lors d’une conférence de presse tenue au syndicat des Journalistes, Ali a déclaré que sa décision était une réponse à la nouvelle loi sur l’élection présidentielle qui immunise les décisions de la Haute Commission électorale et n’offre pas le temps nécessaire aux campagnes électorales. Ali s’oppose aussi à la candidature d’un dirigeant de l’armée. « L’armée ne devrait pas dévier de son rôle de protéger la patrie en s’incrustant en politique. On s’oppose à la réinstallation d’un Etat policier », a lancé Khaled Ali.
Khaled Ali, le plus jeune candidat à l’élection présidentielle de 2012, s’est fait connaître par son combat contre les privatisations économiques sauvages menées par le régime de Moubarak. Inconnu du grand public, il est devenu une célébrité parmi les ouvriers, les paysans et les classes sociales les plus défavorisées. Il a fondé en 2009 le Centre égyptien pour les droits sociaux et économiques, après avoir participé à la création du Centre Hicham Moubarak pour le droit.
Adel Wassili, un des responsables de sa campagne, indique que la candidature de Ali visait en premier lieu la représentation des jeunes de la révolution. Mais les conjonctures ne semblent pas être propices à sa candidature. « Ce serait vain de se lancer dans l’élection présidentielle en l’absence de garanties sur son déroulement. L’immunisation des décisions de la Haute Commission électorale, le soutien affiché par les instances étatiques pour un candidat déterminé, ainsi que le retour des pratiques répressives... tous ces indices négatifs poussent à revoir la candidature de Ali ».
Sabahi veut « concrétiser les rêves »
En revanche, le Nassérien Hamdine Sabahi reste déterminé à mener le combat électoral coûte que coûte. « Je briguerai la présidentielle pour remettre la révolution sur les rails et concrétiser les rêves des jeunes », a déclaré Sabahi devant ses partisans.
Un communiqué de son équipe de campagne a souligné que Sabahi s’oppose toujours à la loi sur l’élection présidentielle mais qu’il luttera contre par tous les moyens juridiques et politiques. « A une période cruciale à l’avenir de l’Egypte, Sabahi ne peut pas décevoir les jeunes de la révolution qui comptent sur sa candidature », indique Ahmad Atef, porte-parole du Courant populaire soutenant Sabahi, qui avoue que le combat ne sera pas facile mais qui se dit déterminé à affronter toutes sortes de violations.
Sabahi est considéré comme étant la seule personnalité politique de poids lors de cette présidentielle. Ce militant de gauche avait déjà surpris en arrivant troisième à la dernière présidentielle et en remportant en grande partie le vote des jeunes et des « révolutionnaires ».
Cette figure, qui demeure l’une des rares icônes de la révolution de 2011, se targue d’avoir un passé d’opposant. Son parcours politique témoigne en effet de son opposition à tous les régimes des 40 dernières années.
Député indépendant de 2000 à 2010, Hamdine Sabahi s’est fait le héros des paysans et des classes défavorisées. Il compte principalement sur le soutien des révolutionnaires et des jeunes du Courant populaire.
C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il est considéré comme le seul candidat de poids contre le maréchal Abdel-Fattah Al-Sissi, ministre de la Défense, qui reste toutefois le grand favori.
Pour le politologue Achraf Al-Chérif, Sabahi parie sur cette masse électorale qui est à la fois contre l’armée et les Frères musulmans et qui a besoin d’un candidat qui répond aux revendications de la révolution du 25 janvier en matière de liberté et de justice sociale. « C’est peut-être le candidat des jeunes. Mais sa campagne ne sera pas facile face à Al-Sissi qui jouit d’une énorme popularité », estime Al-Chérif.
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