Celle-ci réunit 56 pays dont l’Egypte, en plus de 14 pays ayant la qualité d’observateur. Boutros-Ghali — ancien ministre d’Etat égyptien aux Affaires étrangères et ancien secrétaire général de l’ONU — a occupé le poste de secrétaire général de l’OIF de 1997 à 2002. Il apporta à l’Egypte d’énormes aides financières et culturelles.
Sur le plan culturel, cette organisation supervise certaines instances dont l’Agence universitaire de la francophonie, l’Université Senghor à Alexandrie et la chaîne TV5 Monde. Elle apporte son soutien au développement durable et veille à promouvoir le rôle de la femme, surtout dans les pays africains francophones. C’est à travers cette organisation que l’Egypte reçoit une bonne partie des aides sous forme de bourses d’études dans toutes les disciplines scientifiques et humaines, destinées aux chercheurs en vue de l’obtention de magistère et doctorat.
Afin de développer ces activités, le gouvernement égyptien et l’Agence française de développement ont signé en 2020 un accord de partenariat pour soutenir l’enseignement du français aux écoles gouvernementales. Cet accord intervenait dans le cadre de l’évolution des programmes scolaires et des systèmes de l’évaluation des enseignants au profit de 15 000 instituteurs de français, dans le but de développer leurs compétences professionnelles. On s’est mis également d’accord pour enseigner le français dans le cycle préparatoire. Cet accord devrait entrer en vigueur au cours de l’année scolaire 2024-2025 au profit d’environ 3 millions d’étudiants. Mais on a été surpris par les nouvelles décisions d’évolution du baccalauréat égyptien qui abolissent la langue française dans le cycle préparatoire et la marginalisent au baccalauréat ! Ces décisions devraient être mises sur la table de dialogue entre les spécialistes d’enseignement.
En ce qui concerne la langue française, il faudrait tenir un débat entre les ministères de l’Education, de l’Enseignement supérieur et des Affaires étrangères, car son enseignement tient à des conventions avec l’OIF et la France en vue de diffuser la langue et la culture françaises et renforcer l’influence culturelle, politique et économique de la France.
Il est historiquement connu que la France exerce une influence de Lumières en Egypte dès l’Expédition de Bonaparte (1798-1801). Malgré sa courte présence coloniale, les apports d’ordre culturel, scientifique et administratif de cette expédition étaient si influents sur l’avenir de l’Egypte. Les exploits des savants de l’Expédition française se trouvaient dans la création d’un institut scientifique à l’instar de l’Institut de France à Paris dont la mission est d’œuvrer pour le progrès des sciences en Egypte ; la fondation d’une imprimerie arabe et d’une autre française, la rédaction de la Description de l’Egypte, la première encyclopédie sur l’Egypte, ainsi que la découverte de la pierre de Rosette, ce qui permit à Champollion de déchiffrer l’ancienne calligraphie égyptienne. Là, on a pu connaître l’histoire de l’Egypte Ancienne et ainsi fut créée une nouvelle science, l’égyptologie.
Quatre ans après le départ de Napoléon, en 1805, Mohamad Ali accède au pouvoir. Il s’est servi de toutes les idées administratives de l’Expédition française pour instaurer les services dans l’ensemble du pays. Il a accordé une attention particulière à l’agriculture et à l’industrie, compté sur la bourgeoisie et fondé un Etat moderne. Tout cela le poussa à envoyer des missions scientifiques pour former des cadres dans tous les domaines de la vie. En 1826, il envoya des étudiants en France pour étudier les sciences et arts militaires. Cette mission est la plus importante, avec en tête Rifaa Al-Tahtawi qui créera ultérieurement l’Ecole d’Al-Alsun pour l’enseignement des langues et de la traduction en 1835. En 1847, il envoya en France des étudiants d’Al-Azhar pour étudier les sciences de droit. Ainsi s’appointa en Egypte l’ère des Lumières dont le fruit était une pléiade d’hommes politiques, de penseurs et d’hommes de lettres. On en cite, à titre d’exemple, des cheikhs d’Al-Azhar : Mohamad Abdou, Mohamad Abdullah Draz, Abdel-Halim Mahmoud … et dernièrement Ahmed Al-Tayyeb.
Dans le monde politique, on en cite Moustapha Kamel, Mohamad Farid, Saad Zaghloul, Qassem Amin ... En droit, en littérature et en philosophie : Zaki Moubarak, Ahmad Lotfi Al-Sayed, Ismaïl Sabri (chef de file des poètes), Taha Hussein, Tawfiq Al-Hakim, Abdel-Razzak Al-Sanhouri (le génie juridique), Abdel-Rahman Badawi, Hassan Hanafi, Abdel-Hamid Madkour (le secrétaire général de l’Académie de la langue arabe et de l’Union des académies de la langue arabe), Amina Rachid, Ayman Fouad Sayed (ex-syndic de l’Association des historiens d’Egypte), Christine Skander (professeure et ex-représentante de la francophonie en Egypte) et Randa Sabry (professeure et initiatrice du grand projet national et mondial de la traduction des documents du Canal de Suez, sous le titre Le Mi-Lieu entre l’Orient et l’Occident).
C’est un peu d’un grand bilan du rôle de la francophonie en Egypte. Cela confirme et raffermit « l’Egypte Francophone » !
Ne nous faudrait-il la maintenir et œuvrer pour la développer ?
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