En 2021, le secrétaire général du Hezbollah, le très célèbre et très controversé Hassan Nasrallah, affirmait que la milice pouvait mobiliser jusqu’à 100000 combattants, un chiffre jugé excessif par certains spécialistes, réaliste par d’autres. Fait rare puisque le groupe communique rarement sur les questions militaires. C’est en effet la seule indication « officielle » sur les effectifs de la milice. Le secret est presque un culte au Hezbollah. Un nombre très restreint de personnes connaissent ses capacités réelles en matière du nombre de combattants et de types d’armement, Nasrallah bien sûr, et quelques membres du « Conseil de la Choura », la plus haute instance dirigeante.

Il est donc difficile d’avoir un chiffre précis. Les estimations varient de 20000 à 50000 combattants, en majorité bien entraînés et aguerris. Selon la CIA par exemple, les effectifs de « l’armée » du Hezbollah sont de 45000 hommes dont 20000 à plein temps, les autres pouvant être mobilisés en cas de besoin, comme réservistes.

Plus généralement, les informations militaires, même celles publiées par des centres de recherches ou des experts de renom, sont des approximations ou des conclusions tirées de notes de renseignement ou d’observations de terrain. On estime par exemple que quelque 40 000 combattants ont participé à la guerre en Syrie, dont 4000 à 7000 membres de la force d’élite Al-Radwan, aujourd’hui déployée dans le Sud-Liban.

L’une des forces militaires non étatiques les plus armées

Pour ce qui est de l’armement, la milice posséderait, selon le groupe de réflexion Center for Strategic and International Studies, entre 120000 et 200000 roquettes et missiles. La majeure partie de son arsenal est constituée de petites roquettes d’artillerie surface-surface non guidées, estime le groupe. Toutefois, Nasrallah a confirmé les informations sur la possession par son parti de missiles de haute précision « capables d’atteindre n’importe quel point » en Israël. Une grande partie des roquettes sont des Katioucha et des Grad de divers calibres (107 mm, 122 mm, 303 mm) et d’une portée pouvant atteindre 40 kilomètres. Le groupe affirme également utiliser des munitions plus sophistiquées — probablement le missile iranien Sayyad-2C—, un engin guidé par radar qui peut atteindre des cibles à près de 90000 pieds. En novembre 2023, le chef du Hezbollah a, en outre, révélé que la milice utilisait notamment le modèle Burkan, une munition pouvant facilement être assemblée et causer une destruction massive jusqu’à 150 mètres du point d’impact. Il a aussi affirmé que le groupe utilisait des roquettes Katioucha, fabriquées à l’origine par l’ex-URSS, copiées par l’Iran et pouvant parcourir de 20 à 40 kilomètres. Et en 2022, Nasrallah a évoqué des munitions à guidage de précision. En novembre 2023 également, le site américain Essanews a par ailleurs confirmé que le parti chiite possédait des missiles antinavires russes supersoniques de type P-800 Oniks connus sous le nom de Yakhont.

Si l’Iran est le principal fournisseur d’armes au Hezbollah, le groupe cherche à devenir plus autonome. « Aujourd’hui, au Liban, et depuis longtemps, nous avons commencé à fabriquer des drones », déclarait Nasrallah en 2022, une affirmation qu’il a réitérée en juin dernier.

Bref, le Hezbollah, considéré comme l’une des forces militaires non étatiques les plus lourdement armées au monde, dispose d’un arsenal beaucoup plus sophistiqué que celui dont dispose le Hamas, dans la bande de Gaza. Ce qui explique l’acharnement d’Israël à détruire le Hezbollah. Or, si les troupes israéliennes ont envahi le Sud-Liban à plusieurs reprises pour tenter d’éliminer la menace du Hezbollah, notamment en 2006 lors de la guerre la plus meurtrière entre les deux parties, le Hezbollah a cependant survécu et a depuis lors augmenté le nombre de ses combattants et obtenu des armes nouvelles et plus performantes.

Fin juillet, Hassan Nasrallah affirmait d’ailleurs que ses combattants n’ont utilisé qu’« une partie » de leurs armes dans l’escalade avec Israël …