« L'économie circulaire pour une transition énergétique juste : Enrichissement de la chaîne de valeur des matières stratégiques dans les régions extractives dans le contexte de la re-mondialisation », c’est le titre d’une séance qui a animé le débat autour de l’importance de la transition vers une économie circulaire. Le concept d'économie circulaire est relativement nouveau à l'échelle mondiale et plus particulièrement dans les pays en développement et émergents. Il vise à passer d'un modèle économique linéaire, basé sur l'extraction continue de ressources, à un modèle circulaire où les matières premières et l'énergie sont renouvelables et où les déchets sont valorisés comme nouvelles matières premières.
Selon une étude publiée en 2023 par le Forum économique mondial, l'économie circulaire pourrait représenter une énorme opportunité commerciale de 4 500 milliards de dollars d'ici à 2030. Cependant, 9 % seulement de l’économie mondiale sont actuellement circulaires. Les enjeux sont encore plus importants pour les pays en développement, notamment en Afrique où l’économie est essentiellement linéaire et où le contexte des crises multiples et permanentes accentue sa fragilité.
D’après une autre étude publiée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), la transition vers une économie circulaire dans les pays du Sud pourrait conduire à la création de millions d'emplois. Le rapport de l’OIT révèle encore que 84 % des recherches liant travail décent et économie circulaire portent sur les pays du Nord. Bien que la majorité des activités de l'économie circulaire se déroulent désormais dans les pays du Sud, l'Afrique subsaharienne, l'Europe de l'Est, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont sous-représentés dans ces recherches.
Ainsi, les participants à la séance ont souligné que dans le contexte de la re-mondialisation, les modèles économiques actuels de transition énergétique « risquent d'aggraver les inégalités ». En plus, ils ont exploré comment des concepts innovants, tels que la transformation « de l'économie de consommation en une économie de services », peuvent contribuer à un commerce plus équitable, respectueux des droits humains et soucieux de l'environnement. « Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais rappeler le concept de limites planétaires. Cette approche scientifique consiste, concernant les grands équilibres naturels, à fixer des seuils à l’échelle mondiale que l’humanité ne devrait pas dépasser, afin de préserver la stabilité des écosystèmes et de maintenir des conditions favorables à la vie sur terre. Ce cadre nous permet d'analyser l'impact de nos activités économiques sur le système terrestre. Or, selon les dernières études, nous avons déjà dépassé six des neuf limites planétaires identifiées », a déclaré Diego Marin, spécialiste de politiques senior pour les matières premières et la justice des ressources. Et d’ajouter : « Le concept de durabilité est souvent utilisé à tort et à travers. Il est important de distinguer la durabilité forte, qui implique de préserver le capital naturel, de la durabilité faible, qui considère que le capital naturel peut être remplacé par du capital artificiel. Une approche de durabilité forte nécessite une justice sociale et une équité intergénérationnelle ».
Selon des estimations, la quantité de matières premières consommées est passée d'environ 27 milliards de tonnes en 1970 à environ 100 milliards de tonnes. En revanche, le taux de recyclage actuel est inférieur à 10 % du poids des matières premières consommées, ce qui indique une consommation excessive de ressources. En effet, l'économie circulaire repose sur un ensemble de dimensions fondamentales, notamment l’adoption d’une politique de partage plutôt qu'une politique de possession et ce, en transférant la propriété du consommateur au producteur. Toutefois, la mise en œuvre de l’économie circulaire se heurte à de nombreux défis. Parmi ceux-ci les obstacles réglementaires qui nécessitent des changements systémiques dans les politiques, les réglementations et les pratiques commerciales de production. En outre, la transition culturelle constitue un autre défi qui exige un changement dans le comportement des consommateurs et les modes de propriété. Enfin, il y a les obstacles liés à l'innovation et à la technologie, car la technologie joue un rôle central dans l'autonomisation de l'économie circulaire.
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