A la veille
des prochaines discussions entre l’Iran et les Six, prévues le 17 mars à Vienne, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s’est rendue dimanche en Iran. C’est la première fois depuis 2008 et la visite de Javier Solana qu’un chef de la diplomatie européenne se rend à Téhéran. Outre sa forte valeur symbolique pour les relations entre l’Iran et l’Union Européenne (UE), cette visite vise à relancer le dossier nucléaire iranien et encourager le régime iranien à avancer des progrès à la veille des discussions du 17 mars. « Ashton vient pour mettre de l’huile dans les rouages des relations avec l’Iran », a déclaré un diplomate européen. Car l’UE est un acteur-clé des négociations nucléaires et Mme Ashton joue un rôle central dans les discussions actuelles en vue de parvenir à un accord définitif avec l’Iran. En 2012, les relations avec l’UE s’étaient fortement dégradées après la mise en place de sanctions économiques contre l’Iran afin de faire plier Téhéran sur le dossier nucléaire, et ne s’étaient réchauffées qu’après l’arrivée au pouvoir en juin dernier du président modéré Hassan Rohani qui a affirmé vouloir résoudre la crise nucléaire. En novembre, l’Iran et le groupe 5+1 ont conclu un accord intérimaire de six mois et sont engagés dans de difficiles négociations pour un accord final afin de régler la crise iranienne.
Lors de sa réunion dimanche avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, le président Hassan Rohani et Ali Larijani, le président du Parlement, Mme Ashton a étudié le plan d’action conjoint, entré en application le 20 janvier, qui prévoit un gel de certaines activités nucléaires sensibles iraniennes en échange de la levée d’une partie des sanctions occidentales qui étranglent l’économie du pays. « L’accord intérimaire est très très important mais pas aussi important que l’accord final en cours de discussions », a-t-elle dit.
A plusieurs reprises, M. Zarif a affirmé qu’un accord était possible dès juillet prochain, mais plusieurs questions sensibles persistent, dont la taille du programme d’enrichissement, le site d’enrichissement de Fordo et le réacteur à eau lourde d’Arak. Les Occidentaux demandent la fermeture de ces deux sites, ce que Téhéran refuse catégoriquement. Face à ces pierres d’achoppement qui risquent d’avorter les négociations, Ashton a paru plus ou moins pessimiste. « Les négociations entre l’Iran et les grandes puissances sont difficiles et avec des défis. Il n’y a pas de garantie de succès pour un accord final », a-t-elle déclaré. Par ce ton pessimiste, Mme Ashton visait, peut-être, à maintenir la pression sur un régime ambigu pour l’inciter à résoudre toute discorde susceptible d’empêcher la conclusion d’un accord final sur le nucléaire.
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