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Le Liban en détresse

Amira Samir , Mercredi, 02 octobre 2024

Les bombardements israéliens intenses sur plusieurs régions du Liban ont forcé plusieurs centaines de milliers de personnes à se déplacer du sud du pays vers Beyrouth, le nord et la Syrie.

Le Liban en détresse

« Les frappes israéliennes ont provoqué le plus grand déplacement de population de l’histoire du Liban. Plus de 700 centres d’accueil ont été ouverts pour héberger les déplacés », a déclaré le premier ministre libanais, Naguib Mikati, avant de préciser que « le nombre est très important et pourrait atteindre un million de personnes. Ce qui équivaudrait à un sixième de la population totale du Liban ». De son côté, le Haut-Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a mis en garde contre « les risques d’une nouvelle crise de déplacement au Moyen-Orient, déjà fragilisé par de nombreux conflits ». Selon l’ONU, plus de 200 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du sud du Liban depuis le début des attaques israéliennes contre le Liban, dont 100 000 depuis les attaques massives de la semaine dernière. Environ 80 000 déplacés résident désormais dans des écoles et vivent dans des conditions précaires. Certains observateurs craignent que ces déplacements massifs ne déstabilisent le fragile équilibre communautaire au Liban.

 Les images montrant des Libanais fuir les régions du sud, sous les bombardements israéliens, ravivent des souvenirs similaires de Palestiniens fuyant le nord de Gaza pour se rendre au sud, afin d’échapper aux mêmes bombardements israéliens. Des photos et des vidéos montrent une forte agglomération sur les axes routiers pour fuir le sud vers le nord du Liban ou vers la frontière syrienne. Le ministère libanais de la Santé a annoncé que 1 540 personnes sont mortes en martyr depuis le début de l’attaque israélienne et que le nombre de blessés approche des 5 500, notant que plus de 77 000 personnes déplacées ont été accueillies dans des abris agréés établis dans des écoles, des établissements publics, des complexes éducatifs et des centres agricoles convertis en logements. Au cours des 11 derniers mois, les déplacements étaient concentrés principalement dans le sud, mais ils se sont désormais étendus à tout le pays. La banlieue sud de Beyrouth, densément peuplée, est considérée comme un bastion du Hezbollah, abritant de nombreuses institutions du parti comme les écoles et les hôpitaux. Ces infrastructures ont fait de cette région la première cible des bombardements israéliens.

De crise en crise

En outre, les réfugiés syriens au Liban font face à de nouveaux défis. Selon les estimations, 50 000 réfugiés sont retournés en Syrie, pour échapper aux frappes aériennes israéliennes sur les régions sud et est du Liban. A partir de 2011, le Liban a accueilli un grand nombre de Syriens. Le pays, qui compte 4 millions d’habitants, accueille environ 2 millions de Syriens, dont moins de 800 000 sont enregistrés auprès des Nations- Unies. La plupart d’entre eux sont venus au Liban après le déclenchement du conflit syrien en 2011. Le nombre total de réfugiés au Liban est le plus élevé au monde si l’on prend en considération la population du pays. Le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR) a déclaré qu’au moins 87 Syriens ont été tués dans la dernière escalade entre le Hezbollah et Israël au Liban.

Un avenir incertain

Par ailleurs, la situation tendue au Liban jette le doute sur l’avenir des élèves dans le pays. Le gouvernement libanais a été contraint d’arrêter le processus éducatif face à l’arrivée croissante de personnes déplacées et à la possibilité de transformer ces écoles et instituts en lieux de refuge. Il a ordonné d’ouvrir des écoles et des instituts pour accueillir la grande vague de déplacements. Le ministre libanais de l’Education a confirmé que la priorité est désormais de fournir des logements aux déplacés venant des zones touchées, soulignant que le ministère prépare une liste renfermant les noms des personnes déplacées.

Les implications humanitaires de la vague sans précédent de déplacements dans le sud du Liban sont alarmantes. Les organisations humanitaires mettent en garde contre la détérioration des conditions de vie des personnes déplacées après des informations faisant état de déplacements dans 193 régions et la suspension des études dans tout le pays, après l’ouverture d’écoles pour abriter les personnes déplacées.

Les bombardements au Liban ont déclenché une crise humanitaire majeure. L’Etat, affaibli par une crise économique sans précédent, est incapable de faire face à l’ampleur de cette catastrophe. Dans son discours à l’Assemblée générale des Nations-Unies, la députée Bahia Hariri a déclaré que « le peuple libanais est en grave danger, après la destruction de vastes zones de terres agricoles et de nombreux bâtiments résidentiels. L’économie est gravement touchée, ce qui menace la tranquillité de la population ». De nombreux pays ont conseillé à leurs ressortissants de quitter le Liban.

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