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Soudan : La guerre et les efforts de paix

Sabah Sabet , (avec Agences) , Mercredi, 09 octobre 2024

Parallèlement aux combats et à une situation humanitaire alarmante, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a présenté aux autorités soudanaises une carte pour mettre fin au conflit. La paix n’est cependant pas pour demain.

 La situation humanitaire au Soudan s’aggrave en raison de la guerre sans cesse depuis le 15 avril 2
La situation humanitaire au Soudan s’aggrave en raison de la guerre sans cesse depuis le 15 avril 2023.(Photo: AP)

« Les Forces Armées Soudanaises (FAS) et les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), ainsi que leurs milices alliées doivent prendre des mesures immédiates pour protéger les civils dans l’agglomération de Khartoum ». C’est l’appel lancé jeudi 3 octobre par l’expert des droits humains pour le Soudan désigné par l’ONU, Radhouane Nouicer. Ce n’est pas la première fois qu’un tel appel soit lancé. Or, cette fois-ci, il intervient dans des conditions légèrement différentes avec deux nouvelles donnes : militairement parlant, l’armée soudanaise est en train de reconquérir du terrain dans la capitale, Khartoum ; politiquement parlant, le Conseil africain de paix et de sécurité de l’Union Africaine (UA) a présenté aux autorités soudanaises une carte pour mettre fin au conflit. En effet, une délégation du Conseil africain de paix et de sécurité de l’UA s’est rendue cette semaine à Port-Soudan pour sa première visite dans le pays depuis 2015. Cette délégation, présidée par l’ambassadeur égyptien Mohamed Gad, président tournant du Conseil de paix et de sécurité pour le mois d’octobre, a mené de nombreuses réunions avec des responsables soudanais, dont le président du Conseil de souveraineté de transition, Abdel-Fattah Al-Burhan. « Nous constatons toujours que la description par l’UA de ce qui s’est passé le 25 octobre comme un coup d’Etat est inexacte et contredit les faits, soulignant que ce à quoi le Soudan est exposé représente un nouveau colonialisme », a révélé Al-Burhan pendant la réunion, tout en ajoutant que « l’ignorance de l’UA de la crise que traverse le peuple soudanais résulte de son manque de connaissance de la réalité de cette crise ».

De son côté, le gouverneur de la région du Darfour, Minni Arko Minawi, a déclaré dans un communiqué de presse à l’issue de la réunion de la délégation avec des responsables au siège provisoire du Conseil des ministres que « la délégation porte un message de la Commission de l’Union africaine indiquant qu’elle cherche à parvenir à un cessez-le-feu ». Il a souligné qu’ils avaient informé la délégation de leur vision pour résoudre le problème soudanais, « car les solutions doivent être mises en oeuvre conformément à la volonté soudanaise, avec les parties régionales et internationales soutenant les solutions auxquelles elles parviennent sans ingérence ».

L’UA a déjà présenté, le 27 mai 2023, une feuille de route pour mettre fin au conflit au Soudan, qui repose sur l’arrêt des hostilités, la réponse à la situation humanitaire, la protection des civils et des infrastructures et le lancement d’un processus politique global. L’UA a formé un mécanisme de haut niveau pour restaurer la stabilité au Soudan, tandis que le Conseil de paix et de sécurité a formé un comité présidentiel dirigé par le président ougandais, Yoweri Museveni, pour soutenir les efforts visant à mettre fin à la guerre au Soudan.

En fait, plusieurs tentatives visant à ramener la paix au Soudan ont déjà été lancées, sans résultat tangible. Selon Amira Abdel-Halim, spécialiste de l’Afrique au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, la situation au Soudan est très compliquée vu l’ingérence de plusieurs acteurs régionaux et internationaux, dont chacun a ses propres intérêts. « L’envoi d’armes aux deux belligérants doit s’arrêter », dit-elle. Selon l’experte, toutefois, la visite de la délégation de Conseil de paix et sécurité africain est un pas positif permettant des discussions qui pourront mener à un certain apaisement, mais « la voie de la paix est encore longue », explique-t-elle. Amira Abdel-Halim estime également que la guerre peut prendre fin s’il existe une volonté internationale qui, si elle le veut, peut exercer des pressions sur les deux parties pour cesser la guerre.

Avancée de l’armée dans la région de Khartoum

Or, sur le terrain, la guerre continue. Le 26 septembre dernier, l’armée régulière du général Abdel-Fattah Al-Burhan a lancé une importante offensive dans Khartoum et a repris du terrain aux paramilitaires du général Hemedti. En une semaine, l’armée a ainsi pris le contrôle de trois ponts stratégiques dans Khartoum : des ponts reliant Omdurman, à l’ouest, à Khartoum Nord et Khartoum centre, largement contrôlés par les FSR. En quelques jours, l’armée a progressé dans l’immense quartier de Bahri, ainsi que dans le centre de Khartoum, où elle a repris le contrôle du bâtiment de la Banque Centrale. L’armée a également ciblé les bastions des FSR qui n’ont pas fait grande résistance, d’après Sudan War Monitor, un groupe de recherche soudanais. A la suite de l’avancée de l’armée, des citoyens soudanais ont commencé à retourner à leurs foyers à Khartoum.

Si la situation à la capitale et les villes alentours est en faveur de l’armée régulière, surtout après que les FSR ont en retiré leurs troupes, la position à Darfour est complètement différente, alors que les paramilitaires renforcent leurs positions et encerclent la région d’El-Facher, ce qui a mené à une catastrophe humanitaire. Depuis des mois, le sort d’El-Facher inquiète la communauté internationale .

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