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Syrie, an IV

Maha Salem avec agences, Mardi, 18 mars 2014

Alors que la crise syrienne entame sa 4e année, Bachar Al-Assad prépare sa réélection. Aucun espoir de résolution ne pointe à l’horizon

Syrie, an IV
Le conflit syrien a fait la plus importante population de déplacés au monde. (Photo:AP)

Entré dans sa quatrième année, le conflit syrien semble pour l’heure sans issue. Trois ans de combats ont déjà fait 146 000 morts et contraint plus de 9 millions de personnes à la fuite : la plus importante population de déplacés au monde selon l’Onu.

Au moins un million d’enfants sont privés d’aide humanitaire selon l’Unicef et plus de 250 000 Syriens sont assiégés selon l’Onu, réduits à choisir « entre famine et reddition ».

Un bilan lourd qui a poussé les agences onusiennes à avertir qu’une génération de Syriens risque d’être perdue à jamais. Selon l’Unicef, le HCR et trois ONG, 5,5 millions d’enfants subissent l’effet dévastateur du conflit. Les organisations ont notamment réclamé l’application d’une résolution, votée par le Conseil de sécurité de l’Onu en février, qui appelle les parties en conflit à autoriser un accès de l’aide humanitaire à tout le pays.

La rebellion en Syrie s’est progressivement militarisée. Le régime a repris ces derniers mois du terrain, profitant d’une opposition divisée et d’une rébellion gangrenée par des groupes djihadistes. Dimanche 16, des combats acharnés ont eu lieu à Yabroud, un des principaux bastions des rebelles dans la province de Damas, selon une source militaire affirmant par ailleurs que les 13 chefs rebelles qui dirigeaient les opérations avaient été tués.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme avait rapporté plus tôt des combats acharnés à l’entrée est de Yabroud entre rebelles d’une part et Hezbollah libanais et armée d’autre part, accompagnés de bombardements des hélicoptères du régime. Depuis plusieurs semaines, armée et Hezbollah pilonnent Yabroud, la dernière ville importante tenue par les rebelles dans la région de Qalamoun.

Une guerre sans merci oppose depuis janvier 2014 les rebelles de l’Armée Syrienne Libre (ASL) à la branche officielle d’Al-Qaëda en Syrie, le Front Al-Nosra. L’ASL et Al-Nosra combattent aussi les impitoyables djihadistes de l’Etat Islamique en Iraq et au Levant (EIIL), dont la brutalité et la volonté d’hégémonie ont attisé la haine de leurs anciens frères d’armes.

Mais aucun des protagonistes, ni le régime soutenu par la Russie et l’Iran, ni l’opposition armée soutenue par deux acteurs rivaux, l’Arabie saoudite et le Qatar, ne semble avoir les moyens de l’emporter militairement.

Impasse diplomatique

Sur le front diplomatique, c’est également l’impasse. L’échec des négociations de Genève en janvier et février, qui ont pour la première fois en trois ans de conflit mis face à face des représentants du régime et de l’opposition, a sonné le glas des espoirs diplomatiques, malgré les dénégations des chancelleries occidentales.

Fort notamment de ses derniers succès sur le terrain, et avec le recul de la pression exercée par la communauté internationale, le président Bachar Al-Assad n’est aucunement prêt à lâcher le pouvoir. Et signe que le régime n’est pas prêt à la réconciliation, le Parlement a approuvé une loi électorale qui permet théoriquement, pour la première fois depuis des décennies, à plusieurs candidats de se présenter, en vertu de la Constitution de 2012.

Si ce texte abolit la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, il empêche de fait les figures de l’opposition en exil de se présenter, car tout candidat doit avoir vécu en Syrie pendant une période de 10 ans de manière continue au moment de présenter sa candidature.

Le médiateur international, Lakhdar Brahimi, a jugé que l’organisation unilatérale par le régime d’une présidentielle torpillerait les négociations de paix, s’attirant les critiques de Damas qui l’a accusé d’avoir outrepassé son rôle.

Aucune date n’a été annoncée pour le scrutin, mais les électeurs doivent être convoqués entre 60 et 90 jours avant la fin du mandat d’Assad, le 17 juillet. Mais le départ du président syrien, réclamé par les Occidentaux, n’est clairement pas à l’ordre du jour. Assad, au pouvoir depuis 14 ans, n’a pas encore officiellement annoncé son intention de briguer un troisième mandat .

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