Al-Burhan a affirmé lors de son discours à l’ONU que toute paix durable ne serait envisageable qu’avec la soumission totale des milices. (Photo : AP)
C’est un tournant important dans les combats en cours entre les belligérants au Soudan : l’armée soudanaise a récemment repris la capitale Khartoum des mains des Forces de Soutien Rapide (FSR), qui la contrôlent depuis plusieurs mois. Les forces de l’armée dirigées par le général Abdel-Fattah Al-Burhan mènent des frappes aériennes et des tirs d’artillerie depuis jeudi dernier contre les cibles des forces paramilitaires à Khartoum. L’armée a également franchi deux ponts-clés sur le Nil, qui sépare les parties de la capitale tenues par l’armée de celles contrôlées par les FSR, selon une source citée par l’AFP.
Une opération d’une grande envergure et bien planifiée selon l’expert en sécurité Mohamed Abdel-Wahed. « Les forces de l’armée ont fait subir de lourdes pertes aux FSR en libérant de grandes parties de la capitale Khartoum, de Bahari et d’Omdourman », indique l’expert, tout en ajoutant que les FSR sont assiégées et que les moyens d’approvisionnement et de soutien logistique sont coupés, ce qui donnera l’occasion à l’armée de poursuivre ses avancées tout en ciblant d’autres bastions des paramilitaires, notamment avec le soutien des frappes des forces aériennes.
Depuis le début du conflit déclenché en avril 2023 qui oppose l’armée, dirigée par Abdel-Fattah Al-Burhan, aux FSR de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdan Daglo, les paramilitaires ont repoussé l’armée pratiquement hors de toute la ville. Mais à la suite de sa dernière grande offensive de février dernier, l’armée a repris une grande partie d’Omdourman, ville adjacente à la capitale et intégrée à son agglomération.
L’attaque sur Khartoum intervient alors que les FSR ont lancé une offensive le week-end dernier contre El-Fasher, grande ville du Darfour de quelque 2 millions d’habitants, qu’elles assiègent depuis des mois. Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a alerté jeudi sur le « risque élevé » de violences ethniques si cette ville du sud-ouest du pays tombait aux mains des paramilitaires.
Pression internationale
Alors que les combats faisaient rage à Khartoum, une réunion consacrée à la guerre au Soudan a eu lieu le 26 septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. L’Union Africaine (UA), l’Union Européenne (UE) et les Etats-Unis, organisateurs de cette rencontre, se sont mis d’accord pour mettre la pression sur les parrains des deux camps, surtout pour protéger les civils et parvenir à une solution politique à la crise.
Pourtant, une situation politique reste incertaine du fait qu’Al-Burhan insiste toujours sur le fait qu’il n’y aura jamais de solution politique avant le retrait des FSR de toutes les régions sous son contrôle. « Toute paix durable ne serait envisageable qu’avec la soumission totale des milices », a affirmé Al-Burhan lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU. Quant à Daglo, qui répète toujours sa disposition à des pourparlers de paix, il affirme en même temps qu’il ne va pas céder les gains qu’il a conquis depuis le début du conflit.
Cependant, pour Abdel-Wahed, la dernière offensive de l’armée pourra faire bouger l’eau stagnante. « Al-Burhan voulait obtenir des victoires militaires pour être en position de force avant toute négociation », estime-t-il, ajoutant que si l’armée poursuit son avancée, Al-Burhan pourra accepter les initiatives de paix. « Mais tout dépend de l’ampleur des interventions étrangères et la volonté de mener ou non la paix dans ce pays déchiré », conclut-il.
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