Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov. Photo : AFP
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé vendredi l'Occident à lever les sanctions visant l'Afghanistan dirigé par les talibans et à prendre la "responsabilité" de la reconstruction de ce pays ravagé par des décennies de guerre.
"Nous appelons avec insistance les pays occidentaux à reconnaître leur responsabilité pour la reconstruction post-conflit de l'Afghanistan, à lever les sanctions et à rendre à Kaboul ses actifs", a déclaré M. Lavrov, lors de l'ouverture des discussions sur l'Afghanistan.
Ces discussions réunissent vendredi à Moscou des émissaires de l'Afghanistan, notamment son chef de la diplomatie Amir Khan Muttaqi, et ceux de ses pays voisins du Moyen-Orient et d'Asie centrale.
La Russie est "convaincue qu'il est nécessaire de maintenir un dialogue pragmatique avec les autorités en place en Afghanistan", a souligné M. Lavrov, en estimant qu'une "coopération constructive" avec le régime des talibans "correspond aux intérêts de la sécurité et du développement économique de la région".
Si la Russie n'a pas pour l'heure retiré les talibans de sa liste des organisations "terroristes", M. Lavrov avait annoncé fin mai qu'elle allait bien le faire, sans en préciser les délais.
"Ce n'est pas une question de la volonté. Une décision de principe a été prise à cet égard", a assuré vendredi à la presse l'émissaire du Kremlin pour l'Afghanistan, Zamir Kaboulov, à l'issue de discussions.
"Ce processus doit être organisé dans le cadre du champ légal russe (...). J'espère qu'on annoncera très prochainement une décision définitive", a-t-il ajouté, cité par l'agence de presse RIA Novosti.
Les talibans figurent sur la liste des organisations terroristes en Russie depuis 2003, ce qui n'empêche pas Moscou d'avoir des relations avec eux et de recevoir sur son sol leurs émissaires.
Moscou se montre conciliante depuis leur retour au pouvoir en août 2021.
Le chef des services russes de sécurité (FSB), Alexandre Bortnikov, a pour sa part fait l'éloge vendredi d'une coopération "mutuellement avantageuse" avec les services spéciaux afghans.
Les autorités russes sont avant tout inquiètes pour la sécurité des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale limitrophes de l'Afghanistan, et d'y voir émerger de nouveaux groupes jihadistes.
La Russie, qui a une base militaire au Tadjikistan, voisin de l'Afghanistan, juge "inacceptable" un éventuel déploiement d'infrastructures militaires "des pays tiers" sur le territoire afghan ou dans les pays limitrophes "quel que soit le prétexte", a par ailleurs indiqué Sergueï Lavrov.
L'Union soviétique a mené dans les années 1980 une guerre de 10 ans en Afghanistan. De nombreux combattants anti-soviétiques sont devenus par la suite des dirigeants des talibans.
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