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Hezbollah : La difficile épreuve de la succession

Ola Hamdi , Mercredi, 02 octobre 2024

L’assassinat de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah depuis 1992, place le parti face à des défis sans précédent. Deux personnalités sont candidates à la succession de Nasrallah : Hachem Safieddine et Naïm Qassem. Focus.

Hezbollah : La difficile épreuve de la succession
(Photo : AP)

Alors que la politique des assassinats ciblés contre les dirigeants du Hezbollah libanais se poursuit, l’assassinat de Hassan Nasrallah, son secrétaire général, a soulevé de nombreuses interrogations quant à l’identité de celui qui pourrait diriger le parti dans cette phase délicate. D’autres questions se posent quant à la sécurité intérieure du Hezbollah. Comment Israël a-t-il réussi à atteindre, presque sans exception, les hauts responsables et les membres de rang inférieur du Hezbollah ? S’agit-il de trahisons internes, ou d’espionnage électronique israélo-occidental ? Conformément au statut interne du Hezbollah, le Conseil de la Choura est l’instance chargée d’élire le secrétaire général. En cas d’impasse, le guide suprême de la République islamique d’Iran a le pouvoir de trancher. Le Conseil de la Choura est la plus haute instance dirigeante du Hezbollah. Le conseil est présidé par le secrétaire général, élu pour un mandat de trois ans, renouvelable. Les décisions sont prises à la majorité. Chaque membre est responsable d’un dossier spécifique et dirige un secteur du parti. Outre Hassan Nasrallah, le Conseil de la Choura comprend son adjoint, le cheikh Naïm Qassem, le conseiller politique Hussein Khalil, le président du Conseil politique, Ibrahim Amin Al-Sayed, le président du Conseil exécutif, Hachem Safieddine, le président du Conseil juridique, Mohamad Yazbek, et le directeur général de la Fondation du martyr, Jawad Nour Al-Din.

Trois secrétaires généraux

Fondé en 1989, le Hezbollah a connu trois secrétaires généraux. Cheikh Sobhi Tufayli, originaire de la région de Brital dans la Bekaa, a dirigé le parti pendant la guerre libanaise. En 1991, Abbas Al-Musawi lui succède et entame une nouvelle phase pour le Hezbollah en poursuivant la résistance armée contre Israël. Son assassinat par Israël en 1992 a marqué un tournant. Hassan Nasrallah a succédé à Al-Musawi en 1992 et a dirigé le Hezbollah pendant 32 ans, supervisant la transformation du parti en une force militaire influente sur le plan régional. Sous sa direction, le parti s’est considérablement développé, s’impliquant davantage dans la vie politique libanaise : l’entrée au Parlement en 1992, la participation au gouvernement en 2005. Il a également renforcé la dimension militaire du Hezbollah, en faisant de lui une force régionale incontournable. Le charisme de Nasrallah, renforcé par la perte de son fils aîné au combat en 1997 et par la libération du Sud-Liban en 2000, lui a assuré une popularité sans faille et une longévité à la tête du parti.

Deux candidats

Le processus de restructuration des rangs du parti sera désormais extrêmement difficile. En assassinant Nasrallah, et après lui Nabil Kaouk, commandant de l’unité de sécurité du Hezbollah, Israël a assassiné la plupart des dirigeants du Conseil djihadiste du parti et de son Conseil de la Choura, ce qui pourrait donner lieu à des crises au sein du Hezbollah. Dans ce contexte, certaines estimations indiquent que la personnalité qui pourrait succéder à Nasrallah à la tête du Hezbollah libanais est Hachem Safieddine, cousin de Nasrallah et président du Conseil exécutif du parti. Safieddine ressemble à son cousin tant par son apparence que par son caractère.

Né en 1964, dans la ville de Deir Qanun Al-Nahr, dans la région de Tyr au sud du Liban, il est issu d’une famille très influente de la région. Safieddine était le numéro deux du parti. Pendant trois décennies, l’homme a contrôlé tous les dossiers sensibles, de la gestion des institutions du parti à la gestion de ses investissements au Liban et à l’étranger, laissant les dossiers stratégiques entre les mains de Nasrallah. Safieddine était également chargé de mettre en oeuvre les politiques internes et de développer la structure administrative du parti.

Safieddine, inscrit sur la liste terroriste des Etats-Unis depuis 2017, est considéré comme l’un des hauts responsables du parti ayant des relations étroites avec l’aile militaire, en plus de ses relations très étroites avec l’aile exécutive. Il entretient également de fortes relations avec Téhéran. Il a passé plusieurs années à Qom en Iran pour étudier, avant d’être rappelé par Nasrallah à Beyrouth pour assumer des responsabilités au sein du parti. En plus, son fils Reza s’est marié en 2020 avec Zainab Soleimani, fille de Qassem Soleimani, l’architecte du projet régional iranien, assassiné par une frappe américaine à Bagdad la même année. Les années passées par Safieddine à Qom ont influencé sa pensée politique. Il est par exemple partisan du concept de Wilayat Al-Faqih, bien que beaucoup de chiites libanais n’y adhèrent pas.

Dans le même contexte, Naïm Qassem, vice-secrétaire général du Hezbollah, est l’un des noms proposés, mais dans une moindre mesure que Safieddine. Né dans la région de Basta Tahta à Beyrouth en 1953, il est marié et a six enfants. Il fait, au début de sa vie, des études à la faculté de sciences de l’éducation de l’Université libanaise, d’où il a obtenu un master en chimie.

En 1974, il rejoint les « Forces de la résistance libanaise » qui constituent le bras militaire du « Mouvement des déshérités » fondé par Moussa Sadr, pour permettre aux chiites libanais d’obtenir plus de droits civiques. Il occupe successivement les fonctions de secrétaire du Conseil de direction et de responsable de la doctrine et de la culture au sein du mouvement Amal. En 1982, Naïm est l’un des principaux fondateurs du Hezbollah, il devient membre du Conseil de la Choura du parti et prend en charge les activités éducatives. Il a également occupé le poste de vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah, avant d’en devenir le président. En 1991, il est nommé vice-secrétaire général du Hezbollah, et en 1992, il devient coordinateur général des élections législatives au sein du parti.

Certains analystes n’excluent pas la possibilité qu’une figure militaire soit choisie pour diriger le parti pour la première fois, en guise de défi à Israël, à l’instar de ce que le Hamas a fait en choisissant Yahya Sinwar à la tête du bureau politique du mouvement.

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