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"Megalopolis", le pari fou de Francis Ford Coppola, arrive en salles

AFP , Vendredi, 20 septembre 2024

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"Megalopolis"

Un pari fou ou le film de trop pour le parrain du cinéma américain ? Le public va pouvoir juger sur pièce le dernier opus de Francis Ford Coppola, "Megalopolis", film testament dans lequel il a investi une partie de sa fortune.

La sortie, mercredi en France et vendredi aux États-Unis, est un moment de vérité pour ce film auquel l'industrie du cinéma a tourné le dos, et que la critique a très fraîchement accueilli à Cannes.

Mais l'auteur de la trilogie du "Parrain" (1972-1990) et d'"Apocalypse Now" (1979), qui avait lui aussi été éreinté sur la Croisette, le voit comme son ultime chef-d'oeuvre, en gestation depuis des décennies.

Arrêter le temps

A New Rome, mégapole de fiction au croisement de New York, de la Rome antique et de Gotham City, Francis Ford Coppola imagine la lutte entre un maire vieillissant, joué par Giancarlo Esposito, et le président de sa commission d'urbanisme, joué par Adam Driver.

Ce dernier veut rebâtir la ville, dont les statues s'effondrent, à partir d'un matériau révolutionnaire de son invention, le Megalon, qui doit remplacer le béton. Et tombe amoureux de la fille de son rival, jouée par Nathalie Emmanuel ("Game of Thrones").

"Megalopolis" explore de nombreuses pistes - Adam Driver peut arrêter le temps d'un claquement de doigts, ce qui l'empêche de faire une chute vertigineuse du haut d'un building, un satellite soviétique menace de s'écraser et dévie de sa trajectoire, Shia LaBeouf conspire contre le pouvoir - pour les abandonner ensuite.

Il passe d'une citation de Shakespeare à une image d'archive d'Hitler, et porte une critique de la société capitaliste et du populisme à la Donald Trump. On aurait pu attendre cette dernière plus affûtée de la part de l'auteur de "Apocalypse Now", qui résonnait à son époque avec les plaies d'une Amérique sortant de la guerre du Vietnam.

"A l'espoir et aux enfants"

Reste la brochette d'acteurs cinq étoiles, stars des années 1970 comme Jon Voight et proches de Coppola dont sa soeur, Talia Shire, qui joue la mère du personnage d'Adam Driver ou encore Laurence Fishburne, qui jouait adolescent dans "Apocalypse Now".

"Je dédie mon film à l'espoir et aux enfants. Créons un monde pour les enfants", avait lâché Coppola, très ému, à l'issue de la projection officielle cannoise.

Les applaudissements nourris dans la salle pour cette légende du cinéma, âgée de 85 ans, n'ont pas empêché la majorité de la critique d'éreinter ce cocktail jugé pompeux de science-fiction, pensée new age et style néo-antique, qui veut comparer l'Amérique d'aujourd'hui à l'empire romain décadent.

D'autres ont été emballés, à l'instar de Jean Labadie, à la tête du distributeur français Le Pacte, l'un des rares à avoir cru au projet. Son pari: distribuer le film dans quelque 400 cinémas français, dont les salles Imax, format pour lequel il a été tourné.

Critiques inventées

Il respectera même le voeu de Coppola de faire surgir dans la salle, en plein milieu des 02H18 du film, un intervenant en chair et en os pour s'adresser en direct à l'écran, et dialoguer avec le personnage joué par Adam Driver.

Le dispositif sera répliqué "dans le maximum de salles possibles, même si les exploitants ne trouveront peut-être pas toujours quelqu'un pour le faire à toutes les séances", a précisé M. Labadie à l'AFP.

Aux Etats-Unis, le film a eu le plus grand mal à convaincre un distributeur. Et après avoir commencé la promo de "Megalopolis", la société Lionsgate, a du s'excuser: l'une des bandes annonces diffusées citait des critiques élogieuses... mais inventées de toute pièce.

Le public aura le dernier mot pour savoir si Coppola a eu raison de s'obstiner dans ce projet à 120 millions de dollars. L'industrie ne souhaitant pas le suivre, il a investi dans l'affaire sa fortune personnelle, dont une partie de son vignoble.

Sans regrets: ses enfants, Roman, qui l'a assisté à la caméra, et l'actrice et réalisatrice Sofia Coppola, ont chacun "de très belles carrières", et n'ont donc "pas besoin d'hériter de fortunes", a souligné Coppola.

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