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L'Espagne appelle l'UE à "revoir" son projet de taxes sur les véhicules électriques chinois

AFP , Mercredi, 11 septembre 2024

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Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez s’exprime lors d’une conférence de presse au parc industriel de Mondragon à Kunshan, dans la province du Jiangsu, près de Shanghai. Photo : AFP

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé mercredi les pays membres de l'Union européenne ainsi que la Commission à "revoir" leur position au sujet du projet de taxes sur les véhicules électriques chinois.

"Nous devons revoir, tous ensemble, non seulement les Etats membres mais aussi la Commission, notre décision", a-t-il déclaré à Shanghai lors d'une conférence de presse, en réponse à une question sur les inquiétudes de la filière porcine espagnole.

Pékin a en effet lancé en représailles une enquête anti-dumping sur les importations de porc et de produits à base de porc, dont l'Espagne est le plus grand exportateur européen vers la Chine.

"Comme je l'ai dit auparavant, nous n'avons pas besoin d'une autre guerre, une guerre commerciale dans ce cas", a affirmé Pedro Sanchez.

Le chef du gouvernement espagnol a dit avoir exprimé sa "surprise" auprès du président chinois Xi Jinping sur le choix de la filière porcine comme réponse de Pékin.

La Commission a annoncé le 20 août sa décision de surtaxer pendant cinq ans les voitures électriques provenant de Chine, y compris celles du constructeur américain Tesla, qui possède une usine à Shanghai.

- "Trouver une solution" -

Bruxelles va ajouter aux 10% de taxe déjà en place une surtaxe, allant jusqu'à 36%, à l'encontre des importations de véhicules électriques chinois.

Ces droits de douane s'appliqueront d'ici fin octobre pendant cinq ans, sous réserve de l'aval des 27, divisés sur le sujet et appelés à voter. Ils remplaceront alors des taxes provisoires décidées début juillet, et allant jusqu'à 38%, selon la Commission.

Championne des moteurs essence et diesel, l'industrie automobile européenne craint de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles électriques chinois. Pékin a pris de l'avance en investissant de longue date dans les batteries.

Avec ces surtaxes, l'UE espère ainsi protéger une filière automobile qui emploie 14,6 millions de salariés dans l'UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les Etats-Unis.

Cette passe d'armes s'inscrit dans le cadre des tensions commerciales grandissantes entre les Occidentaux et la Chine, également accusée de détruire la concurrence dans d'autres secteurs: éoliennes, panneaux solaires, batteries...

"Je pense que nous avons besoin de construire des ponts entre l'Union européenne et la Chine", a estimé Pedro Sanchez mercredi, "et depuis l'Espagne, ce que nous ferons c'est être constructifs et essayer de trouver une solution, un compromis entre la Chine et l'Union européenne".

"Donc, si vous me demandez, je vais répondre que bien sûr nous sommes en train de revoir notre décision".

- Produits laitiers -

Mardi, le Premier ministre espagnol avait déjà prôné "une solution négociée (...) dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce" (OMC) pour résoudre les tensions commerciales entre Chine et Union européenne.

La Chine a saisi en août l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à propos des surtaxes annoncées sur les véhicules électriques chinois. Elle estime que la décision de Bruxelles est "politique" et ne repose sur "aucune base factuelle".

Lundi, en recevant Pedro Sanchez, le président Xi Jinping, a dit "espér(er) que l'Espagne continuera à fournir un environnement commercial juste, équitable, sûr et non discriminatoire aux entreprises chinoises qui investissent et opèrent en Espagne".

L'Espagne est le plus grand exportateur européen de produits à base de porc vers la Chine, avec plus de 560.000 tonnes exportées l'an dernier, pour une valeur totale de 1,2 milliard d'euros, selon l'organisation interprofessionnelle Interporc.

Au lendemain de l'annonce de probables surtaxes européennes sur les véhicules électriques chinois, Pékin avait aussi lancé une enquête sur des pratiques commerciales de l'Union européenne jugées déloyales concernant certains produits laitiers importés.

En réponse, la Commission européenne a promis de défendre "fermement" la filière du lait en Europe, alors que l'UE a exporté l'an dernier pour 1,68 milliard d'euros de produits laitiers vers la Chine, selon des données d'Eurostat citées par la Commission.

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