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Commerce intra-africain : Le continent se trace une place dans l’économie mondiale

Genève, Par Névine Kamel, Dimanche, 15 septembre 2024

De l'agriculture durable à l'entrepreneuriat numérique, en passant par l'économie circulaire et le commerce électronique, les défis auxquels sont confrontés les pays en développement étaient au cœur des discussions au forum.

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Une dizaine de séances ont été consacrées aux outils d'intégration régionale en Afrique, notamment la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf), explorant leur potentiel à intégrer les économies africaines dans les chaînes de valeur mondiales. Parmi les sessions du forum, celle intitulée « Développer les chaînes de valeur régionales : un levier pour dynamiser le commerce intra-africain » a mis en lumière le rôle actif que l’Afrique pourrait jouer dans la transformation du visage de la mondialisation.

En effet, le financement du commerce constitue un pilier essentiel pour l’intégration africaine. Paradoxalement, en Afrique, les échanges intra-africains sont plus coûteux que les échanges avec des partenaires extérieurs. Selon l’OMC, les coûts intra-africains sont en moyenne plus de 20 % en raison des infrastructures insuffisantes, d’une forte dépendance à l’égard des matières premières, des politiques industrielles inadéquates et d’un accès limité au financement. Quant aux entreprises africaines, en particulier les PME, qui représentent environ 90 % des entreprises du continent africain et emploient 60 % de sa main-d’œuvre, elles sont largement exclues du commerce international, en raison notamment de leur faible accès au financement. 50 % des demandes de financement des PME sont rejetées, contre 7 % pour les multinationales. Selon Ngozi Okonjo-Iweala, directrice de l’OMC, « un meilleur accès au financement commercial permettrait de réduire les coûts et les risques pour les petites entreprises, facilitant ainsi leur participation au commerce international ».

« La transition verte en Afrique : quel rôle pour la politique commerciale ». Cette séance a notamment examiné les défis et les opportunités de la transformation locale des produits miniers stratégiques en Afrique afin de diversifier ses économies. En effet, les pays en développement, en particulier l’Afrique, détiennent d'immenses ressources naturelles essentielles pour la transition verte. Cependant, ils continuent à faire face à des obstacles, allant des inégalités du commerce mondial qui les piègent dans le rôle de fournisseurs de matières premières aux impacts socioéconomiques et environnementaux de l'extraction des ressources. L'Afrique ne représente que 3 % du commerce mondial. Comment la politique commerciale peut-elle aider à briser ces schémas et garantir que les communautés locales et les petites entreprises bénéficient de la transition verte ? Comment passer de modèles purement extractifs à une industrialisation verte inclusive ? Cette séance, réunissant des experts en politique, des gouvernements et des organisations de la société civile, a tenté de répondre à ces questions urgentes, en se concentrant sur le contexte africain. En marge du forum, lors d'un échange avec des journalistes, la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a souligné l’importance de transformer localement les produits miniers stratégiques en Afrique pour créer des emplois et développer des chaînes de valeur complètes sur le continent, en donnant l’exemple de la RDC comme un pays riche en ressources naturelles. « Pourquoi continuer à exporter simplement des matières premières ? Ce que nous préconisons, c'est de transformer ces minéraux critiques localement, en collaboration avec des pays voisins comme la Zambie, afin de créer des emplois et d'accroître la valeur ajoutée dans la région ». Elle a notamment évoqué le potentiel de l'Afrique dans la production de batteries pour véhicules électriques, en exploitant pleinement les ressources en lithium, cobalt et autres minéraux stratégiques présents sur le continent.

Autre session, autre enjeu : « L’Afrique est numérique : comment assurer un commerce numérique inclusif au sein de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf) ? ». Le commerce numérique constitue un catalyseur pour l’augmentation des échanges commerciaux au sein du continent. Adopté en février 2024, le Protocole sur le commerce numérique dans le cadre de la ZLECAf marque une étape importante pour la gouvernance du commerce numérique sur le continent. Ce panel a examiné les moyens par lesquels ce protocole encourage la numérisation du commerce en Afrique et en particulier à contourner des obstacles tels que la distance par rapport aux marchés d'exportation et l'insuffisance des infrastructures de transport. Cependant, les pays africains sont confrontés à des défis liés à l'insuffisance des infrastructures numériques. La part de marché du commerce numérique mondial de l'Afrique est faible. Bien que ce continent représente près de 18 % de la population mondiale, sa part dans les exportations mondiales de haute technologie ne dépasse pas 0,4 % et celle des services liés est à peine de 2 %. En outre, le coût élevé d'Internet demeure un défi majeur pour le développement numérique en Afrique.

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