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Un an après le 7 octobre, l'économie régionale sous tensions

Gilane Magdi , Lundi, 07 octobre 2024

Les répercussions du conflit au Proche-Orient résonnent au Liban et dans la bande de Gaza, tandis qu’elles restent limitées sur les autres pays tels que l’Egypte et la Jordanie. Analyse.

L’économie sous tensions
Le PIB de Gaza a diminué de 86 % au premier semestre de 2024. (Photo : AFP)

L’aggravation du conflit au Moyen-Orient et les craintes du déclenchement d’une guerre régionale soulèvent des interrogations liées aux impacts économiques sur les pays concernés.

Hussein Soliman, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, a souligné l’importance de classifier les pays en deux groupes : le premier comprend les pays directement impliqués dans le conflit et qui en sont économiquement affectés (Liban, Gaza, Israël et Iran), tandis que le deuxième groupe englobe les pays touchés indirectement par le conflit, tels que l’Egypte et la Jordanie.

« Jusqu’à présent, les impacts sont limités pour les deux groupes, à l’exception du Liban et de la bande de Gaza, qui ont subi une destruction économique massive au cours de l’année dernière. Cependant, l’impact serait significatif sur les pays de la région en cas de bombardement des installations pétrolières iraniennes par Israël, entraînant ainsi une flambée des prix du pétrole et un arrêt de l’approvisionnement », explique Soliman.

Pour le premier groupe de pays, Soliman a précisé que le Liban était le pays le plus touché économiquement par la guerre (voir encadré). Il est suivi par la bande de Gaza, qui souffre déjà d’une destruction massive de ses infrastructures et de la détérioration de son PIB en raison de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023.

Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que le PIB de Gaza a diminué de 86 % au premier semestre de 2024. Cette forte contraction du PIB est attribuée à une chute de 86 % de l’activité économique dans l’enclave, selon la Banque mondiale. Tous les secteurs ont enregistré de fortes baisses,Quant à l’économie israélienne, Soliman a noté que l’emploi et l’investissement étranger dans les technologies seraient les plus affectés par l’aggravation des tensions géopolitique.

Enfin, l’économie iranienne, soumise aux sanctions économiques et dépendant principalement des revenus pétroliers, serait largement touchée en cas de bombardement de ses installations pétrolières par Israël. « En cas de bombardement, les prix du pétrole s’envolent et il y aura un arrêt de l’approvisionnement en pétrole iranien. Par conséquent, les répercussions seront destructrices non seulement pour l’Iran, le dixième producteur de pétrole au niveau mondial, mais aussi pour le marché du pétrole à l’échelle mondiale », prévoit Soliman. Quant au deuxième groupe de pays, qui comprend l’Egypte et la Jordanie, leurs revenus provenant des transferts des expatriés dans les pays du Golfe et du tourisme seront sans aucun doute touchés.

Impact sur l’économie mondiale

Bien que les impacts sur les pays concernés restent limités à court terme, la flambée prévue des prix du pétrole et des céréales risque de menacer différents pays du monde. « Les principales conséquences du conflit sur l’économie mondiale ont été la hausse des prix des matières premières, notamment du pétrole et des céréales, ainsi que l’augmentation des coûts de transport, les navires évitant d’éventuelles attaques de missiles des militants Houthis du Yémen contre des navires dans la mer Rouge », a déclaré la porte-parole du FMI, en ajoutant que les prix des matières premières sont actuellement inférieurs à leur sommet de l’année dernière.

Elle a déclaré qu’il était trop tôt pour prédire des impacts spécifiques sur l’économie mondiale. Le FMI mettra à jour ses projections économiques pour tous les pays et pour l’économie mondiale lors des réunions annuelles d’automne à Washington, prévues du 22 au 26 octobre.

Pour sa part, Rania Al Gendy, membre de l’Association égyptienne de l’économie politique, de la statistique et de la législation, minimise les impacts de la hausse des prix du pétrole et des céréales, en les décrivant comme étant inférieurs à leurs niveaux pendant la guerre en Ukraine. « Au cours de la semaine dernière, les prix du pétrole ont augmenté de seulement 5 % pour atteindre 78 dollars le baril de Brent. Ce niveau de prix est trop bas par rapport aux prix de l’or noir enregistrés il y a deux ans (soit 140 dollars) en raison de la guerre en Ukraine. Par conséquent, les répercussions seront encore limitées en cas de hausse des prix », prévoit-elle.

 Comment l’Egypte est-elle affectée ?

Hussein Soliman, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, a précisé que l’impact sur l’économie égyptienne se traduirait par une baisse probable de ses revenus du Canal de Suez, sous l’effet des attaques des Houthis dans la mer Rouge. « C’est le facteur principal affecté par l’aggravation du conflit en ce moment », souligne-t-il. Selon les données de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), les revenus du Canal de Suez ont chuté de plus de la moitié, atteignant 2,38 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de 2024, contre 5,68 milliards de dollars au cours de la même période de l’année passée.

Le premier ministre, Mostafa Madbouly, a lui-même résumé, lors de la réunion ministérielle tenue le 2 octobre, l’impact de la situation actuelle en deux points : les revenus du Canal de Suez et la hausse des prix du pétrole. Concernant l’impact lié à la flambée des prix du pétrole, l’analyste financier au sein de la société Arab African International Securities, Hany Amer, a précisé que « tant que l’Egypte est un importateur net de pétrole, la flambée des prix de l’or noir entraînera une hausse de la facture d’importation pétrolière, ce qui pèsera lourdement sur le déficit budgétaire et entraînera par la suite une hausse des taux d’inflation ». Selon la chaîne Al-Arabiya, les importations des produits pétroliers ont atteint 6,4 milliards de dollars pendant le premier semestre de cette année.

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